Chapitre 22 : La confrontation inattendue

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Le cours de potions venait de se terminer. Les Serpentard et les Gryffondor rangeaient leurs affaires sous les regards sévères du Professeur Rogue, dont l'attitude était redevenue aussi froide et impassible que d'habitude. Elisabeth, cependant, n'avait pas bougé de sa place. Elle observait son maître des potions, son esprit tourmenté. Je dois lui parler pensa t-elle. Elle n'avait pas dormi depuis cette nuit étrange dans les couloirs, et la pensée de ce geste inhabituel de Rogue n'avait cessé de la hanter.

Le dernier élève quitta la salle, laissant Elisabeth seule avec le professeur. Elle s'avança lentement vers son bureau, son cœur battant à tout rompre. Quand il leva les yeux et la vit approcher, son expression ne montra aucune surprise, mais ses yeux s'assombrirent légèrement.

"Vous n'avez pas encore quitté cette salle, Miss Prince ?" demanda-t-il d'une voix glaciale, comme si leur échange récent n'avait jamais eu lieu.

Elisabeth prit une grande inspiration, cherchant le courage de poser la question qui la brûlait. "Je... je voulais vous parler, Professeur," commença-t-elle, hésitante.

Il haussa un sourcil, mais ne répondit pas, lui laissant l'espace de continuer.

"Pourquoi... pourquoi avez-vous été si gentil cette nuit dans les couloirs ? Vous m'avez raccompagnée sans me punir. Et... est-ce que c'est vous qui m'avez offert la guitare à Noël ?"

Il y eut un silence lourd dans la pièce, seulement rompu par le crépitement des potions dans les fioles laissées sur les étagères. Rogue se figea, son visage impénétrable. Pendant un bref instant, il envisagea de lui dire la vérité, ou du moins une partie. Il voulait tant qu'elle sache... mais en même temps, il savait que cela les mettrait tous deux en danger. Il ne pouvait se permettre de se montrer vulnérable, surtout pas devant elle.

Il baissa les yeux vers ses mains, puis les releva, sa voix soudain plus tranchante. "Vous vous méprenez, Miss Prince," dit-il d'un ton sec. "Je vous ai raccompagnée uniquement pour éviter que vous ne fassiez une autre bêtise cette nuit-là. Rien de plus."

Elisabeth se sentit déstabilisée par cette réponse. Elle n'avait jamais vraiment su à quoi s'attendre de Rogue, mais cette froideur après un tel geste de gentillesse lui semblait cruelle. "Mais... la guitare ?" insista-t-elle. "Le mot disait que je n'étais pas une erreur. Ça ressemble à ce que vous m'avez dit quand on a parlé dans les couloirs..."

Rogue serra les poings, cachant son trouble. Il ne devait pas laisser ses émotions transparaître, surtout pas maintenant. "Je n'ai aucune idée de ce dont vous parlez," mentit-il, son regard s'assombrissant. "Et je ne me souviens pas d'avoir jamais dit une chose pareille."

Elisabeth recula légèrement, son visage trahissant la déception. Elle aurait voulu croire qu'il y avait plus derrière son comportement, que peut-être il y avait une explication. Mais là, devant elle, se tenait le Professeur Severus Rogue, implacable et distant, comme toujours.

"Si vous avez fini, Miss Prince, je vous conseille de retourner à vos affaires et de cesser de poser des questions inutiles," ajouta-t-il, d'un ton plus sec qu'il ne le voulait. Chaque mot lui coûtait, mais il devait maintenir cette distance. Pour elle.

Elle hocha la tête, incapable de formuler une réponse. Sans un mot de plus, elle tourna les talons et quitta la salle de classe. Mais dans son esprit, le tourbillon d'émotions continuait. Pourquoi se comportait-il ainsi ? Pourquoi une telle alternance entre la douceur et la cruauté ?

Lorsque la porte se referma derrière Elisabeth, Rogue resta immobile un long moment. Son cœur battait furieusement dans sa poitrine. Il la regarda partir avec un poids insoutenable sur ses épaules. Il voulait lui dire, lui avouer qu'il n'était pas simplement ce professeur froid et distant, qu'il veillait sur elle parce qu'elle était sa fille, qu'il l'aimait d'une manière qu'il ne pouvait montrer. Mais il ne pouvait pas. Pas encore.

Il s'approcha de son bureau, s'assit lentement, son esprit en ébullition. Il aurait voulu la rassurer, mais il savait que chaque geste qu'il faisait pour elle ne faisait que l'éloigner davantage. Il posa ses mains sur ses tempes, regrettant son mensonge. Regrettant que les circonstances l'obligent à tenir son rôle avec autant de dureté.

"Je suis désolé, Elisabeth," murmura-t-il doucement dans le silence de la salle. Mais elle n'était plus là pour l'entendre.

Alors que Rogue s'apprêtait à se plonger dans ses pensées, un éclat de rire perça la porte close. C'était la voix perçante de Pansy Parkinson, accompagnée par d'autres rires étouffés des Serpentard. Rogue, les mâchoires crispées, se leva brusquement. Il s'avança vers la porte et l'entrouvrit juste à temps pour entendre Pansy se moquer ouvertement d'Elisabeth.

"Regardez-la, pleurnicher encore. Peut-être que quelqu'un devrait lui rappeler qu'elle n'a même pas de parents pour venir la consoler." Pansy gloussa, un sourire mauvais aux lèvres.

Les autres Serpentard éclatèrent de rire, lançant à Elisabeth des regards narquois. Elle se tenait là, immobile, les poings serrés, le visage ravagé par les larmes. À ce moment-là, Rogue sentit son cœur se serrer, bien qu'il s'efforce de maintenir un masque d'indifférence.

Il sortit de la salle de classe, la robe flottant derrière lui, imposant aussitôt le silence aux élèves. Mais il était trop tard. Elisabeth, submergée par l'humiliation, leva les yeux vers lui. Ses yeux brillaient de douleur et de colère contenue. Elle le fixait, cherchant peut-être une réponse, un réconfort... quelque chose.

Leur regard se croisa, intense, douloureux. Elle semblait espérer qu'il intervienne, qu'il la défende pour une fois ouvertement. Mais Rogue, paralysé par sa propre lutte intérieure, resta silencieux. Il ne pouvait pas. Pas ici. Pas devant eux.

Les larmes d'Elisabeth coulèrent davantage et, avec un sanglot étouffé, elle se détourna et partit en courant, s'éloignant à toute vitesse, sa silhouette disparaissant au bout du couloir.

Rogue resta planté là, incapable de la suivre. Il sentait son estomac se tordre de culpabilité. Ses yeux passèrent un bref instant sur Pansy et les autres Serpentard, le visage fermé mais le regard noir.

"Silence !" aboya-t-il d'une voix tranchante, faisant frémir tout le groupe. "Retournez à vos dortoirs, immédiatement."

Les élèves se dispersèrent dans un silence pesant, jetant des regards nerveux sur leur maître des potions. Pansy, en particulier, semblait déconcertée par la sévérité soudaine de Rogue. Lorsqu'elle passa à côté de lui, elle baissa les yeux, évitant de croiser son regard.

Une fois seul dans le couloir désert, Rogue laissa échapper un soupir. Il se sentait piégé, incapable de réparer les dégâts qu'il causait à chaque fois qu'il s'efforçait de protéger Elisabeth de loin. Il la perdait, il le savait, et chaque jour de plus à Poudlard ne faisait qu'accentuer cette distance entre eux.

Il aurait voulu courir après elle, lui dire qu'il était désolé, qu'il regrettait chaque mot, chaque acte de froideur. Mais il savait que cela n'arrangerait rien. Il était son professeur, et dans ce rôle, il devait la maintenir à distance, même si cela lui brisait le cœur.

Avec un dernier regard vers l'endroit où Elisabeth avait disparu, Rogue se détourna, le visage plus fermé que jamais.

Elizabeth Prince, la fille caché de Severus RogueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant