Chapitre 23 : l'ombre du silence

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J'étais de plus en plus triste, et ma peur grandissait chaque jour. De quoi avais-je peur ? De l'abandon ? J'aurais aimé dire non, mais ce serait mentir. Oui, j'avais peur, encore une fois. J'essayais de paraître forte, mais à l'intérieur, tout s'effondrait. Le lendemain en cours, j'étais froide, comme si mon corps était là, mais mon esprit était ailleurs, bien loin. Par chance, je reprenais rapidement le contrôle lorsque le professeur arrivait. Silencieuse, on pouvait lire sur mon visage un semblant de bonheur, mais c'était une illusion, une façade.

À la récréation, je restais avec ma voisine. Un groupe de filles nous rejoignait plus tard. Elles étaient tout le contraire de moi, débordant d'énergie chaque jour, chacune avec sa personnalité unique. Parmi elles, se trouvait cette fille, celle qui s'était assise avec le garçon qui m'intéressait tant. Je les écoutais parler sans vraiment réagir, me murant dans mon silence. Puis, soudain, l'une d'elles lança une question qui me déchira le cœur : "Ça se passe comment entre vous deux ? Depuis la primaire, vous ne vous quittez jamais." Elles éclatèrent de rire. L'autre fille ne semblait pas être dérangée par la question, bien au contraire. Quant à moi, je gardais un visage doux, comme si rien ne m'affectait.

Le plus douloureux, c'était lorsque cette même fille s'approcha de moi en regagnant la classe. D'un ton mesquin, elle me dit que la fille que le jeune homme aimait, c'était l'autre, pas moi. Avec un sourire forcé, j'acquiesçais, comme si cela ne me touchait pas. Mais à l'intérieur, je sentais mon cœur se briser. Elle savait. Elle savait pour lui et moi, et elle avait pris un malin plaisir à me faire comprendre que je n'étais pas celle qu'il aimait. Je rentrais en classe, m'isolant à nouveau dans ma coquille, avec ma douleur enfouie profondément en moi.

Il tentait en vain de vouloir s'expliquer, mais je me braquais. Je refusais de l'écouter, jusqu'à ce que, quelques jours plus tard, je cédais et l'entendais enfin. Que des balivernes. Après cela, notre relation devint un jeu de "suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis." Puis, un jour, il explosa de colère. Après notre cours d'éducation physique, il attrapa une branche d'arbre et me frappa les mollets. Il s'en voulait, je le savais. Ce jour-là, je ne réagis pas, je restais silencieuse. Et ce silence le hanta.

Après cet incident, je me détachais de lui, essayant de passer à autre chose, bien que la douleur persiste. Un jour, je me décidais à écrire une lettre, exprimant tout mon amour et l'idée de mettre fin à notre relation. Ce jour-là, ma tante rentra tôt du travail et me surprit en train d'écrire. Elle me sermonna durement, m'assoyant dans le "fauteuil blanc" comme on disait. J'étais déçue, mais je comprenais sa réaction.

Dès lors, elle ne m'adressa plus la parole, et chaque jour devenait une torture silencieuse. Quand je rentrais de l'école, je restais au salon, mais dès qu'elle revenait, je fuyais dans ma chambre, de peur de la déranger. Son silence créait en moi un profond sentiment de rejet, comme si je n'étais plus la bienvenue. Cela dura jusqu'au jour où je tombais malade. Gardant tout en moi, mon corps finissait par en souffrir. Il fallut l'intervention d'un médecin pour que ma tante recommence enfin à m'adresser la parole.

Petit à petit, je m'en remettais, bien que cela fût pénible. La vie reprenait son cours, mais une part de moi restait marquée à jamais.

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