"Gabriel, recommence pas..."
"Quoiii ?" demanda-t-il d'une voix chantante.
Avec les bras enroulés autour de la taille de son petit ami, son torse plaqué contre son dos, le Premier Ministre démissionnaire n'était pas prêt à bouger d'un pouce. Au contraire, il resserra son étreinte et se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa nuque. Mais toute l'attention de Jordan était rivée sur le plan de travail.
Aujourd'hui, pour leur dernière journée de vacances, c'était pizza maison au menu du midi. Comme à son habitude, Jordan avait insisté pour s'occuper de la préparation du repas et s'était même aventuré à essayer un tablier qu'il avait trouvé dans un des meubles de la cuisine. Le vêtement couvrait à peine son torse, et au vu de l'inscription sur le devant ("Mamie gâteau"), il semblait être destiné à de plus petits gabarits. Maniaque comme il était, Jordan avait préféré se contenter de ce bout de tissu pour protéger son t-shirt d'éventuelles projections de farine.
"Je peux pas me concentrer comme ça," maugréa Jordan en attrapant le rouleau à pâtisserie.
"C'est pas ma faute. T'es si sexy quand t'as la main dans la pâte..."
Gabriel laissa ses mains glisser le long de ses flancs et suivre la courbe de ses fesses musclées - que son tablier ne couvrait heureusement pas. Jordan soupira.
"Oui, bah, même si tu me trouves sexy comme ça, je pourrais pas faire grand chose pour te satisfaire. Il me faut un temps de récupération, là."
Ils avaient encore fait l'amour la veille, avant de s'endormir. Ce matin, avant même qu'ils aient pris leur petit-déjeuner, Gabriel l'avait gratifié d'une pluie de baisers, sur son cou, sur son torse, sur son ventre, et s'était arrêté seulement quand il avait pu enfin le prendre dans sa bouche.
Avec son corps encore courbaturé de la veille, Jordan était resté allongé sur le dos, accompagnant paresseusement les mouvements de Gabriel avec une main enfouie dans ses cheveux. À ce moment-là, piégé entre les lèvres à la fois douces et voraces de son petit ami, Jordan n'avait pu s'empêcher de penser à quel point il était un homme chanceux.
Et heureux.
Il n'aurait pu rêver mieux que de se réveiller encore une fois aux côtés de Gabriel, dans leur petit coin de paradis bien ensoleillé, loin de Paris, loin des problèmes.
Mais malgré son endurance et sa grande vitalité, Jordan n'était qu'un homme. Après avoir fini dans la gorge de Gabriel, il s'était senti vidé - dans tous les sens du terme.
"Un temps de récupération ? C'est-à-dire ?" souffla Gabriel contre le tissu de son t-shirt.
Jordan pouvait deviner dans sa voix teintée d'amusement qu'il arborait déjà ce fameux sourire en coin qu'il affectionnait tant.
"J'pense qu'il me faut encore quelques heures minimum avant que la machine ne se remette en route..."
"Hmm... Pourtant, t'es encore dans ta vingtaine, toi."
"Plus pour longtemps," soupira-t-il dramatiquement.
Il sentit les bras fins autour de sa taille se desserrer progressivement. Gabriel avait décidé de le laisser tranquille. Pour le moment.
Alors que son petit ami s'affairait à abaisser la pâte sur le plan de travail, les yeux du Premier Ministre démissionnaire se perdirent dans les mouvements des muscles et des tendons de ses avant-bras, de ses mains. Ses veines créaient sur sa peau d'albâtre un dessin en relief intrigant, un peu similaire à une jolie carte routière.
"Oh," réalisa soudainement Gabriel. "C'est d'ailleurs bientôt ton anniversaire, non ?"
Jordan lui jeta un regard par-dessus son épaule, un sourire aux lèvres.
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Un Fil (Bleu, Blanc) Rouge
FanficLes destins de Gabriel Attal et de Jordan Bardella se sont entrelacés trois fois. Trois rencontres fortuites. La première sous un soleil d'été, entraînés par la fougue de leur jeunesse et cédant à leurs désirs les plus purs. La deuxième au-dessus de...