Chapitre 17

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— Non, mais tu déconnes ? s'écria Julian. La mafia ? Jordan Bardella est un mafieux ?

— Le fils d'un mafieux, corrigea Gabriel. Mais j'imagine que ça revient au même.

Allongé dans son lit, les bras croisés sous sa tête, Gabriel observait le plafond de la chambre où il avait élu domicile chez ses amis. Quant à Julian, il s'était assis sur le tapis, le dos posé contre le lit en écoutant toute l'histoire que Gabriel lui racontait.

Le reste de la nuit ainsi que la matinée avait permis à Gabriel de méditer. Les mots de Jordan tournaient en boucle dans son esprit, sans discontinuer. La vérité était tellement abjecte et hors de son contrôle, qu'il avait ressenti le besoin d'en parler à son meilleur ami qui restait scotché face à la réalité dans laquelle il était plongé.

— On se croirait dans un film, reprit-il.

— J'aimerais bien que ce soit fictif, parce que ça m'éviterait de penser au pire.

— Tu penses que vous êtes en danger ?

Gabriel se contenta de hausser les épaules. Comment pouvait-il le savoir ? Volontairement, il avait omis de lui raconter pour Andréa. Jordan était la seule personne au courant de ce qu'il s'était passé, il n'y avait qu'avec lui qu'il avait su trouver la force de raconter ce qu'il avait vécu. Il aurait été incapable de le faire une seconde fois, surtout qu'il connaissait Julian, il savait que son ami voudrait qu'il aille à la police, qu'il porte plainte et c'était hors de question.

De toute façon, Andréa avait obtenu ce qu'il méritait. Même si Gabriel ne pouvait s'empêcher de se dire que le monde dans lequel avait grandi Jordan était hideux, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une bouffée de bonheur mélangé à de la fierté en se disant qu'Andréa était en train de vivre ce qu'il lui avait fait subir pendant des heures.

— J'étais tellement heureux que tu aies trouvé quelqu'un de bien, soupira Julian. Je suis vraiment désolé.

— C'est quelqu'un de bien, et c'est justement ça le problème.

Gabriel se redressa pour s'asseoir en tailleur sur le lit avant de passer sa main sur son visage. Il n'avait pas dormi de la nuit et la fatigue commençait à troubler sa vision.

— Je devrais le quitter, reprit-il. Partir le plus loin possible de lui, éloigner Isaac pour le mettre en sécurité, sauf que je n'en ai pas envie.

— Tu l'aimes, hein ?

La question de Julian lui fit pincer les lèvres alors qu'il triturait ses doigts, le regard rivé sur eux.

— Ouais, avoua-t-il dans un soupir. Comme un taré.

Julian se redressa afin de venir s'asseoir sur le lit, face à lui. En voyant ses mains se poser sur les siennes, Gabriel releva la tête pour croiser son regard.

— Je pense que tu devrais te changer les idées, dit-il en esquissant un sourire. Ruminer dans ton coin ne changera rien, ce sera même l'inverse. J'ai promis à Isaac que je l'emmènerai à la fête foraine cette après-midi, si tu ne travailles pas, viens avec nous. Ça te fera du bien de changer d'air.

La proposition était alléchante. Passer du temps avec son frère et son meilleur ami ne pourrait qu'être bénéfique pour lui, alors sans se poser davantage de questions, il accepta.


*


Comme souvent, lorsque quelque chose n'allait pas, Jordan se noyait dans le travail. Depuis le départ de Gabriel, il était enfermé dans son bureau, enchaînant les appels téléphoniques avec sa chef d'équipe pour mettre au point les différents évènements de la semaine. Tout était orchestré à la perfection et ça, c'était grâce à un professionnalisme sans faille. Malheureusement, la moindre occasion était bonne pour que sa dispute avec Gabriel ressurgisse dans son esprit. Il essayait de l'enfouir, mais elle était toujours là, stagnant à la surface.

Par-delà l'horizon - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant