Chapitre 9

807 51 34
                                    

Une migraine assaillit Gabriel à la seconde où il ouvrit les yeux. Il referma les paupières pour laisser le temps nécessaire à son esprit de s'habituer à ce réveil désagréable. Frottant ses yeux avec ses poings, il roula sur le dos et retenta l'expérience.

Un léger voile flou recouvrait sa vue, mais il put s'apercevoir qu'il n'était pas du tout chez lui, ni même dans un endroit qu'il connaissait. Son cœur fit un bond dans sa poitrine, à cause de la panique qui le gagna. Il essaya de se redresser lorsqu'une voix l'arrêta.

— Calme-toi. Tu es en sécurité.

Malgré son incompréhension, Gabriel reconnut la voix de Jordan, assis sur la causeuse à quelques mètres du lit. En équilibre sur ses coudes, Gabriel balayait la pièce du regard et finit par comprendre qu'ils étaient dans une chambre d'hôtel. Les souvenirs de la veille lui revinrent lentement en mémoire avec la même violence émotionnelle que la veille.

— Comment tu te sens ?

— Mal, marmonna-t-il. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Je crois que ton ami a mis quelque chose dans ton verre, expliqua Jordan en se levant. 

Gabriel poussa un profond soupir en se laissant tomber contre le matelas. Liam avait voulu bien faire, mais le droguer à son insu n'était pas quelque chose qu'il appréciait. Heureusement pour lui, Jordan n'était pas le genre d'homme à profiter d'une telle situation. Pas comme les autres, ceux de L'Éclipse. La simple pensée de cet endroit raviva en lui un flot de souvenirs douloureux, pour son corps comme pour son âme.

— Tu veux un café ?

La voix de Jordan le sortit de cette boucle infernale dans laquelle son esprit était prisonnier. Il acquiesça. Roulant sur le côté, il se redressa à l'aide de son coude puis s'assit au bord du lit.

La chambre d'hôtel était aussi grande que son appartement, mais on était loin de l'ambiance qui régnait chez lui. Ici, tout était neuf, rangé soigneusement comme si la pièce sortait tout droit d'un catalogue de décoration. Près de la porte, la valise de Jordan était posée contre le mur, encore fermé. À en juger par le peu d'affaires personnelles autour de lui, Gabriel en déduisit qu'il n'était pas arrivé depuis longtemps.

— Merci, dit-il simplement en se saisissant de la tasse de café que Jordan lui tendit. Tu as dormi dans le canapé ?

— Je ne voulais pas que tu penses que j'ai profité de ton état, si tu m'avez trouvé à tes côtés.

Inconsciemment, un sourire étira les lèvres de Gabriel avant de boire une gorgée de sa tasse. Le breuvage chaud glissa dans sa gorge et lui insuffla une douce vague de bien-être qui chassa les derniers effluves du médicament qu'il avait ingurgité.

— Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu venais à Londres ? demanda-t-il en posant son regard sur lui.

— Je voulais te faire la surprise.

— C'est réussi. Je ne m'attendais pas à te voir à l'Éclipse.

— L'homme avec qui j'étais est le futur mari de mon client, expliqua-t-il. Leur mariage aura lieu à Londres, j'avais rendez-vous avec lui pour commencer les préparatifs et il a voulu que ça se passe là-bas. Je dois t'avouer que je ne suis pas friand de cet endroit.

Gabriel eut envie de répondre que lui non plus, mais il s'abstint. À la place, il trempa ses lèvres dans son café en détournant son attention vers un point invisible sur le parquet de la chambre. L'aigreur de sa boisson raviva la nausée qui l'avait secoué à son réveil, mais c'était lié à une vérité qui venait d'assener son esprit. Il allait devoir retourner là-bas ce soir. Il revoyait le regard mauvais de Hugh et imaginait parfaitement quelle punition il lui réservait pour avoir eu le malheur de quitter son service plus tôt. Il se fichait pas mal de son état de santé, la seule chose qui intéressait son patron, c'étaient les chiffres en fin de journée. Sa détresse dut être détectée par Jordan, car il vint s'asseoir sur le rebord du lit en laissant une certaine distance entre eux.

Par-delà l'horizon - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant