Chapitre 3 : L'Entrée à Poudlard

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Point de vue de Elisabeth : 

Le sifflement du train à vapeur résonnait encore dans mes oreilles alors que je me tenais immobile sur le quai de la gare de Pré-au-Lard. L'air humide, chargé de l'odeur de l'automne, s'infiltrait dans mes poumons, mais je me sentais comme coupée du monde. Mes doigts se crispaient autour de la poignée de mon sac tandis que je regardais autour de moi, entourée de centaines d'élèves animés d'une excitation palpable.

Mes pensées tournaient en boucle. Poudlard. Je l'avais imaginé tant de fois, ce château légendaire dont j'avais entendu parler toute ma vie. Pourtant, maintenant que j'y étais enfin, une étrange angoisse me rongeait. Pas à cause de la nouveauté ou de l'inconnu – non, c'était autre chose. Quelque chose que je ne pouvais pas encore nommer.

Les élèves de première année se rassemblaient pour suivre un immense homme barbu – Hagrid, si j'avais bien entendu – jusqu'aux barques qui nous conduiraient au château. Je me joignis au groupe, en silence. Les murmures flottaient autour de moi, des bribes de conversations chuchotées à mon passage, mais je ne prêtais guère attention aux mots. Pourtant, un éclat de voix capta mon oreille.

« Elle ressemble à... non, c'est impossible. »

Je fronçai les sourcils, sentant mes joues chauffer sous le poids de ces regards. Cette sensation me poursuivait depuis la descente du train, comme si quelque chose en moi éveillait une curiosité malsaine chez les autres. Je passai une main dans mes cheveux roux et tentai d'ignorer l'agitation qui m'entourait.

Le trajet en barque fut aussi magique que je l'avais espéré. Les reflets du château sur l'eau noire m'hypnotisaient. Mais mon esprit était trop encombré pour que je puisse m'abandonner complètement à la beauté du moment. Quand nous sommes arrivés dans la Grande Salle, mes yeux s'écarquillèrent en voyant le plafond enchanté, où des milliers d'étoiles brillaient au-dessus de nos têtes. C'était encore plus impressionnant que je ne l'avais imaginé. Pourtant, malgré la magnificence des lieux, je sentais mon ventre se nouer. Ce n'était pas le moment de baisser ma garde.

Les élèves plus âgés nous observaient avec attention, et je pouvais sentir les regards qui s'attardaient un peu plus longtemps sur moi. Je me demandais ce qu'ils voyaient – une simple nouvelle élève, ou autre chose que je n'étais pas encore prête à affronter ?

« Prince, Elisabeth ! » appela la professeure McGonagall, son ton ferme résonnant dans toute la salle.

Je pris une profonde inspiration et me dirigeai vers le tabouret où m'attendait le Choixpeau. Je pouvais sentir le silence s'installer dans la salle alors que je prenais place, le cœur battant à tout rompre. McGonagall posa doucement le Choixpeau sur ma tête, et tout devint silencieux dans mon esprit.

« Oh... très intéressant, » murmura le Choixpeau. « Une grande intelligence, mais aussi beaucoup de doutes. Des ambitions refoulées, mais un courage indéniable. Et ce visage... Ah, tu ressembles tant à ta mère, mais ton esprit... c'est autre chose. Où te placer ? »

Je me raidis. Il parlait de ma mère. Comment pouvait-il savoir ? Avant que je ne puisse réfléchir davantage, il poursuivit.

« Tu es bien difficile à cerner, jeune Elisabeth. Beaucoup de traits propres à Serdaigle... mais aussi un grand courage. Oui... »

Mon souffle se bloqua. Qu'allait-il décider ? Gryffondor ? Serdaigle ? L'une ou l'autre me convenait, mais je n'avais aucun contrôle sur ce qui allait suivre.

« GRYFFONDOR ! » s'exclama le Choixpeau à haute voix.

La table des Gryffondor éclata en applaudissements, mais je ne bougeai pas tout de suite. Je me levai finalement, retirai doucement le Choixpeau, et me dirigeai vers ma nouvelle maison, les jambes légèrement tremblantes. La table m'accueillit avec enthousiasme, mais je sentais toujours les regards autour de moi.

Quelque chose n'allait pas. Mais quoi ?

Point de vue de Severus Rogue

Du bout de la table des professeurs, je la vis.

Je m'étais promis de ne jamais croiser son regard. De ne jamais laisser la moindre trace d'émotion me trahir. Mais lorsque Minerva prononça son nom – « Prince, Elisabeth » – mon cœur rata un battement.

Elisabeth.

Elle s'avança avec une grâce qui n'était pas sans rappeler... Lily. Ses cheveux roux, ses yeux d'un vert éclatant, son visage fin, tout en elle me la rappelait. À cet instant, il n'y avait aucun doute. Mon passé revenait, frappant à la porte de mon présent.

Pendant des années, j'avais caché la vérité, enterré profondément mes sentiments pour ne laisser personne deviner mon secret. Pas même elle. Et pourtant, la voilà, debout devant toute l'école, l'incarnation même de l'unique chose que j'avais toujours désirée : une part de Lily.

Je restai figé, le visage aussi impassible que toujours, mais à l'intérieur, c'était un ouragan. Elle ressemblait à Lily de manière presque insupportable, mais il y avait aussi... quelque chose de moi, dans son maintien, dans cette tension subtile qu'elle semblait porter comme une armure. Je la connaissais, même si elle ne me connaissait pas.

Le Choixpeau posa enfin son verdict : Gryffondor. Comme Lily. Un rictus amer déforma mes lèvres. Bien sûr. Elle allait suivre le même chemin, être placée dans la même maison que Potter, être entourée de tout ce que j'avais toujours détesté.

Je la suivis des yeux alors qu'elle rejoignait la table des Gryffondor, sous les applaudissements bruyants des élèves. Mon cœur s'éteignit un peu plus. Personne ici ne savait. Personne ne se doutait que la fille de Severus Rogue venait d'entrer à Poudlard sous un autre nom. Ils la prenaient pour une nouvelle élève, une Prince, mais ce n'était qu'une façade. Elle était mon secret le mieux gardé.

Mais pour combien de temps encore ?

Elizabeth Prince, la fille caché de Severus RogueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant