Chapitre 8

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Le soir venu, après avoir passé notre soirée tous les trois Quil, Claire et moi, je m'occupe de coucher de ma fille. Pendant ce temps, Quil nettoie la salle de bain. C'est lui qui s'est occupé de donner le bain et Claire s'est fait une joie de s'amuser avec ses jolis coquillages ramassés dans le sable de La Push lors de nos vacances.

Claire, ses petits bras entourant encore mon cou tandis que je l'allonge dans son lit à barreau, me regarde avec ses grands yeux brillants de fatigue.

— Maman, tu peux me chanter une sanson ?, demande-t-elle doucement.

— D'accord ma chérie, quelle chanson veux-tu que je chante ?

— Ta sanson, répond-elle, en papillonnant des yeux.

Je hoche la tête et commence à fredonner une berceuse en quileute, me penchant au-dessus du berceau de Claire. Elle joue avec mes cheveux. Ses petits doigts s'enroulent et se déroulent lentement dans mes mèches. Je contrôle ma voix pour qu'elle reste douce et apaisante.

Dans mon dos, je suis consciente que Quil, ayant fini de nettoyer, est venu nous rejoindre. C'est presque comme si j'avais des yeux derrière la tête et que je le regardais sourire. Je réprime un frisson, je n'aime pas chanter en public, ce qui est un comble quand ont sais que je suis choriste pour un groupe de chant makah. Mais justement, je ne suis que choriste.

À la fin de la chanson, Claire a déjà fermé les yeux, sa respiration est devenue régulière et profonde. Je me redresse après lui avoir souhaité un dernier « bonne nuit » et m'éloigne doucement du lit à reculons. Je veille à ne pas faire de bruit et finit par me tourner vers la porte où Quil se tient, appuyé sur le chambranle, un sourire tendre sur les lèvres en regardant Claire, puis moi.

— Tu chantes en quileute, remarque-t-il d'une voix perplexe.

C'est à la fois une question et une affirmation. Je souris.

— Oui, je parle le quileute couramment, réponds-je simplement.

— Tu savais qu'Emily aussi parle le quileute ?, ajoute-t-il sérieusement.

Je ris doucement, posant mes mains à plat sur son torse et le poussant gentiment vers la sortie. Il recule doucement alors que j'avance.

— Oh c'est marrant ça !, déclaré-je sur un ton moqueur. Et toi, tu savais qu'il paraît qu'Emily est ma sœur ?, dis-je avec un sourire espiègle.

Il ne comprend pas tout de suite, mais quand je ferme doucement la porte de la chambre de Claire derrière nous, il réalise et rit.

— Ah, oui, je suis bête, dit-il en laissant tomber sa tête sur son torse, son beau sourire toujours présent.

Son regard se pose sur ma main toujours posée sur son torse. Je réalise à mon tour et retire brusquement ma main, un peu gênée par cette proximité inattendue.

— Désolée, murmuré-je, les joues légèrement rouges.

— Ce n'est rien, répond-il doucement en relevant le menton pour me dévisager.

Nous échangeons un sourire. Quil demande alors, curieux :

— Pourquoi Claire dit que c'est ta chanson ? C'est toi qui l'a écrite ?

Il semble vraiment intéressé et ça me fait plaisir. Je secoue la tête en signe de négation. Je marche vers l'escalier et l'entraine avec moi.

— Non, c'est une chanson traditionnelle, elle existe depuis plusieurs siècles. Claire dit que c'est sa chanson parce que c'est l'histoire d'une femme, l'épouse d'un guerrier loup, une imprégnée, qui voit son mari partir à la chasse aux vampires. Elle ne le savait pas, mais elle était enceinte de lui et elle finit par accoucher d'une petite fille. Ensemble, elles attendent pendant des années le retour de l'époux et du père. Dans la chanson, la femme raconte à sa fille tout au long de sa vie que son papa finira par revenir.

Quil m'écoute attentivement en me suivant toujours vers le rez-de-chaussée.

— Et il finit par revenir ?, demande-il doucement.

— Oui, murmuré-je. Et Claire s'est mis en tête que son papa est un guerrier-loup parti chasser le vampire et qu'il reviendra, lui aussi.

Quil hoche la tête, pensif.

— Je lui ai déjà expliqué que son papa est parti pour d'autres raisons et qu'il n'est pas comme le guerrier-loup de la chanson, mais...

— C'est une petite fille rêveuse, conclu-t-il.

— C'est exact, confirmé-je.

Nous restons un moment en silence, enfin parvenus en bas des escaliers. Je suis partagée entre la beauté et la tristesse de cette vieille légende.

— Tu m'apprendras ?, dit-il enfin, me sortant de ma torpeur.

— De quoi ?, demandé-je en fronçant les sourcils.

— Le quileute !, complète-t-il en bafouillant. Tu m'apprendras à le parler ?

Je souris face à cette requête inattendue. Je vais accepter, mais je décide de le faire marcher un peu.

— Ce n'est pas Emily qui est censée t'apprendre le quileute ?, dis-je, faisant semblant d'être étonnée.

— Si, elle a commencé à nous apprendre, elle est super, c'est pas ça le problème..., dit-il tout en s'empêtrant dans son explication.

— Ah parce qu'il y a un problème avec les cours de ma sœur ?, continué-je à le faire marcher.

— Non, non c'est pas ce que je voulais dire, enfin, je–, il s'arrête de parler de m'observe. Skyler, est-ce que tu es en train de te foutre de moi là ?, dit-il en constatant enfin que je me tortille sur place en tentant de me retenir de rire.

— Nooon ?

Et je ris. Il se gratte derrière la tête avant de m'accuser de ne pas être sympa avec lui. Je balaye ses remarques de la main et lève les yeux au ciel. Pauvre chou !

— Oui Quil, je t'apprendrais le quileute avec plaisir, reprends-je, cette fois-ci en étant sérieuse.

— Super ! Merci Sky, comme ça je pourrais impressionner Emily à l'école.

À. L'école.

Je le sais pertinemment, c'est même moi qui ai lancé le sujet des cours d'Emily qu'elle donne à l'école tribale La Push, mais bon sang, ce garçon n'a que seize ans et il s'occupe de ma fille comme si s'était la sienne !

— Tu sais, tu n'as pas besoin de parler le quileute parfaitement pour impressionner Emily, dis-je alors pour éviter de me perdre dans le flot de pensée qui m'assaille.

Il hoche la tête, un sourire timide aux lèvres.

— Je sais, mais j'ai envie d'apprendre. Pour Claire. Parce que moi aussi je veux qu'elle grandisse en connaissant sa culture, en étant fière de ses racines.

Ses mots me touchent profondément.

— Tu es vraiment quelqu'un de bien, Quil. Claire a de la chance de t'avoir dans sa vie.

Il rougit légèrement, détournant le regard. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ça me rend triste. Quil est devenu une part essentielle de ma vie, notre vie, je ne peux m'empêcher d'être reconnaissante pour toute l'aide qu'il va apporter, mais penser lui et Claire, promis à un avenir ensemble, ça me brise le cœur.

Je prends une profonde inspiration, essayant de chasser cette mélancolie soudaine. Je ne peux pas me permettre de m'attarder sur ces pensées. Claire a besoin de moi, tout comme elle a besoin de Quil. Pourtant, l'imprégnation, ce lien inébranlable entre eux, est à la fois une bénédiction et une malédiction. Une partie de moi ne peut s'empêcher de se demander ce que l'avenir nous réserve, à tous les trois.

Je vais devoir parler avec quelqu'un. Et vite.

Je cache mon trouble et propose à Quil de rester boire une tisane, mais il décline l'offre, préférant partir pour faire une patrouille dans le secteur avant de rentrer se coucher.

Demain, il a... école.

Celle que je ne suis pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant