Chapitre 20

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Abdel

Je suis là, dans la cuisine, les mains crispées sur le comptoir, sentant presque mes phalanges craquer sous la pression. Chaque fibre de mon corps hurle de rage. Pourquoi suis-je si en colère ? Est-ce parce que je me sens trahi, ou parce que je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour elle ? J'entends ses pas approcher, elle entre, et je ne bouge pas. Je lutte pour ne pas exploser tout de suite, pour ne pas la réduire en miettes par des mots ou pire. Après quelques minutes de silence j'y met un terme.

- Est-ce que tu réalises seulement ce que tu viens de faire ? Ma voix est froide, coupante, quasiment étrangère.

Je me retourne lentement, mon regard planté dans le sien.

- Avec Lucas ? Sérieusement, Anna ?

- Qu'est-ce qui t'emmerde Abdel, c'est que ce soit avec Lucas ou avec l'un de tes hommes.

Je fais un pas en avant, me rapprochant d'elle, assez pour qu'elle ressente ma chaleur corporelle, pour qu'elle sache que je suis à bout et à deux doigts de déraper.

- Ce n'est pas une question de Lucas ou de n'importe lequel de mes hommes, Anna. C'est une question de loyauté, de discipline ! Tu penses que tu peux agir comme bon te semble et que personne n'en paiera le prix ? Si l'un de mes hommes doute une seule seconde de ma capacité à contrôler ce qui se passe sous mon toit, on est tous foutus. Toi, moi, et le reste du groupe.

Elle me regarde incrédule, elle n'a aucune foutue réaction quand je lui parle. Je sens ma rage bouillonner.

- Que cherches-tu, hein ? Prouver que tu peux faire ce que tu veux ? Ou est-ce juste ton putain de besoin de tout détruire ? Tu n'en as pas assez de te détruire, il faut que tu détruises les autres ?

Je crie, ma voix résonnant dans la pièce. Je prends la chaise à côté de moi et je la jette contre le mur, le bruit résonnant comme un coup de feu.

- Tu veux me tester ? Eh bien, c'est fait.

Je m'approche encore, plongeant mon regard dans le sien, attendant une réaction, une fissure dans ce masque qu'elle porte. Elle veut paraître forte, mais je n'ai qu'une petite fille pourrie en face de moi. Je l'attrape par le cou, je la soulève pour qu'elle soit à ma hauteur. Mon bras tendu, mes doigts qui l'enserrent.

Les yeux d'Anna s'élargissent quand ma main serre sa gorge, un mélange de peur et de défi passe dans son regard. Je vois une lueur de vulnérabilité percer brièvement. Ses lèvres tremblent légèrement, mais elle se force à les serrer pour ne pas montrer sa faiblesse. Malgré l'air qui lui manque, elle continue de soutenir mon regard, sa mâchoire se crispe comme si elle refusait de laisser paraître la moindre trace de soumission. À cet instant, je cherche à la briser.

Je m'approche de son oreille et lui murmure,

- Continue et je n'hésiterai pas à te mettre une balle entre les deux yeux.

Je la relâche, elle s'effondre sur le sol, une main portée à sa gorge, haletante. Elle cligne des yeux, essayant de chasser les larmes. Un mélange de rage et d'impuissance la submerge. Elle frappe du poing sur le carrelage, sa respiration s'accélérant. Son regard se plante dans mon dos alors que je me décide à quitter la pièce. Murmurant à voix basse, presque pour elle-même,

- Je .... je voulais juste te faire payer ton absence.

Je la regarde par-dessus mon épaule, elle est si vulnérable en ce moment, j'aimerais la prendre dans mes bras, mais elle doit comprendre que l'organisation passe avant tout.

Alors qu'une rage sourde encore en moi est prête à exploser à chaque instant, je savais que je devais me concentrer sur les affaires.

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DarksideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant