Par-delà l'horizon - Bardella x Attal

Chapitre 1

La porte des vestiaires se referma derrière Gabriel, le coupant de la musique techno qui résonnait depuis le début de la nuit. Un profond soupir lui échappa lorsqu'il fut plongé dans ce moment de calme, bien loin de l'effervescence qui se déchaînait derrière la porte métallique. D'un pas traînant, épuisé par ses huit heures de service, il se dirigea vers son casier au fond de la pièce.

Il était 6h du matin, sa nuit de travail était terminée. Il retira sa chemise noire à l'effigie du club puis tâtonna pour trouver son t-shirt, roulé en boule au fond de son casier. Une fois enfilé, Gabriel s'empara de son sac à dos qu'il glissa sur l'une de ses épaules avant de fouiller dans la poche de son jean. Ses doigts rencontrèrent les billets qu'il avait glissés à l'intérieur. Rapidement, il compta ses pourboires et soupira. La soirée n'avait pas été aussi bonne que d'habitude, cela faisait une semaine que les clients étaient moins généreux. Pourtant, il faisait tout pour être le plus agréable et professionnel possible, mais il fallait croire que cela ne suffisait plus.

— Dure soirée ?

Plongé dans ses pensées, Gabriel n'avait même pas entendu la porte s'ouvrir. Il jeta un œil par-dessus son épaule pour poser son regard sur son collègue.

— On peut dire ça, oui.

Liam était l'un des nombreux danseurs du club, trié sur le volet par le patron. Son rôle ? Être le plus séduisant possible afin d'attirer les clients et les pousser à consommer, mais surtout, leur donner une raison de revenir.

L'Éclipse était le club gay le plus en vogue de Londres. Chaque soir, l'établissement accueillait des centaines de personnes ayant toutes envie de profiter au maximum d'une soirée unique où ils pourraient oublier leur quotidien durant quelques heures. Gabriel avait postulé trois ans auparavant et avait été pris comme serveur. Ce n'était pas le boulot dont il rêvait, mais cela lui convenait. Danser dans une cage en suspension au-dessus de centaines de personnes en train de s'amuser, ce n'était vraiment pas son truc. En revanche, pour Liam, ça l'était. Il prenait un plaisir monstre à se sentir observer, admirer par tous ses hommes venus chercher un peu de compagnie. Il fallait dire qu'il avait le physique pour ça. Grand, blond, des yeux aussi bleus qu'un glacier, une silhouette élancée et modelée à la perfection, il était le fantasme de nombreux hommes. À côté de lui, Gabriel faisait presque pitié avec son malheureux mètre quatre-vingt et son corps flasque. Il savait qu'il n'était pas repoussant, mais il n'était pas séduisant non plus.

— On va boire un verre avec les gars, finit par dire Liam en enfilant ses vêtements de civil. Tu veux venir avec nous ?

— Non, je te remercie. Il faut que je rentre.

— Allez, juste un. Ça te ferait du bien, tu as vraiment une sale tête.

Gabriel aurait pu se laisser tenter, profiter d'un moment avec quelques collègues avant de rentrer chez lui, sauf qu'il ne pouvait pas se le permettre. On l'attendait et de toute façon, l'état de son compte en banque ne lui permettait pas le moindre écart.

— Une prochaine fois, répondit-il en se forçant à esquisser un sourire. À demain.

Liam acquiesça sans insister davantage. Gabriel referma son casier, glissant le cadenas dans la fente puis quitta les vestiaires en passant par la porte de service au fond de la pièce.

Les doux rayons du soleil de ce début de journée vinrent caresser son visage, chassant l'obscurité dans laquelle son corps était plongé depuis le début de la nuit. Profitant du silence, Gabriel s'éloigna du club pour prendre la route le menant jusque chez lui. Il habitait à dix minutes à pied, ce qui lui évitait de prendre le métro ou tout autre moyen de transport. Il passait ses nuits en étant collé à des êtres humains, le reste du temps, il appréciait d'éviter ce type de désagrément.