Chapitre 2 : L'Ombre du Passé

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Severus Rogue n'était pas un homme de sentiments. Du moins, c'est ce qu'il aimait se dire, ce qu'il s'était répété depuis des années pour s'assurer que le passé ne le dévorerait pas. Pourtant, ce matin-là, lorsqu'il franchit la porte de l'ophelinat de Londre pour accompagner Elisabeth sur le Chemin de Traverse, une onde glacée de souvenirs remonta dans sa gorge.

Elle était là, debout, ses cheveux roux brillant sous la lumière du matin. Ce même rouge éclatant qui appartenait autrefois à Lily. Et ses yeux... ce vert perçant, profond, identique à celui qu'il avait vu chaque jour dans ses rêves, puis dans ses cauchemars.

Elisabeth avait l'apparence d'un paradoxe vivant, une fusion troublante entre sa mère, Lily Evans, et son père, Severus Rogue. Ses cheveux longs, d'un roux éclatant, étaient identiques à ceux de Lily, une crinière flamboyante qui lui tombait en cascade sur les épaules, attirant immanquablement l'attention partout où elle allait. Ses yeux, bien que de la même couleur vert émeraude que ceux de sa mère, portaient la forme caractéristique des yeux de Severus : légèrement enfoncés, avec ce regard perçant et observateur qui semblait lire au-delà des apparences.Son nez et sa bouche rappelaient directement Lily. Un nez fin et élégant, une bouche douce et délicate, l'ensemble formant un visage qui dégageait une beauté discrète. Mais c'était là que les ressemblances avec sa mère s'arrêtaient. Le reste de ses traits portait l'empreinte de Severus : un teint pâle, presque blafard, qui contrastait avec l'éclat de ses cheveux et de ses yeux. Elle avait la maigreur caractéristique de son père, comme si elle portait en elle un fardeau invisible, un poids qui la rendait plus frêle, plus fragile qu'elle ne le paraissait au premier regard.

Lorsque Severus Rogue posa les yeux pour la première fois sur Elisabeth à l'orphelinat, une onde de choc le traversa. C'était comme être projeté brutalement dans le passé, à une époque où il contemplait Lily, la seule personne qu'il avait véritablement aimée. Mais au lieu de la paix qu'elle apportait autrefois, cette vision d'Elisabeth éveilla en lui un tourbillon de sentiments contradictoires.

D'abord, la surprise. Bien qu'il sache à quoi s'attendre, la réalité le heurta avec une violence inattendue. Ses cheveux, d'un roux éclatant, brillaient exactement comme ceux de Lily sous le soleil, et ces yeux, ce vert si pur, étaient une réplique exacte de ceux qui l'avaient hanté pendant des décennies. Mais ensuite, le malaise. Elisabeth n'était pas seulement le reflet de Lily ; elle était aussi le miroir de ses propres faiblesses. Ses traits maigres, son teint blafard, la dureté cachée dans ses yeux... C'était lui qu'il voyait en elle, une version plus jeune, plus innocente, mais déjà marquée par une douleur qu'elle ne pouvait encore comprendre.

Une bouffée de culpabilité le submergea. C'était lui qui l'avait condamnée à cette existence secrète, à grandir sans savoir qui elle était vraiment. Il avait cru que la protéger du monde était la meilleure décision, mais en cet instant, il se demanda s'il n'avait pas commis une autre erreur fatale. Une part de lui voulait se précipiter vers elle, lui dire la vérité, mais il savait qu'il ne pouvait pas. Pas encore.

Il détourna légèrement le regard, fixant l'air autour de lui plutôt qu'elle. Pas un mot de plus que nécessaire. Il s'était promis de ne pas céder à l'émotion, de rester de marbre. Après tout, elle ne savait rien. Elle ignorait tout du poids qui pesait sur ses épaules, de cette vérité qui menaçait de le briser à chaque instant. Severus Rogue était son père, mais pour Elisabeth, il n'était qu'un professeur austère et sévère, chargé de l'emmener faire ses courses.

Le chemin vers le Chemin de Traverse se fit dans un silence lourd. Rogue jetait de temps en temps un coup d'œil à sa fille sans qu'elle ne le remarque. Chaque mouvement, chaque geste rappelait Lily, mais il y avait quelque chose de lui aussi. Une certaine dureté dans son maintien, une réserve dans ses expressions. Une part de lui vivait en elle, même si elle ne s'en doutait pas.

