Chapitre 17 : éteindre le feu avec le feu

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Dans les couloirs, l'agitation était palpable. Les élèves allaient et venaient, et les rumeurs circulaient aussi vite que le vent. Fred et George Weasley étaient les premiers à apprendre les nouvelles, comme toujours. Ils étaient des experts en commérages, et rien ne semblait échapper à leur radar.

Ce matin-là, ils avaient eu vent d'une rumeur qui faisait particulièrement sensation : Rogue avait allumé la cheminée dans les cachots. Un acte aussi rare qu'un sourire sur son visage. Et bien sûr, cette nouvelle avait immédiatement enflammé les discussions parmi les élèves, surtout chez les Serpentards et les Gryffondors.

Fred et George, en bons farceurs, ne purent s'empêcher de répéter la rumeur à qui voulait l'entendre.

— Alors, vous avez entendu ? fit Fred d'un air moqueur en s'approchant d'Elisabeth, Harry, Ron, et Hermione. Le cher professeur Rogue a allumé un feu dans les cachots. Et tout ça... pour Elisabeth Prince, la fragile !

Elisabeth leva les yeux vers eux, les joues légèrement rouges. Elle sentait déjà la gêne monter en elle, surtout à la mention de son nom.

— Eh oui, continua George, il paraît que c'est parce qu'elle est trop fragile pour supporter le froid des cachots. Pauvre petite... Tu veux une couverture chauffante pour la prochaine fois ?

Les rires étouffés de Fred et George ne faisaient qu'empirer la situation. Harry et Ron échangèrent un regard perplexe, ne sachant pas comment réagir. Ils n'avaient jamais vu Rogue faire preuve de compassion pour qui que ce soit, et encore moins pour une élève de Gryffondor.

— Laissez-la tranquille, dit Hermione en fronçant les sourcils, visiblement agacée. Ce n'est pas de sa faute si le cachot était glacial.

Mais les jumeaux ne se laissaient pas démonter.

— Oh, ce n'est pas juste ça, Hermione. Les Serpentards ont déjà fait circuler d'autres rumeurs, lança Fred avec un sourire narquois. Ils disent qu'Elisabeth est trop faible, trop fragile pour être à Poudlard. Et que Rogue la traite comme une petite princesse.

À ces mots, Elisabeth sentit un mélange de honte et de colère l'envahir. Elle savait que les Serpentards n'étaient pas tendres, mais de là à se moquer d'elle à ce point... Ce n'était pas juste. Elle serra les poings, mais garda le silence. Elle ne voulait pas donner l'impression d'être affectée, même si, au fond, ces paroles la touchaient profondément.

— Tu vois, ajouta George en feignant l'inquiétude, il va falloir qu'on te surveille, Elisabeth. On ne sait jamais, tu pourrais attraper froid, et ça, on ne veut pas ! Pas avec Rogue qui pourrait nous faire des leçons de potion sur la fragilité...

Ron, qui avait jusque-là gardé le silence, ne put s'empêcher d'intervenir.

— C'est n'importe quoi. Rogue n'est pas du genre à être gentil avec qui que ce soit, même avec Elisabeth. Je suis sûr qu'il l'a fait juste pour se débarrasser des gémissements des élèves.

Mais malgré les tentatives de ses amis pour minimiser la situation, Elisabeth se sentait de plus en plus isolée. Les regards des autres élèves sur elle étaient remplis de suspicion, de moqueries. Les Gryffondors eux-mêmes ne savaient plus quoi penser. Pourquoi Rogue, ce professeur si froid et distant, aurait-il fait une telle chose pour elle ?

— Et puis, fit remarquer Hermione, c'est vrai que c'est bizarre. Je veux dire... Rogue qui allume un feu ? Pour quelqu'un d'autre qu'un Serpentard, même cela serait bizarre ?

Le silence s'installa quelques instants alors que chacun réfléchissait aux implications de cet acte. Elisabeth se sentit soudain exposée, vulnérable. Elle savait que cette rumeur allait continuer à enfler, et elle craignait de ne plus pouvoir l'arrêter.

— Ne les laisse pas t'atteindre, murmura Harry à son intention, un regard compatissant dans les yeux. Les Serpentards sont juste jaloux. Ils aiment semer la pagaille, c'est tout.

Mais Elisabeth savait que ce n'était pas seulement ça. La relation étrange qu'elle entretenait avec Rogue, ou plutôt l'absence de relation officielle, devenait de plus en plus difficile à gérer. Comment pouvait-elle expliquer à ses amis que tout cela n'était qu'un hasard, que cela ne signifiait rien, alors qu'elle-même commençait à se poser des questions sur les intentions du professeur ?

Dans son bureau, Rogue tournait en rond, l'esprit en proie à un mélange de frustration et de regret. Cette impulsion stupide de sa part... allumer cette fichue cheminée pour Elisabeth. Il savait que les rumeurs allaient éclater, que tout le monde allait se poser des questions. Et il n'avait pas tort.

Les moqueries sur Elisabeth l'avaient atteint plus qu'il ne l'aurait voulu. Il entendait les élèves murmurer dans les couloirs, notamment les Serpentards. Pansy Parkinson, toujours à la recherche d'une opportunité pour devenir sa favorite, n'hésitait pas à alimenter les rumeurs. Pourtant, Rogue savait qu'il devait trouver une solution pour dissiper cette attention déplacée autour d'Elisabeth.

Il se pinça l'arête du nez, un geste qu'il faisait souvent lorsqu'il réfléchissait trop. Il ne pouvait pas continuer ainsi. Il ne devait pas attirer davantage l'attention sur elle. C'était pour son propre bien, il en était convaincu. Mais comment noyer le poisson maintenant que le mal était fait ?

La solution lui vint de façon aussi perfide que son habitude d'humilier les élèves : il fallait généraliser son comportement. Ainsi, pendant plusieurs semaines, il alluma la cheminée de sa salle de cours de manière aléatoire, parfois pour les Serpentards, parfois pour les Gryffondors, mais surtout pour d'autres élèves, créant une atmosphère où personne ne pouvait plus deviner ce qui l'avait poussé à agir ainsi avec Elisabeth.

De plus, il intensifia son favoritisme envers les Serpentards. Il ridiculisa plusieurs Gryffondor et Poufsouffle de toutes les années, les prenant pour cible lors des cours, tandis qu'il complimentait exagérément certains Serpentards pour leurs moindres efforts. Pansy en particulier, se délectait de cette attention soudaine. Elle pensait enfin être devenue la favorite de Rogue, celle qui, aux yeux des autres élèves, jouissait de ses faveurs.

Cette stratégie fonctionna. Petit à petit, les rumeurs concernant Elisabeth s'atténuèrent. Les élèves ne savaient plus sur quel pied danser, et les moqueries sur Elisabeth diminuèrent jusqu'à disparaître complètement. Le plan de Rogue semblait réussir.

De plus, il remarqua qu'Elisabeth elle-même commençait à prendre ses marques. Ses amis, Harry, Ron, et Hermione, prenaient régulièrement sa défense, et elle semblait de plus en plus à l'aise parmi les Gryffondors. Elle riait même parfois avec eux des petites humiliations subies par Pansy, profitant de cette dynamique inversée qui la laissait en paix. Elisabeth ne paraissait plus se soucier des rumeurs. Elle avait retrouvé une certaine sérénité, et cela fit plaisir à Rogue.

De loin, il l'observait, sans jamais intervenir directement. La voir sourire, être à l'aise avec ses amis, lui procurait une satisfaction étrange. Mais au fond de lui, il savait qu'ils devaient rester des inconnus l'un pour l'autre. C'était la seule manière pour qu'elle soit heureuse à Poudlard. S'il voulait vraiment la protéger, il devait continuer à jouer ce rôle, celui du professeur strict, distant et impartial. Il le savait. Pourtant, ce constat lui laissait un goût amer dans la bouche.

Il se reprochait de ressentir cette fierté pour elle. Après tout, il n'avait aucun droit de se permettre de la regarder ainsi, avec un semblant d'affection. Son rôle dans cette histoire était clair : il devait rester un inconnu pour Elisabeth. Un professeur, rien de plus. Le prix de son bonheur, c'était de ne pas exister pour elle, de ne jamais dévoiler qui il était vraiment.

Rogue secoua la tête pour chasser ces pensées. Il ne pouvait se permettre d'être distrait par ses propres sentiments. Il devait continuer à agir avec froideur, continuer à être le Rogue que tout le monde connaissait et détestait. Pour Elisabeth, pour sa sécurité, pour son avenir...

Elizabeth Prince, la fille caché de Severus RogueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant