En 1915, les relations entre Cheikh Ahmadou Bamba et les autorités coloniales franchirent un tournant décisif, notamment grâce au célèbre rapport de l'Administrateur de Diourbel. Après deux années d'observation de la vie quotidienne du saint homme, l'Administrateur en vint à une admiration certaine pour sa piété et son influence. Ce rapport eut un effet profond sur les autorités coloniales, qui commencèrent à adopter une attitude plus conciliante envers Cheikh Ahmadou Bamba, tout en tentant de l'inclure dans leur stratégie de gestion de l'Islam en Afrique Occidentale Française (AOF).
Dans cette optique, les colonisateurs nommèrent Cheikh Ahmadou Bamba membre du Comité Consultatif des Affaires Musulmanes de l'AOF. Toutefois, fidèle à sa ligne de conduite, le Cheikh refusa de participer aux réunions, percevant cette manœuvre comme une tentative de récupération politique et religieuse. De même, lorsque l'administration française lui accorda la légion d'honneur, le Cheikh accepta le diplôme mais refusa de porter l'emblème, une croix, qu'il jugeait incompatible avec ses convictions religieuses. Il déclina également cet honneur, qu'il qualifia de «vain honneur de la terre».
Malgré ces tentatives d'intégration, la communauté mouride poursuivit son chemin indépendamment des volontés coloniales. L'une des grandes avancées de cette période fut la construction de la première mosquée en dur de la confrérie mouride à Diourbel. Cela représentait un jalon important dans la visibilité et l'organisation de la communauté.
Cependant, la demande constante de Cheikh Ahmadou Bamba de retourner à Touba fut systématiquement refusée par les autorités coloniales, qui percevaient la ville comme un symbole d'autonomie spirituelle et de pouvoir mouride. Les aspirations du Cheikh vers sa ville sainte ne furent jamais apaisées de son vivant.
En 1925, une demande officielle pour la construction d'une grande mosquée à Touba fut soumise aux autorités. Bien que l'autorisation ait pris du temps à être accordée, en raison de certaines réticences au sein de l'administration, elle fut finalement obtenue le 26 avril 1926. Toutefois, les débuts de la construction furent marqués par des difficultés. Le premier architecte occidental engagé pour la mosquée se révéla malhonnête, et le projet fut ensuite confié à M. Tallerie, l'Administrateur du Cercle de Thiès. Cependant, ses exigences financières démesurées conduisirent à un conflit avec l'Administration Publique, retardant les travaux.
C'est dans ce contexte de tension entre les ambitions mourides et les autorités coloniales que Cheikh Ahmadou Bamba quitta ce monde le 19 juillet 1927, à Diourbel, à l'âge de 75 ans. Il s'éteignit après une vie marquée par des épreuves, mais aussi par un dévouement inégalé au service de Dieu et de l'humanité. Ce jour marqua la fin d'une époque, mais aussi le début de l'immortalité spirituelle de Cheikh Ahmadou Bamba dans le cœur de ses disciples.
Son décès survenait alors que les versets de la sourate 39, *Az Zumar* («Les Groupes»), semblaient résonner comme une célébration de son parcours spirituel accompli :
« Louange à ALLAH qui a tenu Sa Promesse à notre égard et nous a fait hériter le domaine du Paradis. [...] Que la récompense de ceux qui font le bien est excellente ! »
Voici donc cet exposé sommaire intitulé « La Vie Extraordinaire de Cheikh Ahmadou Bamba : Le Serviteur du Prophète ». Quiconque y découvrira des lacunes est prié de dissimuler l'imperfection de nom savoir et de demander pardon pour moi au lieu de se détourner de mon exposé ! Car, en dépit de ces lacunes, il y trouvera des idées qu'il appréciera. Cet exposé n'est en outre qu'une introduction à l'ouvrage intitulé « La Vie Extraordinaire de Cheikh Ahmadou Bamba : Le Serviteur du Prophète » du Cheikh Mouhammad al-Bachir fils du Cheikh Ahmadou Bamba. En effet, celui-ci est un livre exhaustif (Que Dieu l'agrée, facilite sa diffusion, lui en récompense dans l'Au-delà et perpétue sa mémoire grâce à lui. Que Dieu facilite l'achèvement et la diffusion de notre livre et l'agrée grâce à cet ouvrage, à son auteur et à son sujet !). En effet, le Très-Haut est le Détenteur de la grâce, qui nous assiste ici-bas et dans l'au-delà.
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JEUREUDIEUF SERIGNE TOUBA DIARAMA CHEIKH IBRAHIMA FALL
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La Vie Extraordinaire de Cheikh Ahmadou Bamba : Le Serviteur du Prophète
SpiritualeDécouvrez la vie fascinante de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme et l'un des plus grands érudits et mystiques de l'islam du monde en particulier en Afrique de l'Ouest. Né en 1853 à Mbacké Baol, au Sénégal, dans une famille pieuse, il...