Lorsque l'idée de confier Elisabeth à quelqu'un d'autre pour ses courses de rentrée avait été suggérée, Severus l'avait rejetée avec une froideur tranchante. Personne d'autre ne pouvait assumer ce rôle. Il tenait à être le premier à l'accompagner sur le Chemin de Traverse, à être celui qui l'introduirait dans ce monde magique. Non seulement pour surveiller de près cette étape essentielle de sa vie, mais aussi parce qu'il sentait, profondément en lui, qu'il devait au moins être là pour cette première rencontre avec le monde qui allait bientôt la modeler.

Rogue savait que les autres enseignants de Poudlard auraient trouvé sa demande étrange. Pourquoi ce professeur, connu pour son détachement et sa sévérité, souhaitait-il accompagner une simple élève, une orpheline de surcroît, lors de ses achats de rentrée ? Mais il avait masqué son intérêt personnel derrière une façade d'indifférence, affirmant qu'il était mieux placé pour s'assurer qu'elle soit préparée, qu'il veillerait à ce qu'elle respecte les règles dès le début.

La vraie raison était bien plus profonde. Il n'avait jamais eu la chance de la voir grandir, de s'impliquer dans sa vie. Chaque décision qu'il avait prise l'avait éloigné d'elle pour assurer sa protection. Mais maintenant qu'elle entrait à Poudlard, Rogue savait que leur distance se réduirait inévitablement. En l'accompagnant pour ses courses, il espérait, en secret, avoir l'occasion de l'observer, de l'évaluer, d'entendre sa voix, de connaître ses pensées – ne serait-ce que pour quelques heures.

Plus que tout, il craignait les conséquences de son secret. Chaque instant passé à ses côtés risquait de lui rappeler la vérité qu'il devait encore lui cacher. Mais il était résolu à tenir ce rôle, ne serait-ce que pour garder un œil protecteur sur elle, pour s'assurer qu'elle ne ferait pas les mêmes erreurs que lui.

Lorsque Elisabeth rencontra Severus Rogue pour la première fois, ce fut une expérience étrange, presque déstabilisante. Elle s'était préparée à rencontrer un professeur de Poudlard, Mais la réalité dépassait tout ce qu'elle avait pu imaginer.

Dès qu'elle posa les yeux sur lui, elle fut frappée par son apparence. Il dégageait une aura sombre, presque inquiétante. Sa robe noire flottait autour de lui comme une ombre, et ses traits sévères semblaient taillés dans la pierre. Mais ce qui la troubla le plus, c'était son regard. Des yeux noirs, insondables, la scrutaient avec une intensité qui la fit frissonner. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi il la regardait de cette manière, comme s'il cherchait à percer quelque chose en elle. Elle avait l'impression d'être passée au crible, et cela la mettait mal à l'aise.

Malgré tout, il n'y avait pas de haine ou de mépris dans ce regard, seulement une froideur distante, une sorte de réserve qui laissait penser qu'il avait bien plus à dire qu'il ne le faisait. Rogue restait en retrait, mesuré dans ses paroles, donnant l'impression de constamment lutter contre ses propres émotions. Cela la déstabilisait encore plus.

Elle se sentait invisible, comme si elle n'était qu'une tâche dans son emploi du temps, un devoir ennuyeux qu'il devait accomplir. Pourtant, elle percevait quelque chose de plus subtil dans son attitude. Par moments, il la regardait différemment, presque avec curiosité, mais c'était fugace, aussitôt remplacé par son habituelle impassibilité.

Alors qu'ils déambulaient dans le Chemin de Traverse, Elisabeth ne savait pas quoi penser de cet homme. Il la guidait avec efficacité, choisissant ses fournitures avec une rigueur presque militaire. Il ne parlait pas beaucoup, sauf pour lui donner des instructions, mais sa manière de faire montrait qu'il ne prenait aucun détail à la légère. Elle s'efforçait de suivre son rythme, mais elle se sentait un peu perdue dans cette dynamique.

Elizabeth Prince, la fille caché de Severus RogueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant