L'Exil en Mauritanie (Juin 1903)

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En juin 1903, Cheikh Ahmadou Bamba fut contraint de quitter à nouveau sa terre natale pour un second exil, cette fois en Mauritanie. Ce départ, survenu le 14 du mois de Rabi Al-Awwal (mois du *Gamou*), porte une coïncidence historique : il marqua l'anniversaire de la décision du Conseil Privé de Saint-Louis qui avait, quelques années auparavant, ordonné son premier exil au Gabon. Il survint également peu après la célébration de la naissance du Prophète Muhammad (PSL), le 12 du mois de Gamou, rappelant ainsi l'Hégire du Prophète de La Mecque vers Médine.

Avant de partir, Cheikh Ahmadou Bamba confia la gestion de la communauté mouride à ses fidèles proches. Son frère, Mame Thierno Birahim, fut chargé de superviser l'enseignement religieux des disciples, tandis que Mame Cheikh Anta était responsable des activités économiques de la communauté.

En Mauritanie, Cheikh Ahmadou Bamba se rendit dans le village de *Saout-el-Ma* sous la protection de Cheikh Sidya, une figure spirituelle influente que les colons pensaient capable d'exercer une autorité sur lui. Durant son exil, Cheikh Ahmadou Bamba participa à de nombreux déplacements avec la famille de Cheikh Sidya, notamment vers des points d'eau importants tels que Babagouy, Al-Idiyya, Tanamir et Sarsar. C'est à Sarsar que les autorités coloniales autorisèrent pour la première fois des visites au Cheikh, permettant ainsi à de nombreux fidèles venus du Sénégal d'entreprendre le pèlerinage pour rencontrer leur guide spirituel. Ces visiteurs étaient également composés de tribus bédouines, notamment les *Bani Dayman*, réputées pour leur piété et leur profond savoir islamique.

Parmi ces érudits, le célèbre Muhammad al-Yaddali, un intellectuel de renom, fut impressionné par la sagesse et la lumière spirituelle de Cheikh Ahmadou Bamba après l'avoir mis à l'épreuve. Cet élan de respect conduisit les *Bani Dayman* et d'autres tribus bédouines à prêter allégeance au Cheikh, un acte d'une portée psychologique considérable, car jusqu'alors, la maîtrise des sciences islamiques était perçue comme une prérogative des Maures, tandis que les Noirs africains étaient souvent déconsidérés dans ce domaine.

Cheikh Ahmadou Bamba, par ses enseignements et sa conduite exemplaire, parvint à briser ces préjugés et à s'affranchir très tôt de ce complexe d'infériorité. Il avait déjà abordé cette question dans son célèbre ouvrage *Massalikul Jinaan* (Les Itinéraires du Paradis), où il écrivait : « Que mon appartenance à la race noire ne t'incite point à ne pas accorder le crédit dû à cet ouvrage. L'homme le plus honorable auprès de DIEU est sans conteste celui qui Le craint le plus. La couleur noire de la peau ne saurait aucunement être un indice de sottise ou d'inintelligence. »

Plus tard, le Cheikh rendra grâce à Dieu pour l'allégeance des tribus bédouines en disant : « La Louange soit rendue à DIEU qui des Bani Dayman a fait mes auxiliaires. »

Durant cette période, les mourides firent preuve d'une grande dévotion en effectuant de longs et périlleux voyages pour rencontrer leur guide, souvent à pied ou par d'autres moyens rudimentaires, uniquement motivés par leur foi. Cette affluence grandissante inquiéta les autorités coloniales, qui envisagèrent de transférer le Cheikh à Fort-Coppolani, au nord de la Mauritanie, en 1906, afin de limiter son influence.

Toutefois, en 1907, Cheikh Ahmadou Bamba fut autorisé à retourner au Sénégal. Mais les autorités, redoutant l'impact de son retour, imposèrent des restrictions strictes. Il fut placé en résidence surveillée à Thiéyène, dans la région du Jolof, où un terrain de quatre kilomètres carrés lui fut attribué. Là, les colons mirent en place des mesures draconiennes pour limiter l'accès au Cheikh et contrôler l'afflux constant de visiteurs et de dons qui lui parvenaient de toutes parts.

Cheikh Ahmadou Bamba resta à Thiéyène pendant près de quatre ans et demi, jusqu'à ce que, sur demande du commandant du Cercle, il soit transféré à Diourbel. Cette décision, bien que présentée comme un geste de bienveillance, était en réalité motivée par des intérêts bien moins honorables de la part des autorités coloniales, soucieuses de maintenir leur contrôle sur l'influence croissante du Cheikh.

Ainsi, malgré les tentatives répétées de marginaliser Cheikh Ahmadou Bamba et de restreindre son influence, sa foi inébranlable, son dévouement à Dieu et son rôle de guide spirituel lui permirent de surmonter toutes les épreuves et de renforcer les fondations du mouridisme.










Voici donc cet exposé sommaire intitulé « La Vie Extraordinaire de Cheikh Ahmadou Bamba : Le Serviteur du Prophète ». Quiconque y découvrira des lacunes est prié de dissimuler l'imperfection de nom savoir et de demander pardon pour moi au lieu de se détourner de mon exposé ! Car, en dépit de ces lacunes, il y trouvera des idées qu'il appréciera. Cet exposé n'est en outre qu'une introduction à l'ouvrage intitulé « La Vie Extraordinaire de Cheikh Ahmadou Bamba : Le Serviteur du Prophète » du Cheikh Mouhammad al-Bachir fils du Cheikh Ahmadou Bamba. En effet, celui-ci est un livre exhaustif (Que Dieu l'agrée, facilite sa diffusion, lui en récompense dans l'Au-delà et perpétue sa mémoire grâce à lui. Que Dieu facilite l'achèvement et la diffusion de notre livre et l'agrée grâce à cet ouvrage, à son auteur et à son sujet !). En effet, le Très-Haut est le Détenteur de la grâce, qui nous assiste ici-bas et dans l'au-delà.
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JEUREUDIEUF SERIGNE TOUBA DIARAMA CHEIKH IBRAHIMA FALL

La Vie Extraordinaire de Cheikh Ahmadou Bamba : Le Serviteur du ProphèteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant