PAINFUL LOVE

Chapitre 11

Niki

Deux jours plus tard, aéroport de Tokyo, Japon :

La casquette baissée et un masque couvrant mon le visage, je marche d'un pas mesuré, suivant les membres et le staff qui m'entourent. Autour de nous, une cinquantaine de fans et de journalistes forment une barrière humaine, leurs appareils braqués sur nous. Les flashs crépitent de tous côtés, m'aveuglant par moments, mais je garde la tête baissée, avançant presque machinalement à travers cette marée d'éclats de lumière. Chaque pas est un effort, la fatigue alourdissant mes membres, drainant toute énergie restante de mon corps.

Pourtant, malgré cette lassitude qui pèse sur moi comme un poids invisible, je continue de saluer les fans. Un petit geste de la main, un petit sourire à travers le masque. Ils ont attendu si longtemps, je me dis. Ils méritent ce moment, même si je suis épuisée. La reconnaissance que je leur porte me pousse à puiser dans mes dernières forces. Je sens leurs cris d'enthousiasme, leurs rires, et leurs paroles me parviennent par vagues étouffées. Chaque sourire, chaque salut est pour eux, un remerciement silencieux pour leur soutien.

Alors que nous nous approchons des points d'enregistrement des billets, une bousculade se crée dans la foule compacte. Soudain, une fan, sûrement poussée par l'agitation, perd l'équilibre et tombe juste devant moi. L'instant est si rapide que je n'ai pas le temps de réagir autrement que par réflexe. Immédiatement, je m'accroupis pour lui tendre la main.

Elle l'attrape avec un léger tremblement, et je l'aide à se relever doucement, faisant de mon mieux pour rester discret malgré la situation.

— Tu vas bien ? demandé-je avec inquiétude.

— Oui, merci. Je n'ai rien, répond-elle, un peu essoufflée mais ses yeux trahissent sa surprise.

À l'entente de sa voix, mon corps se fige soudainement. Quelque chose dans son intonation, bien qu'empreinte d'un léger accent, me semble étrangement familière. Pendant un instant, le chaos qui m'entoure disparaît. Je la fixe, cherchant désespérément un indice sur son visage, une quelconque reconnaissance. Mais c'est peine perdue. Elle est entièrement dissimulée sous une longue veste noire, une casquette et un masque eux aussi noirs. Ses traits sont invisibles, dissimulés derrière ces couches d'anonymat.

Mon esprit cherche, tente de remettre en place ce puzzle incomplet, mais chaque effort semble futile. Qui est-elle ? me dis-je, frustré de ne pas pouvoir voir au-delà de ces vêtements sombres qui la rendent presque invisible. Est-ce que cette personne ne serait pas 'Her' ? Non impossible dans mon souvenir elle n'avait pas d'accent. Le flot de souvenirs s'embrouille dans ma tête, et je me demande pourquoi cette voix m'a frappé si fort. Il est impossible d'apercevoir ne serait-ce qu'un fragment de son visage, et pourtant, je ne peux pas m'empêcher de la dévisager, comme si la réponse à ma question était juste là, à portée de main.

Mais elle ne semble pas partager ma confusion, se contentant de me remercier avec un petit signe de la tête avant de se fondre à nouveau dans la foule, disparaissant aussi vite qu'elle est tombée devant moi. Je reste figé, le regard perdu dans la direction où elle s'est éclipsée.

Soudain, je sens une main ferme se poser sur mon épaule. Je tourne la tête et aperçois Jake, le visage marqué par l'inquiétude.
- Tout vas bien ? Qu'est-ce que tu as ? Demande-t-il, scrutant mon expression.

Je le regarde un instant, réalisant que je suis resté là, immobile, probablement plus longtemps que je ne l'aurais dû. Jake attend une explication, mais aucun mot ne vient. Mon esprit est encore brouillé par ce moment étrange, mais je me dis que je dois sûrement me faire des idées. Après tout, la fatigue joue contre moi. Je n'ai presque pas dormi ces derniers jours, entre les tournages interminables et cette personne qui me menace constamment en coulisses. Chaque fois que je ferme les yeux, l'inquiétude refait surface.