Chapitre 7

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—Oh, non, pas encore, murmura Vincent entre ses dents à la vue du muffin aux pépites de chocolat qui trônait au milieu de son bureau.
Rick, qui passait devant la porte de son bureau, de toute évidence, l'entendit. Il entra tranquillement derrière Vincent et regarda l'objet de son attention.
— Laissez-moi deviner... de la part de Claudine dit Rick en souriant.
Vincent  gémit.
— Mon Dieu, est-ce que tout le monde est au courant ?
Rick se mit à rire.
—Eh bien, pratiquement oui... Nous avons tous pariés sur le temps que cela vous prendrait pour céder et vous rendre.
Il regardait le muffin avec avidité.
— Bien qu'il ait l'air délicieux, je n'ai pas autant de chance que vous d'avoir une femme sexy qui me fait cadeau de délicieuses choses au chocolat tous les jours.
Il lui fit un clin d'œil.
Vincent  renifla avec dédain. « Sexy ? ».
— Je jure, que je ne lui ai jamais donné aucune raison de croire qu'elle avait la moindre chance, parole.
Rick s'esclaffa.
—Ouais, nous avons tous vus ça aussi.
Il cligna de l'œil une fois de plus.
— Vous pourriez toujours l'inviter à sortir une fois, puis rompre après. Vous savez... Histoire de lui faire croire que vous êtes un salaud complet.
Les sourcils de Vincent se relevèrent et Rick se mit à rougir. Plus d'une fois, Vincent  avait senti quelques vibrations émanant du jeune homme, mais n'était pas prêt à tester sa théorie.
— Eh bien, si vous aimez tant que ça ce muffin, prenez-le.
Il le ramassa et le tendit à Rick qui sourit.
—Super ! Merci, Vincent , vous êtes si gentil.
Rick lui adressa un regard joyeux et sortit rapidement de la pièce, cachant son cadeau entre ses mains. Vincent s'esclaffa. Il appréciait vraiment beaucoup le jeune homme, qui riait et plaisantait toujours. Sans oublier le fait qu'il était vraiment mignon.
Il se dirigea vers la porte voisine qui était fermée. Oh vraiment ? Soudain, Vincent savait exactement pourquoi il l'avait fermée. Durant les deux dernières semaines, il avait surpris Damien  trois fois. Il saisit la poignée et poussa tranquillement la porte pour l'ouvrir. Glissant sa tête dans l'entrebâillement, il sourit en apercevant Damien à son bureau, son attention totalement axée sur son écran. Des écouteurs l'empêchaient d'entendre son approche et  Vincent se glissa furtivement vers lui. À la dernière minute, Damien releva brusquement la tête, retirant ses écouteurs à la hâte, rougissant d'un air coupable.
— Encore une fois ? Vous n'avez pas assez de travail à faire ? dit Vincent  en prenant un ton faussement menaçant, mais il savait que ses lèvres se contractaient pour tenter de réprimer son sourire.
La main de Damien se déplaça vers la souris.
— Arrêtez-vous tout de suite.
Vincent mit autant d'autorité dans sa voix qu'il le pouvait. Il se rappelait nettement l'effet que cela avait eu sur Damien lors de leur rencontre pour son anniversaire. Damien avait définitivement des tendances de soumis. Eh bien, Vincent pourrait parfaitement laisser son côté Dominateur sortir au grand jour. La main de Damien se figea, planant au-dessus de la souris.
Vincent  contourna le bureau pour voir ce qui réclamait l'attention de son patron. Il laissa échapper un long et profond sifflement. Damien regardait une scène d'orgie. Au moins sept ou huit hommes, leurs corps huilés et scintillants étaient engagés dans des étreintes sexuelles variées. La caméra était centrée sur un groupe d'hommes au premier plan qui formaient un trio, deux d'entre eux embrochant un troisième.
Il se mit à glousser.
— Vous aimez ce que vous voyez ?
