Les ruelles du Val-Lys

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Allez Nhin, pas d'inquiétude, ça ne doit pas être si compliqué que ça à trouver ! Pourtant avec son sens de l'orientation digne d'une table basse à roulette ou d'un poulpe à goudron, ses jambes en coton et son appréhension grandissante ça n'allait sûrement pas être de la tarte. En tous cas, toc-toc sur son épaule la rassurait un peu. Elle ne se voyait décidément pas y aller toute seule.

Kukob tu ne perds rien pour attendre ! Elle claqua la porte derrière elle.

Allez de toutes façons ça ne doit pas être si compliqué que ça.

Toc-toc la gratifia d'un autre petit coup de bec bienveillant et posa son cou dans le creux de son épaule en signe de réconfort...

A nous deux, monde extérieur, Nhin la terrible va...

La follet manqua de tomber en se prenant les pieds dans le tapis du perron.

Remballant toute idée de fierté elle maudit tout ce qui lui passait par la tête. A commencer par son frère et encore son frère.

Celui-là ne perdait rien pour attendre. A moins qu'elle ne l'ait déjà dit.

Enfin, au moins il faisait beau, et la sphère Maginétique, qui tenait lieu de soleil dans leur monde, éclairait les murs blancs des maisons et la rangée triangulaire de persiennes qui s'ouvraient en face de la porte d'entrée. La sphère-soleil brillait haut dans le ciel et une douce chaleur en émanait.

Pour une fois qu'elle n'avait pas de ratés, celle-là, se dit Nhin qui apprécia néanmoins sa clarté réconfortante.

Peut-être que tout se passerait bien en fait.

Pour lui donner raison, il y avait une vue magnifique sur la vieille ville en contrebas et sur les rangées de bulle-rot, flottant dans le ciel quelques centaines de mètres seulement au-dessus des rues du vieux port.

Chacune d'elle formait un grand complexe maintenu en apesanteur par magie. Il y en avait cinq en tout : la bulle de l'administration qui était rouge fushia, la bulle des Dragonniers-protecteurs qui semblait nimbée d'or, la bulle grise des Métallos qui concevaient les machines, celle Verte des Prêtre-soins et bien sûr, même si elle les englobait toutes, la sphère du Val-Lys dans laquelle vivait Nhin et tous les Follets.


Vers l'ouest on distinguait le port et les mats en nectarbre des bateaux. Posés dessus en guise de voile, d'immenses papillons qui, le moment venu, en battant des ailes propulseraient les navires vers de lointaines contrées du Val-Lys.

C'était un beau spectacle. Par contre, et comme à leur habitude, les rues pavées du Val était passablement bondée, ce qui l'était moins. Des noctonefs, ces petits scarabées verts à longues pattes qui servaient de transport, passaient en cliquetant au milieu des sociétaires en habit groseille qui couraient en tous sens avec des liasses de papiers bourrées de pictogrammes incompréhensibles. Certains étaient accompagnés par des golems de fonction, de grandes créatures mécaniques qui pouvaient tout à la fois porter de lourdes charges, servir de gardes du corps ou d'assistants. Il y avait des Follets bien sûr, certains accompagnés de curieuses machines et de prototypes en tout genre. Ajoutez à cela des bulles de pensées délicatement irisées qui flottaient sur l'ordre de quelques mandataires à destination d'autres Follets. Au milieu de la foule, Nhin reconnut aussi des Chloroporthes, des créatures aux museaux de fourrure vert surmontée d'écailles avec lequel les enfants jouaient (quand les chloroportes se roulaient en boule ils prenaient la forme d'une balle), des commerçants Musseux avec leurs cous annelés et même un terrifiant Grakmeurd, bardé de pinces, accompagné par son escorte. Le Val-Lys était un lieu de rencontre très fréquenté par de nombreux commerçants.

Nhin attendit que la terrifiante créature à pince disparaisse au détour d'une rue puis se laissa emporter par le flot continu de la foule. Sa petite silhouette se faufila entre les passants.

Nhinn La FolletOù les histoires vivent. Découvrez maintenant