Chapitre 3 : L'Enfance Abandonnée

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J'avais seulement 7 ans. J'étais encore en CE1 quand ma petite sœur nous a quittés, emmenée par ma tante. Elle n'avait que 4 ans, trop jeune pour comprendre la tempête qui secouait notre famille. Moi, par contre, je sentais le poids de tout ce qui s'effondrait autour de moi. Je regardais mon père, jour après jour, sombrer dans l'alcool et la débauche, incapable de remonter à la surface. Même s'il faisait l'effort de me scolariser, son cœur n'était plus là. Ce dont j'avais vraiment besoin, à ce moment précis, ce n'était pas seulement d'aller à l'école. J'avais besoin d'amour, d'affection, d'une main tendre pour me guider. Mais cette main n'existait plus.

Très vite, la solitude a commencé à m'envelopper. J'essayais d'attirer l'attention de mon père comme je pouvais. Je faisais des bêtises, espérant qu'il me remarque, qu'il me parle, qu'il me regarde. Mais au lieu de l'amour que je cherchais, je ne récoltais que des coups. Il me battait, et je croyais que je le méritais. Je ne me plains pas, me disais-je, c'était ma faute. Dans ma tête d'enfant, c'était la seule manière de comprendre pourquoi l'homme que j'aimais tant me frappait au lieu de me consoler.

J'avais des amies, bien sûr, mais il y en avait une qui a marqué mon esprit. Au début, ce n'était que des disputes entre nous, des chamailleries d'enfants. Un jour, alors que nous nous promenions dans le quartier, nous sommes entrées dans la cour de l'école pour cueillir des mangues. Un grand manguier dominait la cour, et, comme souvent, nos disputes ont recommencé. Elle m'a demandé de m'éloigner pour pouvoir lancer sa pierre et cueillir sa mangue. J'ai refusé. On s'est chamaillées, rien de bien méchant, jusqu'à ce qu'elle lance la pierre.

Je me souviens du choc. La pierre m'a frappée à la nuque, et presque immédiatement, le sang a commencé à couler, chaud et abondant. Je me suis sentie étourdie, et elle, terrifiée, a couru chercher sa mère. C'est sa mère qui m'a soignée ce jour-là, qui m'a pris dans ses bras, qui a nettoyé le sang. Mon père, lui, n'était pas là. Quand il est finalement rentré, au lieu de l'inquiétude ou de la tristesse qu'un parent aurait normalement ressenti, il a réagi avec des coups.

Je ne pouvais pas comprendre pourquoi. Peut-être qu'il pensait que je l'avais encore provoqué, que je méritais cette punition pour ce qui s'était passé. Mais ce jour-là, j'ai compris une chose : quoi que je fasse, l'amour que je cherchais ne viendrait jamais de lui. Tout ce que je pouvais espérer, c'était un peu d'attention, même si cette attention venait sous forme de douleur.

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