Elizabeth Prince, la fille caché de Severus Rogue

Chapitre 5 : Le Maître des Potions

Point de vue d'Elisabeth Prince

Les cachots de Poudlard étaient encore plus sombres et glacials que je ne l'avais imaginé. Chaque pierre suintait l'humidité, et la lumière des torches vacillantes projetait des ombres inquiétantes sur les murs. J'essayais de ne pas trop y penser, mais l'idée de revoir Rogue après notre étrange rencontre sur le Chemin de Traverse me hantait. Pourquoi ce professeur, que je n'avais jamais vu auparavant, avait-il tenu à m'accompagner pour faire mes courses de rentrée ?

Il n'avait pratiquement rien dit durant cette journée, se contentant de surveiller mes moindres faits et gestes avec ses yeux noirs perçants. Quelque chose en lui me mettait mal à l'aise, et pourtant, j'étais inexplicablement attirée par cette figure froide et mystérieuse. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi.

Assise à la table des Gryffondor, entourée de Harry, Ron et Hermione, je sentais mon estomac se nouer à l'idée de ce premier cours de potions. Hermione, comme à son habitude, feuilletait déjà avidement son manuel, tandis que Ron semblait plus intéressé par ses notes de déjeuner. Harry, quant à lui, était nerveux. Il avait entendu parler de Severus Rogue — tout le monde l'avait entendu — et aucun de ces récits n'était particulièrement rassurant.

La porte s'ouvrit brusquement. Rogue entra, sa longue cape noire flottant derrière lui comme un voile de ténèbres. Un silence immédiat tomba dans la pièce. Il traversa la salle d'un pas rapide et fluide, ses yeux noirs glissant sur les élèves sans la moindre émotion visible. Mais je sentis son regard s'attarder sur moi, un instant trop long pour que ce soit une simple coïncidence.

Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il voyait en moi ? À chaque fois que je croisais son regard, une impression étrange me saisissait, comme si quelque chose dans ses yeux reflétait une vérité que je ne comprenais pas encore.

« Vous êtes ici pour apprendre l'art délicat des potions, » déclara Rogue d'une voix basse et traînante. Il se tenait au centre de la salle, dominant l'espace de toute sa hauteur. « Ce n'est pas une discipline pour les imprudents, ni pour les imbéciles. Les potions requièrent précision et rigueur, deux qualités que je doute de trouver chez la majorité d'entre vous. »

Il commença à marcher entre les tables, et je ne pouvais m'empêcher de ressentir un frisson de peur. Non pas une peur classique, mais quelque chose de plus profond, quelque chose de lié à cette étrange journée sur le Chemin de Traverse.

Puis il s'arrêta brusquement devant Harry.

« Potter, » dit-il avec une voix chargée de mépris. « Si je mélangeais de la poudre de racine d'asphodèle à une infusion d'armoise, que croyez-vous que cela produirait ? »

Je vis Harry se raidir à côté de moi. Il ne connaissait pas la réponse, et cela se voyait sur son visage. Je sentais la tension monter en lui, et je devinais qu'il n'aimait pas du tout l'attitude de Rogue. Mais Rogue, lui, savourait manifestement chaque seconde de ce silence inconfortable.

« Je... je ne sais pas, monsieur, » dit Harry finalement, la voix tremblante.

Rogue esquissa un sourire cruel, presque satisfait. « Je vois que la célébrité n'a pas déteint sur vos capacités intellectuelles. »

Le silence qui suivit fut glacé, lourd de sous-entendus. Harry se renfrogna, visiblement gêné par l'humiliation publique, mais il resta silencieux. À côté de lui, je pouvais sentir la colère monter en moi. Pourquoi était-il si cruel avec lui ? Il ne méritait pas cela, pas au premier cours.

Puis, aussi soudainement qu'il s'était acharné sur Harry, il tourna son attention vers moi. Je le sentis avant même qu'il ne prononce mon nom.

« Miss... Prince, » dit-il doucement, sa voix traînante me glaçant le sang. « Peut-être pouvez-vous, vous, nous éclairer. Quelle est la différence entre l'aconit et l'aconit tue-loup ? »

Mon cœur se serra. Je connaissais la réponse, bien sûr. C'était une question basique. Mais sous ce regard, tout semblait plus complexe, plus lourd. Je me sentais de nouveau transportée sur le Chemin de Traverse, sous le même regard perçant, comme s'il cherchait à lire en moi quelque chose que je ne pouvais comprendre.

« Elles... elles sont la même plante, monsieur, » balbutiai-je, essayant de garder ma voix stable. « Elles portent juste des noms différents. »

Un silence tendu suivit ma réponse. Rogue me fixa intensément, et pendant un court instant, je crus voir une étincelle dans ses yeux. Une reconnaissance, peut-être ? Mais aussi vite qu'elle était apparue, elle disparut.

« Correct, » dit-il enfin, avant de tourner les talons pour continuer son cours.

Je soupirai doucement, relâchant une tension que je ne savais même pas retenir. Mon cœur battait à tout rompre. Cette rencontre me laissait confuse, mal à l'aise. Pourquoi ce sentiment d'être observée avec tant d'intensité ? Il semblait plus sévère avec moi qu'avec les autres, et pourtant, il y avait quelque chose... quelque chose que je ne pouvais pas saisir.

Point de vue de Severus Rogue

Elle était là, devant moi, Elisabeth Prince. 

Chaque fois que je posais mes yeux sur elle, je ressentais cette même douleur lancinante, ce même déchirement entre ce que je devais être et ce que je ressentais réellement.  Chaque fois que je les voyais, c'était comme une lame dans ma poitrine. Mais je ne pouvais pas flancher. Pas ici. Pas maintenant.

Le jour où je l'avais accompagnée sur le Chemin de Traverse, cela avait été un test pour moi. Un test de ma propre capacité à la protéger tout en gardant la distance nécessaire. Il avait été douloureux de ne pas lui dire la vérité, de rester dans cette posture de professeur distant, alors qu'au fond de moi, je ne rêvais que d'une chose : lui révéler qui elle était vraiment. Mais c'était impossible. Elisabeth devait rester dans l'ignorance. Pour sa propre sécurité.

Chaque question que je lui posais aujourd'hui n'était pas simplement destinée à évaluer ses compétences. Non. Je testais autre chose. Je voulais voir si elle avait hérité de l'intelligence de sa mère, de son instinct. Et quand elle avait répondu correctement à ma question sur l'aconit, j'avais ressenti une vague de fierté que je ne pouvais pas me permettre d'exprimer.

Mais ce n'était pas seulement cela. Voir Elisabeth assise à côté de Harry Potter, ce garçon que je haïssais autant que son père, me tordait les entrailles. James Potter m'avait volé Lily, et maintenant, son fils avait un lien avec ma propre fille que je ne pouvais tolérer. Il était hors de question que Potter s'approche trop d'elle.

Mais je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais pas révéler la vérité, pas tant que le secret devait être gardé. Dumbledore avait raison sur ce point, même si cela me brûlait de l'admettre. Elisabeth devait être protégée de tous les dangers qui guettaient, y compris de ceux que Voldemort avait laissés derrière lui.

Mais comment rester aussi froid, aussi distant, alors que chaque regard posé sur elle me rappelait ce que j'avais perdu, et ce que je devais encore protéger ?