Papillon de Vie

#1

Quelque mois plus tôt....

** Noah **

Le temps est beau et ensoleillé, étant donné que nous sommes au printemps, en plein mois de mai.
Je ne suis pas en cours, car je dois passer un examen suite à une appendicectomie il y a deux semaines. Il n'y a rien d'alarmant, mais ma mère tient à ce que je fasse des examens réguliers pour s'assurer que tout va bien.

Je me dirige vers le bureau du Dr Richard, un homme d'une quarantaine d'années, le nez plongé dans un livre. Quand je commence à lire, mon ouïe s'arrête de marcher temporairement pour me permettre un maximum de concentration, alors évidemment, je n'entends pas que quelqu'un parle avec le docteur. Du coup, je suis rentrée sans frapper— je suis assez tête en l'air pour oublier ce genre de détails.

— Tu dois faire plus attention, Ambre, ça dégénère plus vite que prévu, le cancer est en train d'atteindre la moitié de tes organes…

C'est en entendant cette phrase que je me rends compte que je ne devais pas entrer. Bien sûr, il a fallu que mes oreilles ne fonctionnent que maintenant. 
Le docteur suspend sa conversation avec le patient, étonné de me voir sur le pas de la porte. 

— Oh, je suis vraiment navré, désolé-je, je ne savais pas qu'il y avait quelqu'un.

Quel idiot je suis !

En percevant ma voix, le malade se tourne vers moi. Comme réflexe, je regarde son visage et je l'ai reconnue. En effet, c'est une patiente et elle est dans ma classe. Je ne me souviens pas de son nom de famille, mais je sais juste qu'elle s'appelle Ambre. C'est aussi la favorite de ma classe, allez savoir pourquoi.

Alors comme ça, elle est cancéreuse.

— Ce n'est pas grave, Noah, me dit le docteur, peux-tu attendre dehors pendant quelques minutes, le temps que j'en finisse avec cette demoiselle ?

Je hoche la tête et m'excuse encore une fois avant de tirer ma révérence.

En attendant mon tour, je décide de me replonger dans mon livre. Je m'assois donc sur un banc, en face du bureau du Dr Richard, et relis la page sur laquelle je me suis arrêté.

Quelques minutes se sont écoulées et la fille n'est toujours pas sortie. En même temps, je comprends, elle souffre quand même d'un cancer, une maladie presque incurable, il faudrait avoir beaucoup de chance ou un grand et énorme miracle pour s'en guérir.

Encore une fois, j'ai été trop absorbé par ma lecture ou par mes pensées, que je n'ai pas entendu la porte s'ouvrir. C'est seulement lorsque Ambre s'approche de moi et me dit que c'est à moi maintenant que je reprends mes esprits.

Je lève ma tête de la page et me permet de l'observer un moment. 

On ne dirait pas du tout qu'elle est malade. Encore moins mourante.

Qu'importe, je ferme mon livre, le range dans mon sac à dos et lui lance un petit « merci » avant d'entrer dans le bureau du docteur.

Comme je m'en doutais, je vais parfaitement bien et tout est normal. Seulement, c'est ma mère qui a insisté pour que je fasse un examen, et c'est difficile de lui dire non, alors je l'ai fait.

Mais bon, voyant le bon côté des choses. Ça n'a pas pris trop de temps, ainsi je vais consacrer le reste de ma matinée—  puisque je dois retourner en cours cet après-midi— à terminer cet ouvrage.
En revanche, je le terminerai une fois à la maison. On a vu ce que j'ai fait aujourd'hui quand je lis n'importe où : dans une situation embarrassante. Alors, pour éviter que cela se reproduise, je le lirais seulement une fois chez moi.