Chapitre 2

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J'observe Claire alors qu'elle joue dans le salon de notre petite maison. À bientôt deux ans, elle est pleine de vie ! Je souris en la voyant concentrée sur ses jouets dispersés sur le tapis.

Rega'de, maman !, s'exclame Claire, en me montrant sa poupée à qui elle a remis ses chaussures.

Je la félicite, avec un sourire chaleureux. Claire me rend mon sourire, les yeux pétillants. Puis, sans prévenir, elle se lève et se précipite vers moi, les bras tendus. Je me penche pour l'attraper et la serrer contre moi avec douceur.

Je t'aime, lui dis-je.

Je resserre mon étreinte. Je sais bien qu'elle ne comprend pas vraiment ce que cela veut dire, mais c'est important pour moi de lui répéter, encore et encore.

Je me souviens du moment où j'ai découvert que j'étais enceinte. J'ai tout d'abord paniqué, car j'avais fait un déni de grossesse. J'étais enceinte à un stade avancé, j'en étais à 7 mois. Je l'ai aussitôt annoncé à Travis, mon compagnon de l'époque, et à ma famille. Mes parents l'ont bien pris, contrairement à mon ex qui a préféré se tirer.

On va voir tata 'Mily aujourd'hui ?, demande-t-elle alors.

Je lui réponds par l'affirmative. Effectivement, aujourd'hui nous allons chez ma sœur. C'est la première fois que Claire quitte Neah Bay depuis sa naissance et j'en suis vraiment très heureuse. Moi, c'est la deuxième, si on compte l'enterrement de mon oncle Harry il y a quatre mois de ça...

Je me suis organisé avec au boulot et j'ai pris quelques jours de vacances qui me feront un bien fou. Ma tante Sue se fait un plaisir de voir ma petite princesse et de la cajoler enfin. C'est également valable pour Emily qui est toujours ravie de pouvoir s'occuper de Claire. Et moi, et bien, je suis ravie que quelqu'un d'autres puisse s'occuper d'elle !

J'aime ma fille de tout mon cœur, mais il arrive parfois que j'ai besoin d'une pause. Malheureusement, en étant maman solo, c'est pas évident. Quand je ne m'occupe pas de Claire, je m'occupe de la maison et inversement, sans oublier que je suis membre d'une association de préservation de la culture Makah... Enfin, quoiqu'il en soit, cette petite fille aux grands yeux chocolat me prend beaucoup d'énergie à tel point que parfois je ne m'assoie pas de la journée.

D'autant plus que pour payer les factures, je travaille dans un hôtel pas très loin de chez nous. J'accueille les nouveaux clients et je fais le ménage dans les chambres. Ce n'est pas de tout repos. C'est un petit hôtel sans prétention alors il n'y a pas beaucoup de personnel. Nous attirons quelques clients, souvent de passage, mais au moins la vue est sympa : il fait face au détroit Juan de Fuca, qui relie l'océan Pacifique à la mer des Salish.

Je pose ma fille au sol et la regarde partir faire une sélection de jouets à emporter pour le séjour à La Push. Je profite de cet instant pour vérifier les bagages. Il ne faudrait pas que j'oublie quelque chose d'important ! Certes, là où nous allons ce n'est pas le bout du monde, mais je ne voudrais pas qu'il arrive une galère et ne pas avoir anticipé.

C'est à cet instant que mon père entre dans la maison, Claire se précipite à sa rencontre. Je le salue distraitement, puis il me rejoint à toute hâte.

J'ai préparé la voiture, il n'y a plus qu'à charger le coffre, m'apprend-il.

Je le remercie et m'attèle à la tâche. Les valises ne sont pas bien lourdes. Non, le plus lourd et le plus encombrant, ce sont toutes les affaires pour Claire : le sac à langer, le lit pliant et les jouets.

Mon père cajole sa petite-fille, pendant que je charge la voiture. Heureusement que je suis une bonne joueuse à TetrisⓇ parce que sinon, je ne saurais pas comment faire. C'est avec la musique du jeu vidéo dans la tête que je parviens à tout faire rentrer.

Quand je ferme enfin le coffre, mon père s'approche de moi, Claire toujours dans ses bras. J'attrape ma fille qui s'accroche à mon cou et je l'installe dans son siège auto. Une dernière petite vérification de l'attache, un dernier bisou de la part de papy et je ferme la portière.

Je serre mon père dans mes bras à mon tour.

Tu feras un bisou à ta sœur, dit-il d'un ton bourru, allez file, je m'occupe de fermer la maison.

Je lui plante un bisous sur la joue et prends place sur le siège conducteur. J'ai vraiment de la chance d'avoir un père comme lui. Je démarre la voiture et prend la route en direction de La Push.

Celle que je ne suis pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant