L'Interdit d'un Prince

Un Nouveau Monde

Deux semaines plus tard, l'effervescence de l'aéroport de Huangaza résonnait autour de Naia. Elle serrait son passeport entre ses mains, le cœur battant la chamade. Le moment était enfin venu. Elle quittait son pays natal pour l'Écosse, un pays dont elle avait à peine entendu parler il y a quelques mois, et elle était sur le point de vivre une aventure qu'elle n'avait jamais osé imaginer.

Tante Aisha et Layla étaient là pour lui dire au revoir. Leur étreinte réconfortante lui rappelait tout ce qu'elle laissait derrière elle.

— Sois forte, Naia, murmura sa tante en la serrant contre elle. Ce n'est que le début de quelque chose de merveilleux. Reste concentrée sur ton rêve, et n'oublie pas que tu es plus forte que tu ne le penses.

— Je ne vais pas te laisser tomber, Tante. Promis, répondit Naia, essayant de cacher l'angoisse qui grandissait en elle.Layla, quant à elle, ne put retenir ses larmes.

— Tu vas me manquer, mais tu vas tout déchirer là-bas ! Envoie-moi des photos, et surtout des selfies devant les châteaux écossais !Naia éclata de rire malgré ses émotions.

— Je te promets de t'envoyer tout ça.

Une dernière étreinte, puis Naia passa les contrôles, un mélange de peur et d'excitation la suivant tandis qu'elle s'éloignait de tout ce qu'elle connaissait. Le vol fut long, mais le paysage changeant par la fenêtre de l'avion lui offrait un avant-goût de ce qui l'attendait. L'Écosse était un autre monde, bien loin de la chaleur et des couleurs de Huangaza.

Quand elle arriva à l'aéroport d'Édimbourg, elle fut accueillie par un homme élégant, portant un costume parfaitement coupé. Il tenait une pancarte avec son nom, "Naia Ajabu" inscrit dessus.

— Bienvenue en Écosse, Mademoiselle Ajabu, dit-il avec un sourire professionnel. Je m'appelle Peter, je serai votre guide pendant votre séjour ici. Veuillez me suivre, s'il vous plaît.Naia hocha la tête, un peu désorientée par tant de formalité. Peter l'accompagna à l'extérieur, où une voiture noire aux vitres teintées l'attendait. Alors qu'elle s'installait dans la voiture, elle ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil à son environnement, se demandant si elle se réveillerait bientôt de ce rêve étrange.

Après une courte balade à travers les rues d'Édimbourg, la voiture s'arrêta devant un immeuble imposant et élégant, en plein centre de la ville. Le bâtiment avait une architecture classique, mais à l'intérieur, c'était un véritable écrin de modernité et de luxe.

— Voici votre nouvel appartement, Mademoiselle Ajabu, dit Peter en ouvrant la porte.Naia entra, et son souffle fut coupé. 

L'appartement était immense, bien plus grand que tout ce à quoi elle s'attendait. Les fenêtres du sol au plafond offraient une vue imprenable sur la ville. Les meubles étaient élégants, minimalistes, et chaque détail semblait avoir été soigneusement pensé. Elle fit quelques pas hésitants dans le vaste salon, toujours sous le choc.

— Je... je suis censée rester ici ? demanda-t-elle, incrédule.Peter hocha la tête avec un sourire indulgent.

— Oui, cet appartement vous a été spécialement affecté pour la durée de votre séjour. Le prince a voulu s'assurer que vous soyez à l'aise.Naia ouvrit la bouche pour répondre, mais à cet instant, la porte s'ouvrit et Lord Andrew entra, impeccablement vêtu comme toujours, avec cette attitude légèrement hautaine qui ne lui était jamais étrangère.

— Ah, Naia, je vois que vous avez trouvé votre chemin, dit-il d'une voix suave. J'espère que ce petit nid vous convient ?Naia hocha la tête, toujours sous le choc.

— C'est... incroyable. Mais... je pensais que j'aurais une chambre dans une résidence étudiante ou...Andrew éclata de rire, un rire presque condescendant.

— Une chambre d'étudiant ? Voyons, Naia, vous êtes bien plus qu'une simple étudiante ici. Vous êtes une invitée spéciale du prince. Rien n'a été laissé au hasard. Vous méritez ce confort.Naia resta silencieuse un moment. 

Elle avait du mal à comprendre comment une simple danse avait pu mener à tout ce luxe, à cette attention si soudaine. Elle savait que ce n'était pas normal, qu'il y avait quelque chose de plus grand derrière tout cela.

— Je... je suppose que je devrais remercier le prince, murmura-t-elle.Andrew croisa les bras, l'observant d'un air critique.

— Le prince n'attend pas de remerciements, Naia. Il veut seulement que vous soyez heureuse et... performante. Ce que vous représentez pour lui est plus complexe qu'un simple geste de courtoisie.

Naia sentit un frisson la parcourir. Il y avait quelque chose dans le ton d'Andrew qui la mettait mal à l'aise, comme si elle n'était qu'un pion dans une partie dont elle ne connaissait pas les règles. Elle remercia Peter et Andrew avant de les laisser sortir, prenant quelques minutes pour explorer seule cet appartement qui, malgré sa beauté, la rendait plus nerveuse qu'à l'aise.

Plus tard, ce soir-là, Andrew retourna au château pour faire son rapport à Edouard. Le prince, assis dans son bureau, fixait la fenêtre, son esprit visiblement ailleurs.

— Alors ? demanda-t-il sans se retourner. Elle est arrivée ?Andrew acquiesça en s'asseyant dans un fauteuil.

— Oui, tout s'est passé comme prévu. Elle est dans l'appartement. Mais, Edouard...Andrew fit une pause, choisissant ses mots avec soin.

— Je ne peux m'empêcher de me demander ce que tu espères accomplir avec tout ça. Tu sais que ça ne mènera à rien de bon.Le prince détourna enfin le regard de la fenêtre pour fixer son cousin, les sourcils froncés.

— Tu penses que je ne le sais pas déjà ? répondit-il froidement.Andrew poussa un soupir.

— Je sais que tu es toujours distant, même avec ta propre femme. C'est la première fois que je te vois agir ainsi, aussi... passionnément. Mais ça ne te ressemble pas. Tu joues un jeu dangereux.Edouard serra la mâchoire, fixant à nouveau le vide.

— Je ne peux pas m'en empêcher, Andrew. Il y a quelque chose en elle... Je ne sais pas comment l'expliquer.

— Et ta femme ? demanda Andrew avec gravité.Edouard resta silencieux un moment avant de répondre d'une voix glacée.

— Je sais ce que je fais. 

Andrew observa son cousin avec une inquiétude croissante. Ce n'était pas le même homme qu'il connaissait. Quelque chose avait changé, et il craignait que ce ne soit que le début d'une longue descente.