Darkside

Chapitre 22

Abdel

Le liquide ambré tournoie dans ce verre en cristal, illuminé par la lumière tamisée de ma lampe qui éclaire mon bureau d'une lueur douce. L'odeur du cuir du fauteuil se mêle à celle du whisky, créant une atmosphère intime, mais tendue. Dehors, le vent souffle doucement, faisant bruire les feuilles des arbres, accentuant le silence pesant de la villa. Je réfléchis à ce que je veux pour la suite de l’organisation. Tout ce dont je suis sûr aujourd’hui, c’est qu’Anna en fait partie.

Le soleil s'est couché depuis peu. Mellyna est sûrement rentrée à la maison, je savais qu’elle passait l'après-midi avec Anna, j’en ai profité pour faire mes affaires de mon côté. Je suis revenu il y a peu de temps, et depuis, je suis adossé à mon fauteuil devant mon bureau. Je devrais faire de la paperasse, mais je n’y arrive pas. La sonnerie de mon téléphone me fait me redresser, surtout quand je vois le nom de Will affiché dessus. Je décroche en mettant le haut-parleur.

— Oui, que se passe-t-il ? 

— Abdel, il y a un problème. Elle… elle est partie. Il est essoufflé. 

Le silence devient lourd, comme si Will cherchait ses mots. Je pouvais presque entendre son hésitation à travers la ligne.

— De qui tu parles, Will ? crachai-je, ma patience s'amenuisant à chaque seconde. Un léger tremblement dans sa voix me fit froncer les sourcils.

— Anna, elle m’a téléphoné pour des infos sur Morales, je lui ai donné ce qu’on avait, mais juste avant, j’avais trouvé quelque chose d’autre. Je sais que j’aurais dû te le dire, mais vu que j’allais voir Anna. 

Will a toujours été ma voix dans l’ombre, l’homme qui savait trouver les informations là où personne d’autre ne le pouvait. Mais aujourd'hui, sa voix tremblante me fait craindre le pire. La tension entre nous est palpable, marquée par des années de secrets et de non-dits. Je ne peux pas m'empêcher de me demander pourquoi il n'a pas partagé cette information plus tôt. Pourquoi a-t-il attendu que tout parte en vrille pour m’en parler ? Je l'interromps, ma colère à fleur de peau.

 — Ne bouge pas, j’arrive. Dis-je d'une voix tranchante, serrant mon verre si fort que mes jointures blanchissent.

Je raccroche et pars directement, ordonnant à mes hommes de ne laisser personne sortir ni rentrer. Le trajet a été plus rapide que d’habitude, mais chaque seconde semblait s'étirer, comme si le temps se moquait de moi. Chaque feu rouge que je rencontrais me paraissait être une éternité, mes pensées tourbillonnant autour d’Anna. Pourquoi ne répond-elle pas ? L'angoisse se mêle à la colère, me rendant encore plus impatient. Je sais que je n’ai pas le temps de tergiverser, chaque minute qui passe est une minute de plus où elle pourrait être en danger. Je laisse échapper un soupir. Anna n'est pas simplement une recrue pour moi, elle est devenue un élément vital de mon monde. Mon esprit dérive vers la dernière fois que nous avons partagé un moment, son sourire rayonnant dans la lumière du matin, avant que tout cela ne commence. Cette pensée me donne un élan de détermination. Je ne peux pas la perdre. Pas maintenant. Je me souviens aussi de son regard déterminé, cette flamme qui brûlait en elle. Je dois la retrouver avant que le monde ne la détruise.

À peine passé le portail de la villa, je me précipite à l'intérieur. Des hommes me disent bonjour ou m'adressent un simple geste de la tête, mais je les ignore. Dans le salon du haut, quelques hommes attendent patiemment et Will est là. Il m’explique tout en détail. 

— Patron, pourrait-on parler, s’il vous plaît ? 

— Lucas, ce n'est pas le moment. Dégage ! Va faire ton travail.