Vincent entra par la porte principale de l'immeuble de Damien et s'arrêta. Contrairement à la nuit précédente, il y avait un portier de service, ses pieds reposant sur le bureau de la réception et il regardait une petite télévision. Il releva son regard en voyant Vincent approcher.
- Bonsoir, monsieur. Puis-je vous aider ?
Vincent lui adressa un sourire amical.
- Je suis ici pour voir Damien Campbell, dernier étage.
Le portier hocha la tête.
- Monsieur Campbell m'a dit qu'il vous attendait, monsieur. À votre droite, il y a l'ascenseur.
Il lui adressa un signe de remerciement du menton et se dirigea vers l'ascenseur. Son estomac était noué pour la troisième fois en moins de vingt-quatre heures. Attendre son entretien ce matin avait été un vrai calvaire, mais ce n'était rien comparé à son état de la veille au soir. Il savait qu'il devait avoir l'air calme et confiant, mais il ne s'agissait que d'une façade, rien de plus. Heureusement, Damien lui avait très vite permis de calmer ses nerfs. Vincent pataugeait dans l'obscurité la plus totale en ce moment, n'ayant pas la moindre idée de ce qui l'attendait. "De quoi voulait-il parler ? ". Il lui était venu à l'idée que lorsque Damien avait suggéré le dîner, qu'il voulait l'inclure dans le lot une fois de plus, mais Vincent avait aussitôt rejeté la pensée. Bien qu'il ne le connaisse que depuis peu, il pouvait sentir que Damien semblait avoir plus d'intégrité que ça. Vincent ferma les yeux, prit plusieurs inspirations pour se calmer alors que l'ascenseur montait en douceur jusqu'à l'étage supérieur. Quand les portes s'ouvrirent, il sortit et leva sa main pour frapper, faisant une petite pause juste avant que sa main n'entre en contact avec la porte. Il expira tout l'air de ses poumons. "Allez, reprends-toi et vas-y ". La porte s'ouvrit à l'improviste et Damien se tenait là, portant un jean et une chemise bleue assortie à la couleur de ses yeux. Vincent durcit à la vue. "Un homme avait-il besoin d'être aussi baisable ? ". C'était le seul mot qui lui rendait justice.
Damien sourit.
- Pile à l'heure. Entrez.
Il suivit Damien dans le salon où le feu à gaz brûlait, sa chaleur inondant la pièce. Vincent renifla avec appréciation. Quelque chose sentait bon.
- C'est seulement du poulet provenant de la charcuterie d'à côté.
Il y avait une note d'excuse dans sa voix.
- Avec des haricots verts et des pommes de terre sautées.
Le ventre de Vincent grogna et ses joues rougirent.
Damien se mit à rire.
- Envie de manger pendant que nous parlons ?
- Excellente idée.
Vincent était affamé. Damien montra le chemin vers une petite pièce à côté du salon, qu'il n'avait pas remarquée la nuit précédente. "Rien d'étonnant, j'étais trop occupé à baiser ". La pensée de l'aida pas à refroidir ses joues brûlantes un seul instant. Il regarda la table de la salle à manger, entourée de quatre chaises, elle était dressée pour deux. Les verres à vin reposaient sur des dessous de verre.
-Je ne savais pas si vous deviez reprendre le volant ce soir. Je sais que nous avions pris du champagne hier soir. Il y a du jus de fruit ou de l'eau si vous préférez.
Vincent apprécia les manières de Damien . Quelque chose chez lui le mettait à l'aise.
- Du jus de fruit serait parfait.
Damien sourit une fois de plus et disparut dans ce qui devait être la cuisine. Vincent s'assit et posa la serviette blanche sur ses genoux alors que Damien revenait avec un verre de jus de fruit. Après le lui avoir donné, il disparut de nouveau, revenant avec deux assiettes sur lesquelles il y avait du poulet et des légumes, l'arôme du citron et de l'ail le faisant saliver.
Ils mangèrent lentement, Vincent savourant chaque bouchée.
- C'est délicieux.
Damien termina sa bouchée et l'avala avant de parler.
- J'en mange habituellement une fois par semaine. C'est rapide si j'ai du travail à faire et pas de temps pour cuisiner.
- Travaillez-vous presque tous les soirs ?
Vincent piqua un autre morceau de poulet avec sa fourchette, savourant les saveurs subtiles.
Damien hocha la tête.
- Malheureusement, en ce moment, je n'arrive à trouver le juste équilibre entre mon travail et ma vie privée. Le travail me prend tout mon temps.
- Alors c'est une bonne chose que vous m'ayez embauché, n'est-ce pas ?
Vincent posa sa fourchette à côté de son assiette et regarda Damien pendant un moment.
- Vous étiez sérieux, n'est-ce pas ? À propos du job ?
- Bien sûr !
Damien semblait surpris par la question.
-Vous pensiez que je plaisantais ou quelque chose dans ce genre ?
Il regarda Vincent en silence pendant une seconde ou deux.
Vincent s'adossa contre sa chaise.
- Pour être honnête, j'ai été choqué que vous appeliez. C'était la dernière chose à laquelle je m'attendais.
Il regarda Damien attentivement.
- Bien que je doive avouer que je suis intrigué de savoir de quoi vous voulez discuter.
Damien posa ses couverts et le regarda franchement.
- Vous savez que je n'ai pas fait de coming out.
Vincent hocha la tête. Il se souvenait qu'il le lui avait dit.
- Je tiens à ce que cela reste ainsi. Si vous acceptez le poste, c'est à la condition fondamentale que personne n'apprenne ce qu'il s'est passé entre nous.
Vincent fit un signe de tête.
- Je suis sorti du placard, mais je ne le suis pas au point de caracoler dans le bureau en agitant un drapeau arc-en-ciel, ni à porter du mascara et du vernis à ongles, si c'est ce qui vous inquiète.
Une pensée le frappa soudain.
- Nous travaillerons en étroite collaboration. Vous avez peur que si vos employés apprennent que je suis gay, ils pourraient également s'interroger à propos de vous. Gay par association, ou quelque chose comme ça.
Les yeux de Damien s'illuminèrent.
- Oui, exactement.
Vincent entendit le soulagement dans ses mots.
- Je n'ai pas de problème avec cela. Mais vous devez savoir, si quelqu'un me demande - non pas que je dise qu'ils vont le faire, cela dépend de la manière dont leur gaydar fonctionne, parce que je ne vais certainement pas rendre les choses évidentes - je ne suis pas sûr de ce que je vais ressentir d'avoir à le nier.
Vincent avait reconnu sa sexualité pour ce qu'elle était depuis longtemps - pratiquement durant toute sa vie.
Damien le regarda en silence et Vincent se demanda ce qu'il se passait dans sa tête. Il appréciait réellement l'homme et il savait qu'il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour garder son nouveau patron bien planqué au fond de son placard, si c'était ce qu'il voulait.
- C'est acceptable, dit Damien à la fin et Vincent respira plus facilement.
Leur repas terminé, Vincent revint au salon pendant que Damien préparait le café. Ils s'assirent sur le canapé, sirotant le breuvage aromatique et en regardant les flammes vacillantes. Vincent posa les yeux sur le tapis et il durcit au souvenir de Damien à cheval sur lui. "Seigneur, cela ne faisait-il vraiment que vingt-quatre heures ?" Il essaya d'ignorer les images qui tournaient dans sa tête, mais un rapide coup d'œil à Damien lui en apprit beaucoup. Il regardait également le tapis, les joues rouges, les lèvres entrouvertes. Vincent jeta un coup d'œil furtif à son entrejambe. L'homme était manifestement en pleine érection. Vincent gémit intérieurement. Il n'avait même pas commencé à travailler et son patron le rendait déjà fou de désir.
-Puis-je vous demander quelque chose ?
La question de Damien le sortit de ses méandres internes. Vincent se retourna pour lui faire face en hochant la tête.
- Pourquoi faites-vous ce boulot d'escort ?
"Oh merde ! " Vincent déglutit.
- J'ai terminé l'université avec une dette très lourde, merci à mes prêts étudiant, et bien que j'aie un travail dans une maison d'édition, ce n'était pas suffisant pour payer les échéances. Quelqu'un m'a suggéré d'essayer de devenir escort.
Mentalement, il croisa les doigts, priant pour qu'il ne pose pas d'autres questions sur le sujet. Son cœur sombra lorsque Damien parla.
- Avez-vous l'intention de continuer à le faire, une fois que vous travaillerez pour moi ?
Vincent resta calme. Il ne voulait pas mentir. Ce n'était pas une base saine pour une relation de travail.
- Si je dois être honnête, je vous dirais oui, mais je peux vous promettre que cela ne compromettra jamais mon travail à Trinity.
Il croisa le regard de Damien .
- Si ce n'est pas acceptable, alors dites-le moi maintenant et nous passerons à autre chose.
Il attendit sa réponse avec anxiété.
Damien regarda de nouveau le sol pendant un long moment, et la poitrine de Vincent se resserra. Lorsqu'il releva enfin la tête pour le regarder, Vincent avait le cœur au bord des lèvres.
- Il y aura des jours où nous aurons à travailler tard, vous comprenez. Ainsi que des voyages d'affaires, des salons du livre partout en Europe. Donc, ce ne seront pas des heures normales de travail.
Vincent hocha la tête.
- Eh bien, tant que j'ai votre parole que le travail passera en premier, alors oui, je peux vivre avec ça.
Vincent l'aurait embrassé.
-Merci, dit-il en secouant la tête avec soulagement.
Damien sourit.
- Donc, cela signifie-t-il que vous avez officiellement accepté mon offre d'emploi, Monsieur Parkinson ?
Ses yeux brillaient. Vincent lui retourna son sourire.
- Oui, Monsieur Campbell. Ce sera un plaisir. Quand dois-je commencer ?
Damien se mit à rire.
- Demain matin. J'arrive généralement vers sept heures et demie et Ed Fellows, mon bras droit, n'est pas loin derrière. Le reste du personnel commence à huit heures trente. Cela vous inclue.
Vincent était déterminé à arriver là-bas de bonne heure et si Damien commençait à travailler à sept heures et demie, alors lui aussi. Non pas qu'il soit prêt à le dire à son patron. Il le surprendrait demain matin. Il regarda sa montre.
-Dans ce cas, je ferais mieux de rentrer à la maison pour me reposer et passer une bonne nuit. Je veux faire bonne impression sur mon patron pour mon premier jour.
Il cligna de l'œil.
Vincent mourrait d'envie de demander à Damien s'il allait à nouveau l'engager pour ses services. La nuit précédente avait été une révélation. Il n'avait jamais prévu de trouver un client aussi sensible et cela l'avait secoué, d'autant qu'il s'était senti intimement connecté avec Damien . Non pas qu'il veuille lui faire savoir. Pas plus qu'il ne pourrait jamais dire à son nouveau patron la pleine mesure de son expérience chez J's. En fait, la nuit dernière avait été très agréable, Vincent n'était pas sûr de pouvoir le refaire à nouveau, en dépit de son expérience. Parce qu'après une nuit avec Damien, il avait faim de plus, et l'idée d'aller avec quelqu'un d'autre le rendait simplement malade.
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Je suis tomber amoureux de mon assistant
RomanceDamien est PDG d'une maison d'édition dont son père ne veux pas trop lui donner les rennes depuis sa crise cardiaque qui a faillit lui faire perdre la vie. Damien n'avait jamais dit à son père et à ses employer qu'il aimait les garçons. Il fait fuir...