L'Interdit d'un Prince

Le Rêve D'Écosse

Naia se réveilla aux premières lueurs de l'aube, encore enveloppée dans l'euphorie de la soirée précédente. Ses pensées tourbillonnaient autour de la représentation qu'elle avait donnée devant le prince Edouard et les dignitaires de Huangaza. L'idée que sa performance ait pu attirer autant d'attention la troublait. Pourtant, au fond d'elle, elle ressentait une immense fierté.

Naia vivait chez sa tante maternelle, Tante Aisha, qui était la directrice du Ballet National de Huangaza. Depuis l'âge de six ans, après la disparition tragique de ses parents, Aisha avait pris soin d'elle, la guidant non seulement dans la vie, mais aussi dans sa passion pour la danse. Naia avait grandi au milieu des répétitions et des spectacles, respirant l'art du ballet comme une seconde nature.

Ce matin-là, alors que le soleil perçait à peine à travers les rideaux de la petite maison qu'elles partageaient, Naia sentit une douce odeur de pain frais envahir l'air. Elle savait que sa tante l'attendait déjà à la table du petit déjeuner.

— Naia, debout ma fille ! appela la voix chantante de Tante Aisha depuis la cuisine. 

 — J'arrive ! répondit Naia en s'étirant.En descendant les escaliers, elle fut accueillie par un sourire éclatant de sa tante.

— Tu étais magnifique hier soir, Naia, vraiment. Je n'ai jamais été aussi fière de toi. Tout le monde parlait de toi après la représentation.Naia rougit légèrement en prenant place à table. Même si elle avait l'habitude des compliments, ceux de sa tante signifiaient toujours plus pour elle.

— C'était incroyable, tante Aisha. Je n'arrive toujours pas à y croire.

— Le prince Edouard lui-même a été captivé, tu sais. Tu as un don, Naia. Tu es née pour ça.Naia sentit une pointe de gêne en entendant le nom du prince. Elle se souvenait vaguement de son regard perçant pendant la danse. Cela l'avait déstabilisée sur le moment, mais elle avait rapidement retrouvé sa concentration.

— Je n'ai fait que danser, comme d'habitude, murmura-t-elle, modeste. Tante Aisha éclata de rire.

— Comme d'habitude ? Tu es bien trop humble ! Ta danse n'a rien de "comme d'habitude". Il faut que tu réalises que tu es exceptionnelle.Soudain, la porte de la maison s'ouvrit à la volée, laissant entrer Layla, la meilleure amie de Naia. 

Grande et volubile, Layla était tout le contraire de Naia, mais leur amitié solide s'était forgée dans les couloirs du ballet où elles s'étaient entraînées ensemble depuis des années.

— Naia, tu as vu les journaux ce matin ? s'écria Layla en entrant. Ils parlent tous de toi ! Naia haussa les sourcils, surprise.

— De moi ? Mais pourquoi ?

— Parce que tu as littéralement volé la vedette hier soir. Tu es devenue une star en une seule nuit ! déclara Layla en s'asseyant à la table sans même attendre d'y être invitée. Je savais que tu allais réussir, mais pas aussi vite. Tante Aisha hocha la tête.

—Elle a raison. Les journalistes ne tarissent pas d'éloges sur toi. Mais... il y a autre chose. Le cœur de Naia battit plus fort.

— Autre chose ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils. Sa tante déposa délicatement une enveloppe devant elle, un sourire mystérieux sur les lèvres.

— J'ai reçu une lettre ce matin. Elle vient du palais. Naia resta figée quelques instants avant de prendre l'enveloppe entre ses mains tremblantes. Elle l'ouvrit prudemment et lut les mots avec une attention minutieuse. Ses yeux s'écarquillèrent peu à peu alors qu'elle comprenait la teneur de la lettre.

— Ils... ils veulent que je danse en Écosse ? balbutia-t-elle.Layla lâcha un cri de surprise.

— En Écosse ?! C'est incroyable ! Tante Aisha hocha la tête, le visage radieux.

— Le prince Edouard a personnellement demandé à ce que tu participes à un événement privé. Il est tellement impressionné par ton talent qu'il souhaite t'offrir une opportunité inestimable.Naia se laissa tomber sur sa chaise, encore sous le choc.

— Mais... mais pourquoi moi ? demanda-t-elle en secouant la tête. Je suis juste... moi. Tante Aisha se pencha vers elle, prenant ses mains dans les siennes.

— Tu es bien plus que ça, ma fille. Et ce n'est pas tout. Non seulement ils veulent que tu danses en Écosse, mais ils t'offrent aussi une bourse pour étudier dans une école de danse prestigieuse pendant deux ans.Layla se leva brusquement de sa chaise, ses yeux écarquillés.

— Deux ans ?! Naia, c'est une opportunité en or !Naia ne savait pas quoi dire. Son rêve de devenir une danseuse professionnelle se réalisait sous ses yeux, et tout cela semblait si soudain, si irréel.

— Je... je ne sais pas quoi dire, murmura-t-elle, la voix tremblante.Tante Aisha la regarda avec tendresse.

— Dis oui, ma fille. C'est le destin qui frappe à ta porte. Ne le laisse pas passer.

Naia hocha la tête, encore sous le choc de la nouvelle. Étudier en Écosse, danser pour le prince... tout cela semblait trop beau pour être vrai.Layla, elle, était déjà en train d'imaginer son départ.

— Tu vas voir, Naia. L'Écosse, c'est le début d'une nouvelle vie pour toi. Et je serai là à chaque étape du chemin pour t encourager.

Naia sourit, reconnaissante pour le soutien de son amie. Mais au fond d'elle, une étrange sensation s'installait. L'idée de quitter Huangaza, de quitter sa tante, l'effrayait autant qu'elle l'excitait. La route qui s'ouvrait devant elle était parsemée d'opportunités, mais aussi d'inconnues.Ce soir-là, Naia s'endormit, le cœur partagé entre l'excitation et la peur de l'inconnu. Ce voyage en Écosse, elle le sentait, allait changer sa vie à jamais.