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Pourtant, un jour, moi aussi j'étais comme lui. J'attendais la mort, vivant avec des restrictions,
des limites qui m'étouffaient, sans savoir si je verrais demain. Avant ma greffe, je me sentais piégée,
comme si chaque souffle pouvait être le dernier.
Et puis, j'ai eu une deuxième chance.
J'ai eu ce cœur, et avec lui, la possibilité de vivre pleinement. Mais maintenant que je peux enfin profiter de la vie, j'ai l'impression d'être de nouveau emprisonnée. Pas par la maladie cette fois,
mais par la culpabilité, par la peur de le laisser derrière. J'ai retrouvé ma liberté, mais avec Chayil, c'est comme revivre cet enfermement, cette angoisse de perdre tout ce que j'ai gagné. Et je ne sais pas comment m'en sortir sans briser ce lien fragile
entre nous.

Chayil- ça va après t'être bien amusé
tu viens me voir ?

Moi- c'est quoi ton putain de problème

Chayil- ah parce que c'est moi qui est un putain
de problème maintenant ?

Moi- tu veux quoi de moi au final ya rien qui te suffit qu'est ce que tu veux de moi ? Que je cesse de vivre ? Moi aussi j'ai été malade moi aussi j'ai été comme toi un jour j'ai vu ma vie me filer entres les doigt pendant 24 ans  maintenant que je peux avoir un semblant
de vie normal tu veux m'empêcher de vivre c'est
parce que je porte le cœur de ton meilleur ami
que tu m'en veux tu m'en veux d'être en vie et lui mort ? C'est ça ? Je suis reconnaissante pour son cœur reconnaissante d'avoir pu être greffé et navré
que t'es perdu ton frère de cœur mais
je suis coupable de rien j'ai pas causé sa mort !

Chayil- ferme la tu sais pas de quoi tu parle tu viens ici avec tes grands air pour qui tu te prends ?
Parle pas de Hugo parle pas de sa mort et de tout ce qui va avec sale ingrate c'est grâce à lui que tu peux t'amuser et voir tout ses mecs à ton mariage de merde

Moi- t'es vraiment qu'un gros con

Chayil- c'est ça, traite-moi de con, comme si ça changeait quelque chose.
T'as aucune idée de ce que je ressens, aucune!
T'es là, à faire ta vie tranquille pendant que moi
je suis coincé ici, à regarder ma vie s'effondrer.

Moi- Et tu crois que je l'ai facile, peut-être? Tu crois que c'est simple pour moi de venir ici, jour après jour, et d'entendre ces reproches, cette haine? J'ai fait tout ce que je pouvais pour être là pour toi, mais tu me repousses à chaque fois!

Chayil- Parce que t'as pas à être là, Imani.
T'es là par pitié, pas parce que tu tiens vraiment à moi. T'es là parce que t'as ce foutu cœur dans ta poitrine qui te rappelle Hugo, c'est tout. Alors arrête de prétendre que tu fais ça pour moi.

Moi- C'est faux! Je suis là parce que je tiens à toi! Mais tu veux quoi de plus, Chayil? Que je renonce à tout pour rester plantée ici à regarder ta vie sombrer? Je peux pas porter tout ça seule. Je peux pas m'étouffer dans ta colère et ta souffrance!

Chayil- Alors va-t'en. Personne t'oblige à rester. Hugo n'aurait jamais voulu ça pour toi, mais qu'est-ce que tu sais de lui, hein? Qu'est-ce que tu sais de ce qu'il aurait voulu? Rien.

Moi- T'as raison, je ne le connaissais pas.
Mais je sais qu'il ne m'aurait pas voulu morte à sa place. Je sais qu'il aurait voulu que son sacrifice compte pour quelque chose. Toi, tu es en train de te détruire, Chayil. Et si je continue à rester là, tu vas me détruire avec toi.

Chayil- Peut-être que c'est ce que tu mérites.

Moi- Non, je mérite mieux que ça. Je mérite de vivre. Et toi aussi, mais t'es tellement aveuglé par ta colère que tu le vois même plus.

Un silence lourd s'installe,

Moi-  Je vais partir, Chayil. Je vais te laisser seul avec ta douleur, parce que je ne peux plus supporter que tu me fasses payer pour quelque chose que je n'ai jamais causé.

Je m'éloigne, le cœur serré, laissant derrière moi Chayil, perdu dans sa colère et son amertume,
sans un dernier mot.




Ma mère- qu'est ce que t'as à tourner
en rond comme ça

Moi- Il est jamais content j'ai beau être la plus clémente qu'il soit je ne serrais pas son défouloir
je vais pas prendre tout ça sur moi sur mon dos !

Ma mère- calme toi

Moi- j'ai aussi souffert, j'ai aussi était malade maman j'ai du vivre en faisant attention toute ma vie et maintenant que j'essaye d'avoir un semblant de vie
il veut me détruire

Ma mère- Imani, je sais que tu as souffert, je le sais mieux que personne. Mais tu dois te calmer, ma chérie. Respirer. Ce n'est pas en te laissant submerger par la colère que tu vas arranger les choses.

Moi- Mais c'est toujours pareil, maman! Je fais tout ce que je peux pour lui, et à chaque fois, il me repousse.
Il me rejette, il me fait payer pour sa douleur.
J'ai vécu des années avec la peur de mourir, j'ai dû me battre pour avoir cette chance de vivre, et maintenant que j'ai enfin un peu de liberté, il veut me la retirer. Pourquoi je devrais accepter ça?

Ma mère-,Parce qu'il souffre, lui aussi, ma fille.
Je ne dis pas que ce qu'il te fait est juste, loin de là. Mais la souffrance peut rendre les gens amers, aveugles. Tu sais ce que c'est, toi aussi.
Tu as connu ces moments où tu avais l'impression
que le monde te tombait dessus, que personne ne comprenait ce que tu traversais.

Moi- Oui, mais j'ai jamais été aussi cruel avec quelqu'un! Je ne mérite pas ça. Je ne suis pas responsable de sa maladie, ni de la mort d'Hugo.

Ma mère- Non, tu ne l'es pas. Et tu ne devrais jamais
te sentir coupable pour ça.
Mais tu dois décider ce que tu veux vraiment, Imani. Soit tu restes là, et tu continues à te battre pour lui... soit tu prends du recul pour te protéger
pour ne pas te laisser détruire.
Mais tu ne peux pas tout porter seule, ma fille.

Moi- Je ne sais plus quoi faire, maman. Je tiens à lui, mais je ne peux pas continuer comme ça. C'est trop.

Ma mère- Alors prends le temps de réfléchir.
Ne te laisse pas consumer par sa colère tu as le droit
de vivre ta vie, d'être heureuse.
Si Chayil ne le comprend pas, tu devras faire un choix. Mais ce choix, personne ne peut le faire à ta place.

Le cœur d'un autre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant