Il ne vint pas.
Cela faisait maintenant deux jours que Naia attendait un signe, un message, n'importe quoi de la part du prince. Le temps passait, lent et douloureux, alors qu'elle oscillait entre l'envie de le revoir et la culpabilité de nourrir cette envie. Pourquoi attendait-elle autant de lui ? Après tout, Edouard était un homme marié, père de famille, un homme dont elle ne pouvait occuper qu'une infime part de la vie. Pourtant, cette infime part suffisait à troubler son esprit.
Les journées se succédaient sans nouvelles. Pas un mot, pas un signe. Et Naia n'avait pas eu le courage de demander au personnel s'ils savaient où il était. L'idée même de poser cette question la paralysait de honte et de malaise. Elle se sentait ridicule d'attendre, d'espérer même.
Le troisième jour, Naia se réveilla avec une détermination nouvelle. C'était mieux ainsi. Peut-être que son absence lui éviterait de plonger encore plus profondément dans un tourbillon d'émotions contradictoires. Elle commençait à se convaincre que le destin avait parlé et que leur rencontre n'était qu'un épisode isolé, une erreur de parcours.
Elle avait déjà commencé à se créer une routine. Le matin, elle se rendait à l'école de danse, où ses nouveaux professeurs la poussaient à explorer de nouvelles techniques, à perfectionner ses mouvements. Ses journées étaient rythmées par des heures de répétitions intenses. Les soirs, elle parlait longuement avec sa tante ou Layla, partageant avec elles ses impressions sur l'Écosse, les nouvelles personnes qu'elle rencontrait, sans jamais mentionner Edouard. Cela restait son secret, quelque chose qu'elle n'avait pas encore la force d'affronter.
Mary, toujours aussi attentionnée, veillait à son confort. Leur relation, au fil des jours, s'était adoucie. La gouvernante faisait tout pour que Naia se sente à l'aise, et Naia appréciait sa discrétion et son professionnalisme. Mais même dans cette routine apaisante, elle ne parvenait pas complètement à oublier. Chaque soir, seule sur le balcon de son appartement, elle s'adonnait à des répétitions personnelles, laissant la danse occuper son esprit et tenter d'effacer les souvenirs brûlants du prince de ses pensées.
Et pourtant...
Le troisième soir, alors qu'elle se trouvait dans un café non loin de l'école, avec une amie qu'elle venait de rencontrer lors de ses cours de danse, une nouvelle confrontation avec la réalité la frappa de plein fouet.
— Tu es certaine de vouloir un autre café ? demanda Sophie, une danseuse originaire de Londres, en souriant.
Naia hocha la tête avec un léger sourire, mais son esprit vagabondait. Elle essayait d'être présente dans l'instant, de profiter de cette nouvelle amitié qui se développait, mais une partie d'elle était ailleurs, toujours. Elle ne pouvait empêcher ses pensées de s'égarer vers lui.
Alors que Sophie continuait à parler de leurs cours et des répétitions, Naia leva les yeux vers l'écran de télévision accroché au mur du café. Le souffle lui manqua. Là, devant elle, sur l'écran, se trouvait le prince. Edouard était à une réception officielle en Angleterre, vêtu d'un costume impeccable, accompagné de sa femme. Leurs gestes étaient gracieux, polis, et même... amoureux. Ils souriaient l'un à l'autre, échangeant des regards complices sous les projecteurs des médias.
Naia se sentit soudain mal, une sensation désagréable montant en elle. Elle n'avait même pas su qu'il était parti d'Écosse. Et pourtant, le voir ainsi, en public, aux côtés de sa femme, amplifiait la culpabilité qu'elle ressentait déjà. Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Elle n'avait aucune place dans sa vie. Mais l'image de lui, riant et regardant sa femme avec tendresse, la transperça.
Sophie remarqua immédiatement le changement sur le visage de Naia.
— Ça va ? Tu es toute pâle, Naia.
Naia secoua la tête, essayant de chasser l'image du prince et de sa femme de son esprit.
— Oui, je... je pense juste que je devrais rentrer. Je me sens un peu fatiguée.
Sophie acquiesça, mais Naia pouvait voir l'inquiétude dans ses yeux. Elle fit semblant de sourire avant de prendre congé, le cœur lourd et l'esprit embrouillé.
Sur le chemin du retour, elle se promit de ne plus penser à lui. C'était fini. Elle n'avait jamais eu de place dans cette histoire, et elle n'en aurait jamais. Sa vie devait continuer. La danse serait sa priorité, et rien d'autre. Elle ne pouvait se permettre de se laisser distraire par quelque chose d'aussi destructeur.
Ce soir-là, Naia prit un long bain, laissant l'eau chaude apaiser ses muscles fatigués et ses pensées troublées. Elle voulait se détendre, se déconnecter de tout. Après un délicieux repas qu'elle avait préparé avec soin, elle mit sa playlist préférée, remplie de musiques apaisantes et enveloppantes.
Vêtue d'un pyjama simple, un débardeur léger et un short très court, elle se laissa emporter par le rythme de la musique. Elle avait besoin de se perdre dans la danse. La mélodie douce et sensuelle la guidait, et sans y penser, elle se mit à danser langoureusement dans son salon, laissant ses mouvements exprimer tout ce qu'elle n'arrivait pas à verbaliser. C'était sa manière de se libérer, d'exorciser ses émotions.
Les yeux fermés, elle laissa son corps onduler au rythme des basses, ses bras s'élevant avec grâce, ses hanches balançant lentement. La danse était devenue une seconde nature pour elle, une extension de son âme. Elle oubliait tout autour d'elle, perdue dans cet instant de pure liberté.
Mais, soudain, une présence.
Comme si une force invisible l'avait poussée, Naia se retourna lentement, ouvrant les yeux. Là, dans l'ombre, debout près de la porte, Edouard la regardait. Son visage était partiellement éclairé par la lumière tamisée de la pièce, mais ses yeux, eux, brillaient d'une intensité qui fit frissonner Naia.
Il portait un costume sombre, la cravate défaite, le col de sa chemise légèrement ouvert. Son regard, brûlant, ne quittait pas Naia, comme s'il la dévorait des yeux. Pendant un instant, elle resta figée, trop surprise pour réagir. Comment était-il entré sans qu'elle ne l'entende ? Depuis combien de temps était-il là, à l'observer ?
Edouard fit un pas en avant, sa respiration lourde, contrôlée, mais son visage trahissait une lutte intérieure.
— Naia..., murmura-t-il, sa voix rauque, pleine de désir refoulé.
Le silence qui s'installa entre eux devint plus lourd, plus oppressant. Naia sentit son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Elle ne savait pas quoi dire, ni comment réagir. Il était là, après des jours d'absence, comme si rien n'avait changé. Mais tout avait changé. Elle avait décidé de l'oublier, mais maintenant, face à lui, tout s'effondrait.
Elle se tenait là, vulnérable, dans son pyjama, tandis qu'il avançait lentement vers elle, son regard toujours fixé sur elle avec une intensité presque insupportable. C'était un moment suspendu, où le désir et la culpabilité s'entremêlaient dans un tourbillon incontrôlable.
— Je n'aurais pas dû venir, murmura-t-il, mais il ne bougeait pas. Il ne s'éloignait pas.
Naia ne dit rien. Elle était incapable de formuler une pensée cohérente. Tout ce qu'elle ressentait, c'était cette attraction, cette force qui les poussait l'un vers l'autre, malgré toutes les raisons de s'en éloigner.
Edouard s'approcha encore, jusqu'à ce qu'il soit si près qu'elle pouvait sentir son souffle sur sa peau.
— Je ne pouvais pas... rester loin de vous, avoua-t-il, son regard plongeant dans le sien.
Naia sentit sa gorge se serrer. Elle voulait résister. Elle savait que tout cela était mauvais, que ce n'était qu'un jeu dangereux qui ne pouvait que mal se terminer. Mais face à lui, face à cette intensité, elle se sentait terriblement vulnérable.
Et avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, le prince Edouard la prit dans ses bras et l'embrassa.
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L'Interdit d'un Prince
RomanceLors d'une cérémonie officielle à Huangaza, le Prince Edouard est captivé par Naia Ajabu, une danseuse africaine de 20 ans. Bien qu'il soit marié et héritier de la couronne, il ne peut résister à l'envie de le revoir. Invitée en Écosse, Naia découvr...