Par-delà l'horizon - Bardella x Attal

Chapitre 11

 L'Éclipse avait ouvert ses portes depuis moins d'une heure lorsque Jordan pénétra à l'intérieur de l'établissement. La musique résonnait à plein régime, la piste était déjà pleine et les danseurs effectuaient leur meilleur show au-dessus de leurs têtes. Sauf que Jordan n'était pas venu ici pour faire la fête, il avait une affaire à régler.

Comme il l'avait dit à Gabriel la veille, il se chargeait d'aller voir son patron pour lui donner sa démission, mais il ne comptait pas faire que cela. Il se faufila à travers la foule afin de rejoindre le bar puis il se pencha légèrement sur le comptoir devant lui.

— Bonsoir, dit-il d'une voix forte pour couvrir la musique. J'aimerais voir le patron.

Le barman fit glisser un verre de gin vers un client puis darda son regard sur lui. Durant une fraction de seconde, il le jaugea de la tête aux pieds puis indiqua l'escalier d'un signe de la tête.

— Vous grimpez et c'est la porte sur votre gauche, avant le carré VIP.

Jordan le remercia puis se jeta de nouveau dans la foule pour rejoindre l'étage en question. Il n'aurait pas imaginé que le bureau du boss se trouve à cet endroit, mais soit, il n'était pas là pour parler d'architecture. Sans perdre de temps, il frappa plusieurs coups. Seul le silence lui répondit. Il réitéra l'opération, de manière plus forte cette fois-ci et la porte s'ouvrit brusquement. La main sur la poignée, l'homme que Jordan avait vu la veille en compagnie de Gabriel dardait sur lui un regard agacé.

— Je suis navré, mais je suis occupé, lança-t-il de manière cinglante afin de mettre fin à la conversation, sauf que cette tentative d'intimidation ne fonctionna pas sur lui.

— Cela ne prendra que quelques minutes.

Malgré son insistance et le sourire charmant qu'il esquissait, son interlocuteur resta de marbre. S'il avait pu le tuer d'un simple regard, il serait mort sur place.

— Je vous dis que je suis occupé.

La patience n'était pas le point fort de Jordan. Il ne comptait pas revenir plus tard, il avait autre chose à faire de sa soirée. Il jeta un œil autour de lui pour s'assurer que personne n'était dans les environs puis il posa sa main sur le torse de Hugh avant de le pousser violemment à l'intérieur.

— Non, mais vous êtes malade ?! Dégagez d'ici !

Jordan ignora les paroles de son interlocuteur et referma la porte d'un coup de pied. Sur le seuil, il ne s'était pas aperçu qu'il y avait une troisième personne dans la pièce. Maintenant, il comprenait mieux pourquoi il avait mis autant de temps à répondre.

Assis sur le rebord du bureau, un jeune homme torse nu posait un regard effrayé sur lui. Ses yeux étaient injectés de sang, soit à cause de l'alcool ou d'une crise de larmes. Au vu de la tache sombre qui s'étalait sous sa pommette, il penchait pour la seconde option.

Son pantalon noir était déboutonné, Jordan aurait pu croire que le patron prenait du bon temps comme le faisait la moitié des types présents dans cet endroit. Sauf que la mine terrifiée et les yeux larmoyants du gamin face à lui ne lui donnaient pas l'impression que ce moment était consenti des deux côtés.

— Sors, lui ordonna Jordan en désignant la porte de son index.

Le gamin resta sans bouger, comme tétanisé. Son regard passa frénétiquement de lui à Hugh puis il finit par descendre du bureau. Hésitant, comme un chaton terrifié, il fit quelques pas en direction de Jordan, mais le patron de l'établissement tenta de l'arrêter.

— Si vous posez la main sur lui, je vous casse les phalanges une à une.

Cette menace avait tranché l'air comme un coup de poignard. Le regard de Jordan s'était assombri sous la colère qu'il ressentait. Gabriel n'était pas le seul à avoir fait les frais de cette ordure, le contraire aurait été étonnant.