Chapitre 8

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  - Pourquoi être venu Sam?
  - Tu es ma famille et je m'inquiète de ce qui peut arriver à ses membres. Lou, je veux savoir si tu vas bien.
  - Je me sens comme quelqu'un qui a un cancer, donc ça peut aller.
  - Non, je veux savoir si tu vas bien mentalement.
  - Je... je ne crois pas.
  - Parle moi, s'il te plaît.
  - J'avais tout prévu avant de vous rencontrer. Profiter au maximum de mes parents pour n'avoir aucun regret le jour où je m'étendrai. Je n'avais pas peur de mourir, Sam. Mais maintenant, c'est différent... Vous faites partie de ma vie, je vous aime et j'aime Embry, dis-je les larmes aux yeux. Et je prie tous les soirs pour avoir plus de temps à vos côtés, à ses côtés. J'aimerais que le temps s'arrête, retarder autant que possible le jour où mon cœur cessera. Je suis terrifié à l'idée de vous laisser derrière moi et de détruire Embry.... Alors, non je ne vais pas bien mentalement.

Sans ajouter un mot de plus, il me prend dans ses bras et moi, je m'effondre contre lui...
Je suis épuisée, pas seulement par la fatigue mais je suis épuisée de me battre contre cette foutue tumeur, contre mes pensées qui ne me lâche jamais et je suis fatiguée de lutter contre moi-même.
Ça fait bien longtemps que je ne me suis pas confié à quelqu'un et n'ai jamais autant lâcher prise qu'aujourd'hui. La seule fois ou j'ai pleuré comme ça, c'était le à l'annonce de mon diagnostic. Ce soir-là, j'avais attendu que mes parents s'endorment pour laisser mes émotions prendre le dessus. Je suffoquais tellement que pendant un moment j'ai bien cru que mon cœur allait me lâcher...

Sam pose sa tête au-dessus de la mienne, passant une de ses mains sur mon dos. Il embrasse mes cheveux en essayant de me réconforter avec des paroles douces mais sa voix aussi tremble. Lui aussi il sait, il a compris. Personne ne pourra me sauver, je ne suis pas Eden, je ne guérirais pas... Contrairement aux contes de fée, mon histoire n'aura pas de fin heureuse.

C'est la présence de mon père qui nous sépare Sam et moi, celui-ci l'a entendu arriver. J'essuie mes larmes après avoir embrassé sa joue pour le remercier.
Il dépasse mon père après avoir salué celui-ci d'une poignée de main. Avant qu'il quitte mon champ de vision je l'appel.

  - Sam, tu ne dois rien lui dire.
  - Lou..
  - Non, c'est à moi de lui annoncer.
  - D'accord. Je ne lui dirais rien mais il faut que tu fasses vite.

J'hoche la tête, lui affirmant que je le ferai. Il salue une nouvelle fois mon père et s'en va, me laissant sur la terrasse avec le premier homme de ma vie. Il ne dit rien, il écarte simplement les bras, m'invitant à me blottir dedans. C'est notre truc à nous, il l'a fait une fois quand j'étais enfant et maintenant il le fait à chaque fois que je suis triste. Et ce sont les meilleurs câlins du monde, ils enlèvent toutes les peines, peu importe lesquelles.
Il me ramène dans ma chambre ou nous attend maman, accompagnés de bons burgers. Les repas de l'hôpital ne sont pas affreux mais à la longue ils sont lassants et sont souvent les mêmes.
Nous passons une bonne partie de la soirée ensemble, retardant au plus tard leur départ. Ça me fait du bien d'être avec eux, parce que l'espace d'un instant j'oublie où je suis. Il n'y aura jamais meilleur remède que l'amour d'une mère et d'un père.

Une heure plus tard, ils sont partis, voulant me laisser dormir. Malheureusement pour moi, la fatigue semble m'avoir abandonnée depuis bien longtemps. L'infirmière de nuit, qui est la même depuis que j'ai commencé mes hospitalisations ici, vient me déposer du somnifère. Elle me conseille de me remettre au lit afin que je sois plus à l'aise que dans la fauteuil ou j'ai immigré il y a  30 minutes. On parlait quand mon téléphone s'est mis à sonner, je m'excuse auprès d'elle et décroche après avoir vu le nom d'Embry. Elle quitte la chambre sans oublier de me dire qu'elle repassera dans la nuit, au cas où j'aurais besoin d'un autre somnifère.

  - Lou, tu es où ?
  - Salut mon amour, je vais bien merci d'avoir demandé et toi tu vas bien ?
  - Où es-tu ?
  - À l'hôpital mais je vais bien. Pas besoin de t'inquiéter, je vais sortir aussi vite que je suis entrée.
  - J'arrive !
  - Non Embry ! Les heures de visite sont finies depuis bien longtemps et je vais bien, pas besoin de te déplacer pour si peu. En plus, les portes sont fermées.
  - Qui a dit que j'allais passer par la porte ? Dit-il taquin.
  - S'il te plaît, ne viens pas...
  - Pourquoi ?
  - Parce que, je vais bien.
  - Mon ange, j'ai besoin de te voir. Je veux être sûr que tu vas bien parce que ta voix tremble tellement que je n'arrive pas à te croire.
  - Chambre 111, je laisse la fenêtre ouverte et la lumière allumée. Ne tarde pas trop.
  - J'arrive de suite. 

Même pas dix minutes plus tard, mon copain se retrouve aux pieds de mon lit tout souriant. Je me lève précipitamment et lui saute dans les bras, heureuse de le voir ici, j'avais peur qu'il vienne et que je sois obligé de tout lui dire mais là, le voir juste devant moi, je fond d'amour.
Il me soulève par les cuisses, que j'enroule automatiquement autour de sa taille et le laisse nous conduire à mon lit. Il retire ses chaussures et son t-shirt avant de s'allonger à son tour sur les draps. Une fois face à face, il embrassa mon front avant de descendre sur mes lèvres. Il dépose plusieurs bisous sur celle-ci avant de s'éloigner et de me regarder inquiet.

  - Pourquoi es-tu là ?
  - J'ai seulement eu un vertige et mon médecin de famille à préféré me garder en observation.
  - Tu trouves pas ça un peu gros ? Si c'est un simple vertige, pourquoi te garde-t-il ?
  - Parce que ce n'est pas le premier..
  - Lou, qu'est-ce que tu me caches exactement ?
  - Rien. Je ne te cache absolument rien.
  - On va dire que je te crois. Pourquoi tu m'as l'air épuisée ?
  - Je le suis, Je n'aime pas vraiment les hôpitaux donc mon sommeil m'a lâchement lâché mais, maintenant que tu es là, tout ira mieux.
  - J'espère, j'espère vraiment Lou.

J'enlace sa taille et pose ma tête contre son torse. Lui, passe sa main dans mes cheveux afin de m'apaiser, pour que puisse m'endormir. À la maison, c'est notre petit rituel quand il dort à la maison. Mais comme chaque bonne chose à une fin, 20 minutes après m'être endormie dans les bras de mon bel apollon me voilà parfaitement réveillée. Je me faufile en dehors des bras chaud d'Embry, le laissant dormir profondément. Je le regarde, ça me fait plaisir de le voir apaiser, reposer. Parce que dernièrement, lui et le sommeil ne faisait pas bon ménage.
J'allume ma lampe de chevet et me place dans mon fauteuil, mon livre « Orgueil et préjugés » à la main, bien décidée à le relire une nouvelle fois.

L'infirmière n'est pas encore repassée et heureusement, je ne saurais expliquer la présence d'un jeune homme, torse nu, allongé dans mon lit d'hôpital après les heures de visite. Je la soupçonne de savoir, cela fait bientôt une heure que j'ai pris mon dernier médicament et elle aurait dû repasser pour vérifier que je dormais mais elle ne l'a pas fait. Elle et moi on se connaît depuis mon premier jour ici, elle à toujours été mon infirmière et comme elle est à peine plus âgée que moi, on s'est très vite bien entendu. C'était une déesse du Docteur Cullen, il pensait que j'arriverais mieux à me livrer à elle et il avait raison.
Je retourne à mon livre quand un mouvement sur mon lit attire mon attention.

  - Lou, ça va ? Me demande Embry en se redressant.
  - Je n'arrivais plus à dormir et je ne voulais pas te réveiller, tu avais l'air épuisé alors je t'ai laissé te reposer.
  - Ouais avec les entraînements et les patrouilles, le sommeil est passé au second plan mais là, ce qui m'inquiète c'est toi.
  - Ça va, je vais bien.
  - Tu as des vertiges, tu n'arrives plus à dormir. Lou, qu'est-ce que tu ne me dis pas ?
  - Il n'y a rien, rien du tout, dis-je en détournant le regard.
  - Tu me mens ! Je t'aime de tout mon cœur, vraiment. Mais là, j'aimerais que tu arrêtes de me prendre pour un con. On hôspitalise pas quelqu'un pour un putain de simple vertige !
  - Je suis malade, dis-je rapidement.
  - Pardon ?
  - J'ai un cancer...
  - Tu as quoi ? Dit-il en venant s'agenouiller devant moi.
  - C'est un cancer du pancréas.
  - Mais__ comment ?
  - Je ne sais pas vraiment... Ça a commencé par des odeurs intenses et persistantes à l'estomac et dans le dos. Après, il y a eu la perte d'appétit, les nausées, la fièvre et j'ai commencé à perdre beaucoup de poids. C'est à ce moment-là que mes parents se sont inquiétés. En quelques jours on m'a diagnostiqué un cancer de stade 2, celui du pancréas.
  - Et maintenant ?
  - J'en suis au stade 4, je m'approche pas à pas de la fin.
  - Le traitement ? Il y a obligatoirement un traitement !
  - J'ai eu de la chimiothérapie pendant plusieurs mois mais, mise à part la perte de cheveux, le cancer continuait de se propager. On m'a laissé choisir, soit je continuais soit j'arrêtais. J'ai tout arrêté, j'en avais marre d'être malade après chaque chimio, marre de perdre mes cheveux. J'en pouvais plus tout simplement.
  - Non, il doit y avoir autre chose ! On va te soigner, tu iras mieux je te le promet.
  - Embry, je suis condamné depuis le début. Je vais mourir..
  - Non, c'est hors de question. Tu as peut-être arrêté de te battre mais pas moi !
  - Je n'ai pas arrêté de me battre, j'ai simplement compris.
  - Je ne resterais pas là, à attendre sagement que la maladie l'emporte sur toi ! Dit-il en sautant par la fenêtre.
  - Embry !

Il est déjà trop tard, il est parti laissant mon cri faire écho dans la nuit noire.

Le temps de vivre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant