Chapitre 18

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Anna

Un mois s’est écoulé depuis la confrontation avec Abdel. Et maintenant, une semaine qu’il est parti régler des soucis à New York. Le vide qu'il a laissé dans ma vie ne cesse de s’agrandir. 

Chaque matin, je me réveille dans cette villa qui résonne d'un silence accablant, le bruit de mes propres pensées plus assourdissant que jamais. Je sors de mon lit, l'esprit encore embrouillé par une nuit de cauchemars. Je touche instinctivement le tatouage sur ma nuque, un geste devenu familier lorsque l'anxiété me rattrape. Chaque matin, je me lève avec l’espoir que quelque chose aura changé, que le poids de son absence se sera atténué, mais chaque jour est une déception amère.

Je me trouve dans la cuisine, préparant du café, ma routine quotidienne. Je vérifie les tâches que m’a laissées Abdel, noté sur mon téléphone. Cela devrait me distraire, m’occuper l’esprit. J'ai essayé de m'investir dans les préparatifs du prochain braquage et les briefings, mais rien ne peut occulter le vide qu’il a laissé derrière lui. Il reviendra, je le sais. Mais l'attente me consume, me ronge de l’intérieur, me laisse entrevoir des peurs que je pensais avoir laissées derrière moi. Depuis, rien n’a changé, rien ne s’est amélioré. Son absence est un vide constant, un trou béant que je n'arrive pas à combler.

Maria entre dans la cuisine, son sourire lumineux tranchant avec mon humeur sombre. Elle me tend une tasse de café, qui vient de finir de couler. En un instant, je me sens un peu plus apaisée, mais la tranquillité est de courte durée. L’agitation de la maison, l'activité des hommes à l'extérieur, tout cela ne fait qu’amplifier la cacophonie dans ma tête.

*Tu n’es qu’une idiote, Anabella, si tu veux mourir, alors continue. Les sentiments, c'est pour les faibles.*

— Tu sembles pensive, Anna. Tout va bien ? demande-t-elle, ses yeux pleins de sollicitude.

Je force un sourire, mais je sais que je ne peux pas tromper Maria. Elle est trop intuitive, trop proche de moi.

— Ça va, je gère. Un jour à la fois, dis-je, mais je sens déjà que ma voix tremble légèrement.

Elle hoche la tête, mais je peux voir l’inquiétude dans ses yeux. Je sais qu'elle aimerait en savoir plus, mais je ne suis pas prête à partager. Pas encore.

Les heures passent lentement, et je m’enferme dans le bureau. Je m’attaque à une pile de documents, mais mes pensées reviennent toujours à lui. À notre baiser. À ses mots. À sa décision de me repousser. À ce qu'il a dit, que je ne savais pas dans quoi je m'embarquais. Je veux être forte, mais je me sens faible sans lui. Comment est-ce possible ? 

Un bruit à l'extérieur me fait sursauter. Je me lève et regarde par la fenêtre, apercevant nos hommes en train de discuter. L’un d’eux, un nouveau, semble s’attacher à moi. Je le vois jeter des coups d’œil dans ma direction, et je sens une vague de malaise. Je n'ai pas besoin de ça. Je m’éloigne de la fenêtre, incapable de me concentrer. 

Mon téléphone vibre sur le bureau. Un message d’Abdel. Mon cœur s’accélère, un mélange d’excitation et d’angoisse. Je l’ouvre, mais c’est juste un rapport sur la situation à New York. Il ne m’a pas contactée. Un soupir s’échappe de mes lèvres, et je me sens encore plus seule.

Je suis passée dans un des dépôts d’Abdel en fin de journée. Pour ce qui est des cargaisons d’armes, c'est tout bon. Certains de nos hommes vont les livrer demain matin à la première heure.

La soirée arrive et je me retrouve seule dans la villa. Enfin, il ne reste que quelques hommes qui sont de garde, le calme me pèse. Je m’effondre sur le canapé, le cœur lourd, la voix de mon père continue à me cracher des paroles acerbes ou à me répéter combien je suis idiote.
La nuit approche, et je sens l'angoisse m’envahir. Je me prépare à une autre nuit sans sommeil, un autre cycle de rêves troublants. Je sais que je dois lutter contre les murmures, mais c'est épuisant.
Quand je me glisse dans mon lit, le sommeil tarde à venir. Les images d’Abdel, de notre confrontation et des sentiments que j’ai essayé d'étouffer m’assaillent. Je tourne et retourne dans mes draps, les larmes montant à mes yeux. Puis, finalement, l’épuisement l’emporte et je sombre dans un sommeil agité, où les cauchemars prennent le contrôle.

DarksideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant