Prologue

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Madrid, appartement d'Anna. 18 mai 2012.

- Tu vas récupérer les sacs aujourd'hui ? Me demande-t-il, encore allongé dans le lit, à

peine recouvert d'un drap.

Hier, nous avons tué un homme. Tony a déposé les sacs à la pizzeria. Il ne faut pas tarder à les récupérer. À l'intérieur, un peu d'argent, le reste est sur un compte. D'habitude, nous recevons le dossier de notre prochaine victime, mais cette fois, il n'y en aura pas, enfin aucun ne me sera destiné.

Je me lève nue et entre dans la salle de bain, laissant l'eau chaude couler sur ma peau. J'entends Alessandro se lever, les draps bruissant dans le silence de la chambre.

- Alessandro, j'ai quelque chose d'important à te dire. Ce serait mieux que tu ailles récupérer l'argent. Ensuite, je dois te parler.

Son regard inquiet se pose sur moi, comme s'il pressentait une mauvaise nouvelle, il n'a pas tout à fait tort. Il me fixe, l'air de croire que je vais lui annoncer que je veux le tuer. Quelques minutes plus tard, j'entends la porte claquer. Il est parti.

Je me laisse glisser contre le carrelage froid de la douche. Je ressens un mélange de soulagement et de peur car je sais que ce que je m'apprête à faire va tout changer.

Alessandro est gentil. Je l'ai formé pour qu'il devienne le tueur qu'il est aujourd'hui. Il est fort, intelligent et franchement beau. Il est vrai que ses yeux gris pourraient faire tomber

n'importe quelle fille amoureuse, mais ça ne semble pas l'intéresser. Tant mieux, d'ailleurs.

C'est un bon coup. Nous ne sommes pas ensemble, mais chaque meurtre me plonge dans une certaine confusion. Pendant, j'adore ça, c'est même ce que je préfère, le moment où ils vous supplient d'arrêter. Mais après..., c'est toujours compliqué. Oui, on couche ensemble, mais sans amour ni sentiments. Pourtant, l'idée de le laisser derrière moi me fait peur, peur pour lui, sa réaction, comment il va s'en sortir, même si je sais que tout ira bien. Je n'aime pas ça.

Je vais tout quitter : ma vie à Madrid, ma vie en Espagne dans mon pays pour en rejoindre un autre, mon père, Alessandro, Tony, qui a toujours été là pour moi. Mais je garde les souvenirs de Tyler, et je refuse de perdre la rage qui m'anime quand je pense à lui. Mon père, ce sera sans doute le plus dur. Il est incarcéré, déjà depuis douze ans, et je vais

le voir dès que je peux depuis cinq ans. Oui, il a tué ma mère, et je lui en voudrai toujours

pour ça. Mais c'est mon père, la seule personne de ma famille encore en vie, mon sang. C'est idiot, mais je n'arrive pas à le haïr malgré tout. C'est à cause de lui ou grâce à lui, selon le point de vue, que j'ai assisté à mon premier meurtre à l'âge de dix ans. Il m'a ensuite offert mon premier couteau. J'ai tué pour la première fois, à douze ans, une femme que j'ai poignardée pendant son sommeil. Ce sera la seule femme que je tuerai. Après cela, les cauchemars ont envahi mes nuits et je me suis jurée de ne plus jamais prendre la vie d'une femme.

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Une heure plus tard, Alessandro est de retour. Je lui tends une tasse de café et un joint. Il s'installe à côté de moi sur le canapé, son regard me brûle presque la peau. Bon, courage,

Anna. De toute façon, ce sont mes choix, ma vie. Je tire une bouffée, ferme les yeux, et

laisse la fumée s'évaporer comme mes pensées.

- Tu me connais, je vais être directe. Le 22, j'ai un vol pour Los Angeles. Tony et un de ses

contacts aux États-Unis ont trouvé une organisation qui pourrait me recruter. J'ai dit oui.

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