Il baissa les yeux vers l'entrejambe de Damien et renifla. Putain, le devant de son pantalon formait une tente. Damien releva les yeux vers lui, un regard empreint de convoitise.
— J'étais en train d'imaginer ce que je ressentirais à être au milieu d'un sandwich.
Ses yeux brillaient. Damien laissa échapper un gémissement alors qu'il frottait son érection de la paume de sa main. Sa vue l'avait fait durcir instantanément. Intérieurement, il gémit. Pourquoi son patron avait-il l'air si baisable ? Depuis leur séance de sexe par téléphone deux semaines auparavant, il rêvait souvent de Damien  et les rêves étaient toujours les mêmes : érotiques.
Son sexe durcit encore plus alors qu'il regardait Damien empoigner son érection, les yeux non pas fixés sur l'écran, mais sur lui. « Oh, Damian voulait jouer, n'est-ce pas ? ». Vu la façon dont Vincent se sentait là, maintenant, Damien pourrait obtenir bien plus qu'il ne l'avait jamais rêvé. Parce que là, pour l'instant, Vincent avait une idée vraiment excitante.
— Tu as des préservatifs sur toi, Damien?
***
La main de Damien se figea à mi-hauteur.
— Qu... Quoi ?
Il regarda Vincent  traverser lentement le bureau et fermer la porte à clef. « Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? ». Puis, il ferma l'autre également.
— Vincent ? Qu'est-ce que tu fais ? siffla-t-il.
— Réponds à la question.
Dieu, lorsque Vincent  lui parlait comme ça, tout son sang se dirigeait vers le sud. Damien  se sentait brûlant et glacé en même temps.
— Je garde toujours un préservatif dans mon porte-documents. Pour les urgences.
Il déglutit en voyant les yeux de Vincent  se mettre à briller, une lueur de pure luxure les traversant.
— Prends-le.
« Oh mon Dieu, il ne pense pas à... ». Damien était soudain si dur qu'il en avait presque mal. Bon d'accord, il avait fantasmé une fois ou deux sur le fait que Vincent  le prenne au travail, la probabilité d'être surpris lui envoyant des frissons tout le long de sa colonne vertébrale, mais maintenant qu'il était confronté à la possibilité que tout devienne réel... Les doigts tremblants, il fouilla dans sa serviette et en sortit le sachet avec le préservatif enroulé, jetant un rapide coup d'œil sur la date d'expiration. « Ouf. Encore utilisable ».
Vincent sourit lorsqu'il le vit.
— Bien. Range ton bureau. Maintenant.
Damien déglutit. « Oh putain ! ». Rapidement, il commença à empiler les dossiers qui jonchaient son bureau et les déposa à la hâte sur le sol. Tout ce qui restait étaient le clavier et l'écran. Vincent se déplaça furtivement vers lui, déboutonna sa braguette et sortit son sexe, tirant dessus tranquillement. « Bordel, il est dur ! ». Damien frissonna lorsqu'il vint se placer derrière lui, afin qu'il puisse sentir la chaleur de son corps contre le sien. Vincent tendit la main vers sa taille pour ouvrir le bouton de son pantalon, puis il tira dessus, découvrant ses fesses. Damien haleta lorsqu'il sentit un de ses doigts caresser sa raie.
— Retire ta veste.
La voix profonde et suave le fit obéir instantanément. Il retira sa veste avec impatience et trembla lorsque Vincent glissa ses mains chaudes sous sa chemise, caressant son dos, avant de passer sur le devant et de tordre ses mamelons. Seigneur, allait-il se souvenir de tous les points chauds de Damien ? Il laissa échapper un petit miaulement.
— Non, non, bébé.
Le souffle chaud de Vincent  caressait son oreille.
— Tu ne peux pas faire de bruit. Quelqu'un pourrait entendre.
Le cœur de Damien rata un battement lorsque ses cheveux furent saisis, forçant sa tête en arrière, Vincent prenant sa bouche dans un baiser brutal, tout en langue et en dents, juste ce qu'il voulait. La langue de Vincent  pilla sa bouche sans relâche. Puis son doigt fut de retour, glissant sur son ouverture. Vincent rompit le baiser et Damien  eut un gémissement de déception. Le jeune homme se mit à rire.
— Nous avons besoin de lubrifiant. Je n'ai pas vraiment envie de te prendre à sec.
Oh putain ! Damien  aimait ça quand un partenaire parlait vulgairement.
— Dans... Dans ma salle de bain. J'ai une lotion pour les mains, balbutia-t-il.
Un autre petit rire retentit contre son oreille.
— Non, non. Pas bon. Ça ne fonctionne pas très bien avec des préservatifs. Où est ton baume à lèvre à base de vaseline ?
Vincent  l'avait vu l'utiliser une fois ou deux. Damien  indiqua d'un doigt tremblant le tiroir du haut de son bureau. Vincent se pencha vers le tiroir, l'attrapant avec impatience.
— Au citron ? Bien.
Damien  n'avait pas osé bouger. Il se tenait là, le pantalon sur les cuisses, sa chemise recouvrant à moitié seulement ses fesses, sa queue dressée en dessous, dure et impatiente. Vincent se tenait à côté de lui, défaisant lentement sa cravate. Damien déglutit. L'expression dans ces yeux bruns...
— Enlève ta cravate.
Les mains tremblantes, Damien obéit. Il la tendit à Vincent.
— Bon garçon.
Damien frissonna sous les mots. Merde ! Une nuit de sexe brûlant il y a près de trois mois maintenant et Vincent se souvenait de tout. Il se tenait toujours immobile lorsqu'il passa derrière lui.
— Ferme les yeux, bébé.
Damien  obéit, frissonnant en sentant la cravate de soie recouvrir ses yeux, puis être serrée autour de sa tête lorsque Vincent  la noua. Il trembla lorsque ces mains intrépides caressèrent sa peau nue sous sa chemise, puis étouffa un hoquet de surprise lorsque sa chemise lui fut retirée de ses épaules, libérant ses bras.
— Mains derrière le dos.
Ces instructions, sèches et directes, augmentèrent son excitation. Il poussa un faible cri lorsque ses mains furent saisies au niveau des poignets et liées avec sa chemise, pas assez pour couper la circulation sanguine, mais suffisamment pour l'empêcher de se libérer. Vincent  saisit la chemise et le poussa contre le bureau, son visage rencontrant le bois verni, son ventre reposant contre le bord.
— Prêt à te faire baiser ?
Les mots étaient prononcés tranquillement, mais il pouvait entendre une véritable chaleur derrière eux. Damien fit de son mieux pour hocher la tête, mais c'était difficile – Vincent  le poussa davantage, pressant sa main au centre de son dos, sous la nuque, entre les omoplates.
—Oui, oh merde, oui, murmura Damien.
Il était complètement à la merci de Vincent – et putain, il adorait ça.
— Hmmm, pas tout à fait prêt. Nous avons besoin de quelque chose d'autre.
Damien gémit comme un autre lien recouvrait sa bouche, le bâillonnant. Il grogna lorsque Vincent l'accrocha derrière sa tête. Oh Dieu. Encore à moitié habillé, les yeux bandés, ligoté et bâillonné – tous ses fantasmes prenaient vie.
La main fut de retour sur sa nuque, le maintenant immobile. Un léger arôme de citron emplit soudain son nez. Vincent avait ouvert le baume à lèvres. Damien frissonna, car le léger parfum inondait ses sens. Une pensée parasite s'infiltra dans son cerveau. « Seigneur, à chaque fois que je l'utiliserai désormais, je vais repenser à cette scène ». Damien adorait cette idée. La pensée le traversa lorsque deux doigts plongèrent dans son entrée avide. « Putain... ».
Vincent était appuyé contre lui, sa chemise frottant contre sa peau fraîche.
— Je vais te baiser maintenant, bébé.
Son souffle chatouilla l'oreille de Damien. Son cri fut étouffé par le bâillon lorsque Vincent tordit son doigt à l'intérieur, le baisant violemment. Damien se repoussa, haletant avec ce qui allait arriver. Vincent  embrassa sa colonne, ne faisant aucune pause dans son assaut érotique.
— Seigneur, tu es impatient, n'est-ce pas ?
Damien miaula. Vincent laissa échapper un petit rire.
— Patience. Je veux que ce cul soit prêt pour que je puisse glisser mes vingt centimètres dedans.
Damien gémit. « Allez, baise-moi maintenant ».
— Je te laisse seul pendant que j'enfile le préservatif. Ne bouge pas.
Damien hocha la tête avec frénésie pour montrer son acquiescement alors que Vincent le relâchait, ses doigts sortant de son corps. Le bruit du papier sembla résonner fortement. Il entendit le latex claquer et frissonna d'anticipation. Il était absolument immobile, n'osant pas bouger, écoutant les bruits, attendant avec impatience le premier signe qu'il était sur le point de se faire prendre. Enfin, il sentit la verge de Vincent , chaude et dure pressée contre son entrée. Il se poussa en arrière, mais Vincent  le maintint fermement.
— Non, bébé. Je dirige.
Damien aurait pu crier de frustration. Il se força à rester impassible, écoutant tous les sons, puis son corps se raidit lorsque Vincent le pénétra, le remplissant complètement. « Putain il est énorme ». Vincent  le saisit par les poignets et les épaules comme il claquait en lui, ses boules giflant ses fesses. La bouche de Damien s'ouvrit sur un cri silencieux, le son retenu par le bâillon alors que Vincent  agressait son cul, le poussant sans relâche vers l'orgasme.
— Putain, j'avais oublié à quel point tu es serré.
Vincent se déplaçait plus rapidement maintenant, sa queue frappant sa glande à chaque poussée. La queue de Damien était piégée contre le bureau, glissant contre le bois avec chaque coup de hanche qui le propulsait en avant. Il gémit de gratitude lorsque  Vincent relâcha son épaule et attrapa fermement ses hanches, le soulevant davantage. Puis il se pencha sur lui et saisit son sexe, tirant dessus avec force, le mouvement brusque à la limite de la douleur.
— Tu va bientôt jouir pour moi ? haleta Vincent au-dessus de lui.
Damien pouvait sentir l'éraflure de la boucle de la ceinture de Vincent  contre l'arrière de ses cuisses, sa chemise battre contre son dos. Dieu, il aurait aimé pouvoir voir à quoi il ressemblait ainsi. Vincent  entièrement vêtu qui le baisait sur son bureau et lui, à moitié nu, le pantalon en bas des jambes. La vision l'amena dangereusement près du gouffre et il frissonna. Vincent  accéléra, ses hanches claquant dans Damien comme il se retirait presque complètement pour revenir en lui, à plusieurs reprises. C'en était trop. Les boules de Damien se resserrèrent contre son corps.
La poitrine de Vincent rencontra son dos, ses hanches pompant en lui alors qu'il le baisait durement, sa poigne de fer toujours enroulée autour du membre rigide de Damien.
— Jouis pour moi.
Damien se raidit comme il explosait, écoutant les halètements de Vincent qui continuait de bouger pendant son orgasme, ses muscles internes pressant sa verge dans un étau. Soudain, celle de Vincent  grossit encore, le remplissant complètement et il savait que son amant jouissait. Vincent l'attrapa, passant son bras autour de son torse, le tenant fermement pendant qu'il trouvait sa libération. Damien sentit son sperme pulser au fond de lui, sa chaleur atténuée par le latex. Vincent inclina son dos contre lui, joignant leurs corps, toujours prisonnier en lui.
Damien faillit pleurer de soulagement lorsque Vincent  retira soigneusement le bâillon et la cravate qui couvrait ses yeux, avant de délier la chemise autour de ses poignets. Il frotta les avant-bras de Damien afin de faire circuler le sang , puis il s'empara de sa tête pour la tourner vers lui et amener leurs lèvres dans un sublime baiser, plein de tendresse. Damien se perdit dans le baiser, ne voulant pas rompre à la connexion entre eux, gémissant de déception lorsque leurs lèvres se séparèrent.
— Oh, bébé...
La voix de Vincent était enrouée par l'émotion.
— C'était merveilleux.
Damien laissa échapper un petit acquiescement.
— Embrasse-moi.
Vincent  sembla trop heureux de lui obéir, prenant immédiatement sa bouche, leurs baisers devenant intenses et enivrants. Il sentit le pénis de Vincent glisser hors de son corps.
Le bruit du cliquetis de la poignée de porte fut une intrusion malvenue.
— C'est fermé, tu te souviens ? chuchota Vincent .
Damien hocha brièvement la tête avec soulagement, seulement pour sentir son cœur bondir dans sa poitrine lorsqu'il entendit une voix familière provenant de l'autre côté de la porte.
— Avez-vous vu Damien ? La porte de son bureau semble bloquée.
« Oh, putain ! Melissa ».
Les yeux de Vincent s'écarquillèrent et ils se séparèrent vivement, Vincent  retirant le préservatif et s'en débarrassant à la hâte, tous les deux remettant leur pantalon, se rhabillant rapidement et pendant tout ce temps, ils entendirent Rick parler à l'extérieur avec Melissa. Damien regarda autour de lui, avec un air paniqué. L'air était épais avec le parfum de sperme et de sexe. Vincent se précipita dans la salle de bain, attrapa l'assainisseur d'air et pulvérisa de longs jets dans toute la pièce. Les doigts de Damien refusèrent de coopérer alors qu'il essayait de renouer sa cravate, son cœur faisant un autre bond quand la poignée fut secouée une nouvelle fois.
— Damien ? Es-tu là-dedans ?
Sa voix nasale semblait si forte.  Vincent remit les dossiers sur le bureau, avant de regarder Damien et lui-même, levant les pouces en l'air. Damien se dirigea vers la porte et passant une main dans ses cheveux pour se calmer, tourna la clef et ouvrit la porte. Melissa s'arrêta en pleine action, alors qu'elle allait de nouveau frapper sur la porte. Rick se tenait derrière elle, lui adressant un regard d'excuse.
Melissa. Que puis-je faire pour toi ?
Il essaya de faire de son mieux pour garder un ton uni.
Elle le poussa et entra dans la pièce, la balayant du regard, de manière suspecte.
Pourquoi ta porte était-elle fermée ?
Sa voix était dure.
Damien releva les sourcils.
— Nous étions en plein milieu d'une session de planification. Je lui avais demandé de s'arranger pour que nous ne soyons pas dérangés.
Il fronça les sourcils. Il détestait la façon dont elle débarquait à l'improviste, entrant dans son bureau comme si elle bénéficiait d'un droit divin d'être là. Peut-être était-il temps de mettre un terme à ce caprice de son père. Pas question que Damien fasse son coming out, mais il allait s'assurer que Justin sache qu'il n'accepterait plus qu'il lui organise des rendez-vous avec de nouvelles prétendantes.
Melissa se dirigea vers le bureau, chancelant du haut de ses dix centimètres de talons ridicules. Ses longs cheveux auburn étaient toujours aussi impeccables comme d'habitude, tout comme son maquillage. Damien soupira intérieurement. Son apparence était la priorité numéro un de Melissa. Il se dirigea vers elle, étant sur le point de lui demander de partir lorsqu'elle se figea, son attention fixée sur le bureau. Oh bon sang ! Quoi ? Puis elle se dirigea vers la corbeille à papier et baissa les yeux. Damien vit le visage de Vincent  pâlir.
Melissa se retourna lentement sur ses talons pour lui faire face.
—Eh bien, cela explique pas mal de choses.
Il y avait un froid sourire diabolique sur son visage.
***
Vincent  resta figé sur place, près du canapé. Oh merde ! Cela allait devenir mauvais.
Melissa lui tournait le dos, son attention fixée sur Damien. Vincent  se dirigea tranquillement vers le bureau, mais elle se retourna pour le fusiller du regard.
— Et vous, restez là où vous êtes.
Elle sourit, révélant ses dents parfaitement blanches, mais il n'y avait aucune chaleur dans son sourire. Sans bouger la tête, elle aboya un ordre à Damien.
— Ferme la porte, Damien. Nous ne voulons pas être dérangés, n'est-ce pas ? Pas pendant la petite discussion que nous allons avoir tous les trois.
Elle cligna de l'œil en direction de Vincent qui ne put s'empêcher de frémir. Il ne pouvait détacher ses yeux de cette femme, entendant Damien fermer doucement la porte et venir s'installer près du canapé après avoir traversé la pièce.
— Pourquoi ne pas vous asseoir, Vincent ? Sa voix le fit frissonner.
— Et Damien, viens t'asseoir à côté de ton petit ami.
Le visage de Damien était pâle comme la mort.
— Que... Qu'est-ce que tu racontes ?
Les lèvres de Melissa s'étrécirent.
— Ne cherche pas à le nier. Il y a des taches de sperme sur ton bureau et un emballage de préservatif dans ta poubelle – avec le préservatif utilisé.
Les yeux de Damien rencontrèrent ceux de Vincent qui haussa les épaules, impuissant. Il savait ce qu'elle avait vu, dès qu'elle avait regardé le contenu de la poubelle. Damien s'assit lourdement sur le canapé. Vincent ne put se retenir, il tendit la main et prit la sienne, la serrant. Damien baissa les yeux, puis lui adressa un regard reconnaissant.
— Oh, comme ils sont mignons !
Les deux hommes se retournèrent vers elle pour lui faire face. Les joues de Melissa étaient rouges, mais l'expression de son visage était pure méchanceté.
Damien se redressa.
— Que veux-tu ?
Vincent était fier de lui.
— Pas grand-chose.
D'une certaine manière, Vincent en doutait.
— J'en ai assez d'être la dernière en date d'une longue liste de petites amies malchanceuses, c'est tout.
— Et ?
Le front de Damien se plissa. Vincent était tout aussi troublé par la déclaration que lui.
— Donc, je veux devenir Madame Campbell, dit Melissa en souriant.
Le cœur de Vincent  se serra. Elle devait plaisanter, putain ! Il jeta un coup d'œil à Damien pour évaluer sa réaction. Damien le dévisagea.
— Qu'est-ce qui t'a amené à croire que j'allais t'épouser ? rétorqua-t-il, ne se donnant manifestement plus la peine de masquer ses émotions. Et pourquoi voudrais-tu épouser quelqu'un qui est gay ?
Melissa le regarda, les yeux glacés.
— Parce que si tu n'acceptes pas, je vais m'assurer que ce cher Papa sache exactement ce que son fils fait avec son magnifique assistant.
De nouveau ce sourire plein de dents parfaitement alignées.
— Et tu pourras dire adieu à la reprise de cette société. Je ne pense pas que Justin  Campbell laissera un pédé avoir le contrôle de son précieux Trinity Publishing. N'est-ce pas ?
Elle regardait Damien d'un air entendu.
— Et quant à la raison pour laquelle je veux t'épouser, elle est très claire : je lis les journaux. Je connais la valeur de Trinity. Si cette entreprise ne cesse de croître comme elle en prend le chemin, tu vas avoir beaucoup de succès et devenir un homme très riche. Et je veux être à tes côtés tout au long du chemin. Je vais devenir l'épouse entretenue d'un riche magnat de l'édition.
Damien la regarda comme s'il avait reçu un coup de poing dans le ventre. Le cœur de Vincent s'envola près de lui. Il resserra son étreinte sur la main de Damien , seulement pour le sentir se libérer. Melissa vit le mouvement et sourit cruellement.
—Garçon intelligent. Maintenant, tu agis raisonnablement.
Le cœur de Vincent se serra. « Oh mon Dieu, s'il te plaît, ne me dis pas qu'il envisage même... ».
— Combien de temps ai-je pour prendre une décision ?
La voix de Damien semblait étranglée.
Melissa fit semblant d'examiner attentivement la question.
— Eh bien, c'est Noël dans environ trois semaines. Et le Nouvel An, une semaine après. J'ai toujours trouvé que la nouvelle année était un moment très romantique pour annoncer des fiançailles, pas toi ?
Ses yeux brillaient.
—Eh bien, je suis sûre que vous avez beaucoup à discuter les garçons, donc je vais vous laisser.
Elle rayonnait, comme si tout le mal qu'elle venait de vomir était la chose la plus naturelle du monde. Elle se dirigea vers la porte et se retourna pour leur faire face. Son visage durcit.
— Assure-toi de prendre la bonne décision, Damien.
Ses yeux rencontrèrent Vincent.
— Rien de personnel, mon cher. Juste pour que vous le sachiez, lorsque je serai devenue Madame Campbell, vous ne remettrez jamais plus les mains sur sa bite à nouveau. Je n'ai aucune envie d'être gênée par des photos de vous deux prises à l'improviste dans les médias.
Elle pencha la tête.
— En fait, si j'étais vous, je commencerais à me chercher un autre emploi dès maintenant. Parce qu'une fois que nous serons mariés, vous serez viré d'ici.
Et sur ce, elle sortit de la pièce, laissant Vincent avec l'odeur âcre de son parfum et un goût très amer dans la bouche.
Le silence dans la pièce était étouffant. Damien fixait le sol, le visage blême. Vincent  mourrait d'envie de le consoler. Il attendit que Damien lui dise que tout irait bien. Lorsqu'il devint clair que de telles paroles ne viendraient pas, Vincent devait dire quelque chose.
— Damien, s'il y a quelque chose...
— Je crois que tu ferais mieux de retourner dans ton bureau.
Vincent  le regarda avec consternation. Les paroles de Damien étaient prononcées sur un ton monocorde, les yeux perdus dans le vague.
C'était comme si une porte venait de se refermer, et que Damien se cachait derrière au lieu de prendre soin de lui.
— Quoi ?
— Tu m'as bien entendu.
La mâchoire de Damien était crispée.  Vincent l'avait bien entendu. C'était juste qu'il ne pouvait pas croire ce qu'il entendait.
— Je vais passer le reste de la journée à lire des manuscrits. Je ne veux pas être dérangé.
Il regarda calmement Vincent.
— autre chose ?
Vincent  se figea. Il venait apparemment d'être rejeté. Il se leva, faisant de son mieux pour garder une voix neutre.
— Non, rien d'autre.
Il se dirigea rapidement vers la porte voisine, ne se retournant pas une seule fois vers son patron. Il ne voulait pas montrer à Damien les larmes qui s'accumulaient au coin de ses yeux à cet instant. Il entra dans son bureau et referma la porte derrière lui, s'appuyant contre le panneau. La tristesse l'envahit.
« J'ai l'impression que je viens juste de perdre mon meilleur ami ». À l'instant même où la pensée traversa son esprit, Vincent savait qu'il se mentait à lui-même. « Ne devrais-tu pas plutôt dire, l'homme dont tu es tombé amoureux ? ».
Merde.

Je suis tomber amoureux de mon assistantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant