Début des hostilités avec les autorités coloniales. (mars 1889)

5 2 0
                                    


 

Le fort sentiment de défiance suscité par l'incroyable affluence faisant jour auprès de Cheikh Ahmadou Bamba et les effets radicaux que produisait sa formation sur les nouveaux mourides, fut à la base de fortes oppositions de certains guides envieux et des chefs indigènes désemparés.

Une dure répression commença alors à se faire jours à travers des exactions de toutes sortes qu'infligeaient les chefs traditionnels mandataires des colons aux disciples mourides à des des fins d'intimidation; leurs cases furent brulées, leurs récoltes et autres biens saisis, leurs personnes arbitrairement détenues...

Mais hautement conscients de la valeur inestimable de leur guide et à l'évocation des Compagnons du Prophète (PSL), ayant eu à subir le même type d'acharnement aux débuts de l'Islam et de l'héritage desquels ils se réclamaient, les mourides surent préserver leur engagement et ne pas abdiquer de la Voie de la Vérité; ainsi put s'accentuer la dynamique autour de Khadimou Rassoul.

Débuta alors une campagne systématique de calomnie et de dénigrement du saint homme que prouvent le grand nombre de rapports mensongers qui furent alors adressés par la chefferie locale aux autorités coloniales.

Celles-ci n'accordèrent, tout d'abord, aucun crédit à des allégations qui, après enquête, se trouvaient abusives et leurs premières réactions furent d'abord que l'accusé était aux antipodes des plaintes dont il faisait objet; ce qui contribua au maintien de leurs relations au beau fixe.

Ayant quitté Touba vint s'installer en 1895 dans le Jolof où il fit reconstruire le village de ses ancêtres Mbacké-Bâri tombé en ruines. La situation stratégique de cette localité aux confluences du Cayor, du Baol et du Jolof, mais aussi de l'affluence inédite qui y vit le jour et qui draina nombre d'éléments de la noblesse ceddo déchue, tout cela, allié au caractère d'insubordination de plus en plus affiché des novices mourides, ne manqua de raviver très vite les suspicions et les hostilités.

Dans un tel contexte, l'acharnement des colonisateurs et leurs fins stratagèmes eurent raison de la défiance naturelle des colonisateurs qui ne manquèrent point de nourrir bientôt des craintes sur la puissance croissante du Cheikh et sur la similitude qu'ils semblent déceler dans sa démarche avec celles des autres chefs religieux, en dépit de l'attitude foncièrement non violente et entièrement voué à DIEU et à l'imitation du Prophète (PSL) dont celui-ci faisait constamment montre et qui lui fit dire: «Les armes de mon combat sont la Science et la Crainte Révérencielle, en qualité d'esclave de DIEU et Serviteur de son Prophète; en est Témoin le SEIGNEUR qui régente toute chose.»

A la fois totalement ignorant de la philosophie du Cheikh et sa mystique de la Khidmah (Service du Prophète) qui excluait tout acte de violence et même envers la plus vile des créatures, mais aussi frappés par le contraste de la véhémence des accusateurs tranchant avec la relative tiédeur des dénégations de l'accusé, tout cela conjugué à la psychose ambiante de la guerre sainte fit que le Gouverneur Général décida, en mai 1895, de convoquer Cheikh Ahmadou Bamba à St-Louis, exécutant, en fait par là, une volonté du TRÈS-HAUT qui en avait décidé ainsi de toute éternité...

La Vie Extraordinaire de Cheikh Ahmadou Bamba : Le Serviteur du ProphèteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant