Chapitre 13

796 54 22
                                    

Si Jordan s'était abstenu de donner une raison pour laquelle il ne pouvait pas se rendre à l'aéroport, c'était parce qu'il ne tenait pas à mentir à Gabriel. S'il lui posait la question, il lui dirait qu'il avait eu un rendez-vous de dernière minute, ce qui, en réalité, n'était pas faux.

Dès que sa conversation avec Andréa fut terminée, ils avaient bifurqué sur le fameux contrat que Jordan avait signé. Ils s'étaient mis d'accord sur la marche à suivre et comme souvent lorsqu'il s'agissait de voyage d'affaires, c'était son frère qui s'en chargeait. Andréa s'envolerait pour Los Angeles en fin d'après-midi afin de rencontrer leur client et serait absent pour les prochaines quarante-huit heures. Deux jours qui permettraient à Jordan de réfléchir à un plan d'action, mais tout d'abord, il devait en discuter avec quelqu'un. Sa mère.

Lucrezia Bardella, de son nom de naissance, Rossi, avait fait la même chose que lui, quitter l'Italie pour les États-Unis, sauf que sa mère était partie vingt ans plus tôt, lorsqu'il était encore qu'un enfant. Elle avait quitté le navire lorsqu'elle s'était rendu compte qu'Aldo Bardella serait à jamais fidèle à Cosa Nostra plutôt qu'à sa femme. Du jour au lendemain, elle avait disparu en laissant ses deux fils derrière elle. Un choix difficile qui avait amené Jordan à la détester, jusqu'à ce qu'il grandisse et qu'il se rende compte que dans l'histoire, elle avait fait ce qui était le mieux pour elle.

Avec une nouvelle identité, elle avait réussi à refaire sa vie, loin d'eux et de la dangerosité familiale. Grandir sans figure maternelle avait été difficile, en particulier pour lui. Andréa s'était vite adapté, étant naturellement plus proche de leur père que lui-même ne l'était. Sa mère avait toujours été son point d'ancrage, son phare au milieu de la nuit, cette lumière douce et rassurante qui lui permettait d'oublier dans quel monde il évoluait. Son départ avait été un véritable désastre, ce fut pour cette raison que dès qu'il mit les pieds sur le sol américain, il avait tout mis en œuvre pour la retrouver.

Aujourd'hui, ils se voyaient régulièrement, dans la discrétion la plus totale, pour ne pas attirer les doutes d'Andréa. Il vouait une haine incommensurable à leur mère et Jordan était persuadé que s'il apprenait son existence, il en informerait leur père qui ferait le nécessaire. Le sort réservé aux traîtres, aux déserteurs.

Le regard tourné vers la fenêtre, Jordan venait de s'installer dans le café où ils avaient l'habitude de se retrouver. L'établissement était à une heure en voiture de chez lui, mais il avait le mérite d'être suffisamment à l'écart du centre-ville pour éviter de tomber sur quelqu'un qu'il connaissait. Dans ce genre de cas, sa notoriété était un réel problème, car il n'était jamais à l'abri que quelqu'un le reconnaisse et tente de prendre une photo afin de la poster sur les réseaux. C'était le fléau de cette génération.

— Bonjour, trésor.

Plongé dans ses pensées, Jordan n'avait pas entendu sa mère arriver. Lunettes de soleil sur le nez, robe longue, sac à main assorti à ses chaussures à talons, elle respirait l'élégance à l'italienne, combiné à ses longs cheveux bruns tombant sur ses épaules, elle possédait un air de Monica Bellucci.

— Bonjour, maman.

Il se leva pour la serrer légèrement dans ses bras avant de reprendre sa place initiale. Sa mère s'installa face à lui en posant ses lunettes de soleil sur la table.

— Ton appel m'a surpris, finit-elle par dire. Tu semblais paniqué au téléphone. Que se passe-t-il ?

— J'ai beaucoup de choses à te raconter, avoua-t-il. On commande, d'abord ?

— Avec plaisir.

À cause de sa conversation avec Andréa qui avait eu le mérite de lui couper l'appétit, Jordan n'avait pas pris son petit-déjeuner et maintenant, il mourrait de faim. Il se commanda un café avec des pancakes, combiné à une banane noyée sous de la sauce au chocolat. En général, il faisait attention à ce qu'il mangeait, mais il s'autorisait certains écarts dans ce genre de situation. Sa mère se contenta d'un simple cappuccino, comme toujours.

Par-delà l'horizon - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant