Monark

* Chapitre 14 *

Lorsque j'entre dans le bureau du Directeur, une anxiété oppressante m'envahit. Le Garde Royal que j'avais affronté plus tôt reste à l'entrée, son regard empreint de gravité. Le Directeur, assis derrière son bureau, lève les yeux avec une expression empreinte de respect et de tristesse.

« Talya, je tiens à vous présenter mes sincères condoléances pour la perte du Roi Psyché, » dit-il d'une voix mesurée mais chargée d'émotion. « C'est une tragédie qui nous touche tous profondément. »

Je me soulage de constater qu'il ne semble pas avoir découvert ma véritable identité. Ses mots réconfortants et son attitude bienveillante me permettent de maintenir ma concentration et de rester calme.

Le Directeur continue, son expression se faisant plus grave. « Nous faisons face à une crise majeure. Des tensions inquiétantes entre les Psychés et les Sirènes menacent d'éclater en guerre. Les rumeurs concernant l'assassinat du Roi ont exacerbé les divisions, et des affrontements violents se préparent. Nous devons agir avec une prudence extrême pour éviter une escalade qui pourrait ravager tout le royaume. »

Ses mots résonnent comme un coup de tonnerre. La perspective d'une guerre imminente entre les deux factions est effrayante. Je réalise que la situation est bien plus complexe et dangereuse que je ne l'avais imaginé.

« Je vous demanderai de rester vigilante et de nous aider à naviguer à travers cette crise. Votre rôle pourrait devenir crucial dans les jours à venir. Nous devons recueillir des informations discrètement et agir avec tact. »

Je hoche la tête, prenant la mesure de la responsabilité qui pèse sur mes épaules. Pour l'instant je n'ai aucun indice tangible, et je ne suis pas en capacité mentale d'effectuer la mission que l'on m'a confiée. Mais je sais que je dois dépasser mes ressentis, prendre sur moi, puisque la sécurité, et sûrement la vie de milliers de personnes dépend des informations que je peux obtenir.

Alors que je quitte le bureau, presque en larmes sous la pression de mes pensées, mes amies, préoccupées par mon absence prolongée, se regroupent autour de moi. Elles m'observent avec inquiétude et posent des questions, leurs visages marqués par la peur et la confusion.

Je leur adresse un sourire rassurant, malgré l'angoisse qui me ronge intérieurement. « Ne vous inquiétez pas, tout ira bien, » leur dis-je. « J'ai eu un simple rappel à l'ordre. »

En rentrant à l'internat, mon esprit est envahi par une inquiétude grandissante.Tandis que les filles discutent et essaient de me changer les idées, les mots du Directeur résonnent encore dans ma tête, et la tension liée aux rumeurs de guerre entre les Psychés et les Sirènes s'ajoute à mon stress. Alors que l'on traverse les couloirs déserts, une pensée persistante me revient : la disparition de Lyra.

Je n'ai pas vu Lyra depuis l'annonce de la mort du Roi. Nous suivons les mêmes cours, et son absence de la vie quotidienne de l'Académie est de plus en plus suspecte. Les jours passent, et malgré l'intensité des événements, son absence se fait cruellement sentir. J'essaie de me rappeler les derniers moments où je l'ai vue. Elle semblait préoccupée, comme si elle cachait quelque chose.

Chaque détail s'assemble dans ma tête, alimentant des doutes : sa disparition coïncide avec les premiers signes de chaos, et sa soudaine apparition à l'Académie m'apparaît sous un nouveau jour. Ne pourrait-elle être impliquée dans les rumeurs qui circulent ? Son absence pourrait-elle être liée aux tensions croissantes entre les Psychés et les Sirènes ?

Ces questions m'assaillent alors que Joy et moi atteignons notre chambre, et que nous laissons Raya et Freya sur le pas de leur porte. Je me demande si je suis en train de voir des complots là où il n'y en a pas, ou si mes instincts me mettent sur la piste d'une vérité inquiétante. Je dois rester vigilante, non seulement pour protéger mon propre secret, mais aussi pour comprendre la véritable nature de la menace qui plane sur nous.