Chapitre ③

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Si la plupart des résidents dînaient dans de bonnes conditions, deux d'entres eux ruminaient sur leur chaise sans ouvrir la bouche, essayant de faire preuve d'un minimum de bienséance. Lucifer désespérait d'avoir le démon de la radio à ses côtés tandis qu'Alastor cherchait un moyen de titiller sa majesté ou de disparaître et de ne plus quitter sa tour radiophonique jusqu'au petit matin où ils devront tous s'en aller, direction le voyage improvisé de Charlie.

Lucifer n'avait pas trouvé d'appétit, malgré que les plats soient délicieux à regarder, avoir à ses côtés un homme qu'il ne tolère pas, c'était au dessus de ses forces. Pendant que les autres rigolaient et échangeaient de bon cœur, l'ange déchu s'amusait à contourner de son doigt le tour de son verre à vin. Même un de ses plus agréables vins ne stimulait pas son appétit ou son attention. Décidément, cette journée ne pouvait être pire.


« — Eh bien votre altesse, il vous faut manger pour grandir~. »


Peut-être que si en fin de compte. Alastor savait pertinemment qu'il avait capté son attention et il n'allait pas s'en priver. Bien au contraire, ses festivités l'ennuyait et quoi de mieux que faire un peu de comédie avec un homme aussi susceptible que Lucifer ? 


« — C'est assez marrant qu'un animal ose et se permet de me faire des commentaires. Il me semblait que ton espèce mangeait par terre, là où est ta place.


« — Quel mordant de la part de quelqu'un qui pourtant, n'a pas l'air d'être si important au point où on l'a déchu de son statut d'ange suprême~. » le sourire d'Alastor était plus que naturel, il aimait le visage du roi quand il se décomposait face aux faits réels. 


Depuis que la dernière extermination a eu lieu, il y a tout juste onze mois, les deux n'avaient cessé de s'envoyer des boutades ou des piques. Alastor adorait faire souffrir les gens, les briser de l'intérieur pour ainsi les posséder et les contrôler à sa guise, et pouvoir le faire à l'être dit le plus puissant des Enfers, c'était à la limite de la jouissance. Lucifer serrait les poings tout en fronçant des sourcils et fixait Alastor comme si la vision de ses futurs actes se produisaient dans ses yeux. Finalement, après plusieurs instants à se contempler dans le blanc des deux, Lucifer détourna le regard et repris ses mouvements circulaires sur son verre, préférant l'ignorer ; après tout, ils étaient trop nombreux pour ce chamailler. Alastor resta silencieux face à la tournure de leur discussion.Tellement prévisible~.

Le repas continua jusqu'à tard : certains étaient montés ce coucher, d'autres s'enfilaient des verres d'alcool tout en déblatérant des inepties incompréhensibles. Alastor venait tout juste de se mettre au whisky que Lucifer somnolait, la tête contre la table et le visage empourpré. Vaggie et Charlie discutaient tranquillement, Husker et Angel faisaient un concours d'alcool, encouragés par quelques personnes et le reste étaient autour de la table à manger, discutant tranquillement ou dormaient eux aussi, complètement bourrés.

Alastor sirotait son verre tout en diffusant une onde de jazz comme bruit de fond. Il aimait être seule comme en ce moment, sans se poser des questions tout en observant les autres, regardant leurs failles, examinant leurs expressions et contemplant leur joie de vivre. Il songeait au temps où il avait atterrit en Enfer et fait la connaissance de démons en tout genre, ses liaisons, ses contacts hauts placés, ses massacres... en bref, le bon vieux temps. Malgré une sombre partie qu'il essayait tant d'oublier. Vox naissait quelques fois dans son esprit, comme pour le tourmenter. À l'époque, ils étaient de bons amis, des démons qui profitaient tranquillement et pleinement de leur vie, avançant, grandissant et se faisant une place dans les Enfers. Alors pourquoi ? Pourquoi dans cette seconde vie simple et agréable où le temps passait pour offrir une nouvelle et belle journée, pourquoi a-t-il fallut que tout merde ? Cette répétition, ce sicle de vie qu'appréciait Alastor, pourquoi il a du le niquer ? Il ne désirait plus y penser. C'était de l'histoire ancienne. Aujourd'hui, il est ici, demain, il sera là et ça lui convenait. Dans ses pensées, il n'avait pas vu Lucifer essayer de se lever et de se diriger dans sa chambre avant qu'il ne s'effondre sur le sol en bois tapissé. Ce fût les réactions des autres qui le fit sortir de ses réflexions.

Lucifer gisait, complètement endormi sur le sol, ses ailes libérées de l'emprise magique qu'elles recevaient constamment pour être invisibles. Alastor détesta ce moment mais il fallait reconnaître que les ailes d'un ange étaient magnifiques à contempler. À la différence de celui qui les portaient. Charlie accouru vers son père, le soulève et le fit asseoir tandis qu'elle servait de matelas pour le mince corps de Lucifer.


« — Al' ? Tu voudrait bien m'aider s'il te plaît ? Il faudrait le mettre au lit... »


Était-ce une blague ? Vu le regard désemparé de Charlie, absolument pas. Qu'avait-il fait pour mériter ça ? À contrecœur, il posa son verre, se leva et vint à la rencontre de Charlie qui maintenait son père pour éviter qu'il ne tombe en arrière. Ses ailes traînaient derrière lui comme une cascade de rouge et de blanc. Alastor s'accroupît à la hauteur de Charlie et la fixa. 


« — Que veux-tu que je fasse ma chère ? » Charlie se rapprocha de son hôtelier. D'abord pris par surprise, Alastor ne bougea pas d'un pouce jusqu'à sentir le souffle de la jeune femme sur le côté gauche de son visage :


« — Ce serait trop long à te l'expliquer mais un ange n'est pas censé montrer ses ailes en présence de plusieurs personnes... ce serait comme montrer... son corps nu devant tout le monde. C'est très intime. » 


Alastor ne dit rien. Qu'est-ce qu'elle racontait ? L'alcool lui jouait des tours au point de s'inventer cette discussion plus qu'étrange où a-t-elle actuellement lieu ?!Peu importe, de toute façon cette journée avait été plus que déconcertante ; un peu plus de bizarrerie n'allait pas l'aggraver. 


« — Oui~?


— Il faut donc que tu l'emmènes vite dans sa chambre. S'il te plaît Alastooor. 


« — Ah~... Très bien ~. » 


Alastor agrippa le poignet étrangement fin de Lucifer et le pris dans ses bras, faisant le strict minimum pour qu'il ne fasse pas tomber le Roi des Enfers. Le démon de la radio gravit les nombreuses marches de l'hôtel puis tourna à gauche où au bout du couloir l'on pouvait voir une porte aux ornements minutieux et en son centre une pomme croquée. L'œil qui était juste en dessous jugeait Alastor sans gêne. Il ne prit la peine de s'expliquer, trouvant déjà qu'avoir sa majesté expliquait tout très bien. Il poussa la porte avec son pied et cru mourir écrasé par une avalanche de canard entassée qui se rangeait par la magie qu'avait laissé Lucifer dans sa chambre. La pièce était grande, très grande même, où des objets en tout genre s'entassaient sous d'autres objets qu'Alastor n'avait jamais vu de sa vie. Les murs complétés par des cadres de sa fille, une étagère en verre à droite de son lit baldaquin et un établit en face. La pièce vomissait des milliers de canards en plastique. C'était tout un parcours pour se rendre jusqu'au lit. Le démon de la radio posa Lucifer sans douceur avant de heurter un objet avec sa chaussure. Il récupéra la brosse à la forme plus que suspecte. Elle était faite d'un orifice et de deux autres membranes de chaque côté qui ressemblait à un peigne. Le cannibale préféra poser cette chose et quitta la chambre de Lucifer.


Dans le couloir, il songeait à la chambre de Lucifer, à celui qui s'y reposait et au cou délicat immaculé qui l'avait intéressé un peu trop à son goût. Il était fin, peut-être qu'une main suffisait pour l'attraper et le serrer... 

L'idée de planter ses crocs, de croquer la chair l'avait caressé comme pour le séduire et le tourmenter. Alastor avait déjà goûté un ange, lors d'une des exterminations, le cadavre qu'avait laissé Carmilla Carmine, une des Overlords, avait eu un assez bon goût. Quand est-il du Roi en personne ? Alastor se choqua lui-même en y pensant et accéléra la cadence pour rejoindre son lit.

Foutu alcool~...

Malheureusement pour lui, il ne trouva pas le sommeil, complètement obnubilé par l'idée d'étrangler le père de Charlie et de déguster sa chair. La nuit allait elle aussi être longue...


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"Take a Decision"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant