Chapitre 18

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Jordan quitta la cuisine lorsque la sonnette de l'entrée retentit. Il avait donné un coup de main à sa mère pour terminer le dîner et tout était prêt, il ne manquait plus que leurs deux invités.

— Tu crois qu'il est là ? entendit-il de l'autre côté de la porte.

— Bien sûr, laisse-lui le temps d'arriver.

Un sourire amusé étira les lèvres de Jordan qui ne tarda pas à leur ouvrir. Dès qu'il passa dans l'entrebâillement de la porte, il ne vit que l'énorme peluche que tenait Isaac dans les bras. Aussitôt, ce dernier la brandit fièrement au-dessus de sa tête en arborant un sourire jusqu'aux oreilles.

— Regarde, Jordan ! s'écria-t-il en sautillant sur place. Julian a réussi à m'attraper un nouveau doudou !

— Sacrée peluche ! Tu crois que ton lit est assez grand ?

— Bah oui ! Est-ce que je peux aller la mettre dans ma chambre ?

— Tu connais le chemin.

Jordan s'écarta de la porte pour le laisser passer puis il le regarda partir en courant, un air amusé sur le visage. Ce gamin était une véritable pile électrique, mais il avait l'impression que c'était amplifié comparé à d'habitude.

— Il a l'air en forme, releva-t-il en reportant son attention sur Gabriel.

— Julian a eu la merveilleuse idée de lui acheter une barbe à papa et un paquet de bonbons, répondit Gabriel d'un ton las. L'overdose de sucre.

— Je comprends mieux.

Sans rien ajouter de plus, Jordan osa croiser le regard de Gabriel. Une certaine distance s'était installée entre eux, mêlée à une gêne qui n'avait rien à faire ici. Gabriel se mordait la lèvre inférieure nerveusement en se dandinant quelque peu sur place. Il avait beau avoir ses mains, enfouies au fond des poches de son sweat-shirt, Jordan savait qu'il était en train de se triturer les doigts. Il avait remarqué un tic chez lui, cette mauvaise habitude de gratter le côté de son index avec son pouce, au point d'avoir la peau à vif. Il aurait parié qu'il faisait la même chose maintenant.

Avec une certaine lenteur, pour lui laisser le temps de l'arrêter s'il le souhaitait, Jordan s'approcha puis glissa sa main sur sa hanche pour le ramener vers lui. Gabriel releva la tête pour continuer à soutenir son regard et contre toute attente, il se mit sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Ce simple baiser eut le mérite de lui retirer un poids qui avait élu domicile dans son estomac. Le poids de la tristesse, de la culpabilité.

— J'espère que tu as faim, murmura-t-il en glissant sa main libre contre sa joue. Ma mère a prévu à manger pour tout le voisinage.

— Oui, je n'ai rien mangé de la journée.

— Alors, viens.

Déposant un baiser sur son front comme à son habitude, Jordan glissa sa main dans la sienne pour l'attirer à l'intérieur avant de refermer la porte derrière lui. Au même moment, Isaac revint en courant, les bras vident cette fois-ci.

— Ça y est, le doudou est déposé ?

— Oui !

— J'ai le droit à un bisou, maintenant ?

Immédiatement, Isaac leva les bras vers lui comme l'aurait fait un enfant de trois ans. Jordan ne put s'empêcher de rire en le prenant dans ses bras et il eut le droit à un câlin qui lui coupa presque la respiration.

— J'aurais bien aimé que tu viennes avec nous à la fête foraine, dit Isaac en posant sa tête sur son épaule.

— Je viendrai la prochaine fois, mais pour l'instant, j'ai quelqu'un à vous présenter.

Par-delà l'horizon - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant