* Chapitre 20 *

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Le Directeur, d'une voix forte et autoritaire, rompt le silence :

« Vous avez jusqu'au coucher du soleil pour préparer vos affaires. Soyez prêts aux derniers sons du clocher, et regroupez-vous selon vos missions attribuées. Prenez le temps de partager un dernier repas ensemble et de faire vos adieux. Maintenant, rompez, mes chers élèves. À ce soir. »

Les mots résonnent encore dans nos esprits alors que nous regagnons notre chambre, ce qui semble être la dernière fois que nous le ferons ensemble. L'atmosphère est chargée d'une lourdeur palpable, chaque geste et chaque mot semblant peser lourdement, comme si l'air lui-même se faisait plus dense sous le poids de notre tristesse.

Nous nous asseyons en silence, les regards perdus dans l'obscurité croissante de la pièce. Les souvenirs des jours passés ici, des rires et des confidences, des épreuves et des victoires, flottent autour de nous comme des fantômes. Nos yeux se posent sur les objets familiers qui décorent la chambre : les livres éparpillés, les photos accrochées aux murs, les petites bricoles qui ont bercé notre quotidien.

Freya, Raya et moi sommes plongées dans une introspection silencieuse, conscientes que chaque moment partagé est désormais précieux et éphémère. Le désir de prolonger ce temps ensemble se heurte à l'inévitabilité des adieux qui se profilent. Nous nous accrochons à ces derniers instants, espérant peut-être qu'une solution miracle apparaîtra avant que le moment des séparations ne se présente vraiment.

Nous restons là, immobiles, nous imprégnant des derniers instants de notre vie commune, cherchant à graver chaque détail dans notre mémoire avant que la réalité ne nous arrache à cette familiarité réconfortante.

Freya est la première à briser le silence, sa voix douce mais chargée d'émotions. Elle parle avec une vulnérabilité que je n'avais jamais vue chez elle auparavant :

« Je n'arrive pas à croire que c'est vraiment fini. Que demain, vous ne serez plus là... » Sa voix se brise sur ces mots, et elle s'interrompt un moment, sa gorge serrée par l'émotion. Elle prend une profonde inspiration, tentant de retrouver son calme avant de poursuivre, « Ça va être tellement vide ici sans vous. »

Je peux voir qu'elle lutte pour contenir ses larmes, une lueur de tristesse brillante dans ses yeux. Malgré ses efforts pour paraître forte et stoïque, sa peine est évidente dans chaque syllabe. Freya, qui reste, est celle qui devra continuer sa vie à l'Académie, affrontant les jours à venir avec la solitude de notre absence comme seule compagne. Ses mots résonnent comme un écho de la réalité qui nous attend : nous partons vers des chemins incertains, et elle reste ici, dans un espace devenu soudainement bien trop vaste sans nous.

Son regard se tourne vers nous, une lueur de détresse à peine dissimulée dans ses yeux. Les souvenirs de nos moments partagés, de nos éclats de rire et de nos confidences nocturnes semblent maintenant flotter autour de nous, accentuant la douleur de la séparation imminente.

Raya s'avance vers Freya avec une douceur empreinte de compassion, posant une main réconfortante sur son épaule. Ses yeux, habituellement si pleins de vivacité, sont maintenant empreints d'une sagesse nouvelle et d'une sérénité inattendue, celle que lui confère son nouveau rôle en tant qu'Oracle.

« Freya... tu es plus forte que tu ne le crois. » Sa voix est douce mais ferme, cherchant à insuffler du courage dans ce moment de désespoir. « Tu seras entourée d'amis ici, même si nous partons. Tu es celle qui va garder le lien entre nous tous. Je sais que ça paraît difficile maintenant, mais... nous devons croire que nos chemins se recroiseront un jour. »

Freya hoche lentement la tête, mais je peux lire dans son regard qu'elle n'est pas vraiment convaincue. Ses yeux cherchent désespérément des signes de réconfort, et ils se posent sur moi avec une demande muette de soutien.

MonarkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant