Réflexions amères

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Cela faisait quelques jours depuis cette soirée chez Jenna, et mon esprit continuait de tourner en boucle. Chaque fois que je pensais avoir trouvé un peu de paix, des flashs de ce moment sur son canapé revenaient me hanter : la chaleur de sa voix, son regard hésitant, l'arrivée soudaine d'August... Et cette vérité brutale qui m'avait frappée de plein fouet.

Je n'avais pas revu Jenna depuis ce soir-là. J'avais besoin de temps, beaucoup de temps. Mon téléphone vibrait souvent avec des messages d'elle, tous gentils, parfois insistants. Mais je ne répondais jamais. Je n'étais pas prête à lui parler, pas encore. Tout était trop confus dans ma tête.

J'avais lu ses messages plusieurs fois, incapable de les ignorer complètement. Ils étaient simples, pleins d'inquiétude et de maladresse :

"Olivia, est-ce que tu vas bien ? J'aimerais qu'on parle..."
"Je suis vraiment désolée pour l'autre soir... J'aurais dû te dire pour August."
"Je comprends que tu sois blessée. Mais j'espère qu'on pourra arranger les choses."
"Tu me manques. Je tiens beaucoup à toi... S'il te plaît, réponds-moi."
Chaque vibration me ramenait à elle, et même si j'avais envie de tout effacer, une part de moi relisait ses mots encore et encore, cherchant une explication, une échappatoire à cette confusion.

Je me rendis au café où nous avions l'habitude de traîner, cette fois seule, espérant qu'un peu de normalité m'aiderait à éclaircir mes pensées. Je pris ma place habituelle près de la fenêtre, regardant distraitement les passants, la tasse de café chaude entre mes mains. Un serveur que je connaissais bien m'adressa un sourire poli.

Je me plongeai dans mes pensées, essayant de comprendre comment j'avais pu me tromper à ce point. Tout semblait si... parfait entre Jenna et moi. Je n'avais jamais ressenti une telle connexion avec quelqu'un auparavant. Je m'étais laissée aller à croire que cela pouvait être réciproque, que nous étions peut-être en train de construire quelque chose de plus fort, de plus profond. Mais visiblement, pour elle, ce n'était qu'une amitié.

Peut-être que je m'étais aveuglée, que j'avais vu dans ses gestes, dans ses mots, ce que je voulais voir. Et maintenant, je devais faire face à cette douloureuse réalité. Je pris une gorgée de café, mais son goût habituellement réconfortant me parut fade. Rien ne semblait pouvoir apaiser ce poids qui pesait sur mon cœur.

— « Olivia ? »

Je levai la tête brusquement. Et là, debout devant moi, se tenait... Jenna.

Mes doigts se resserrèrent autour de ma tasse, surprise et légèrement paniquée de la voir ici. Elle portait un jean et un pull ample, les cheveux lâchés et le visage empreint de cette douceur habituelle qui me troublait tant.

— « Je ne savais pas que tu étais là, » dit-elle doucement, s'approchant de la table avec précaution, comme si elle craignait ma réaction. « Je peux m'asseoir ? »

Je restai figée quelques secondes avant d'hocher la tête. Je n'allais pas fuir cette conversation, pas encore une fois. Il fallait que je fasse face à tout ça, même si chaque mot risquait d'être un coup de poignard.

Elle tira la chaise et s'assit en face de moi, posant ses mains sur la table, nerveuse. Le silence qui s'installa était lourd, gênant, comme si chacune de nous attendait que l'autre parle en premier. Je finis par prendre les devants, d'une voix plus froide que je ne l'aurais voulu.

— « Comment tu m'as trouvée ? »

Elle baissa les yeux, ses doigts jouant avec le rebord de sa manche.

— « Tu viens souvent ici... Je me suis dit que tu passerais peut-être. »

Je hochai la tête sans répondre, jouant avec ma tasse. Un nouveau silence s'installa, et je sentis la tension monter en moi. Je ne voulais pas de confrontation, mais je ne savais pas non plus comment gérer tout ça.

Je veux être avec toi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant