Le décor du studio de télévision russe était grandiose, tout en dorures et en velours rouge, avec un immense drapeau russe en toile de fond. Le talk-show "Une soirée avec Vladimir Solodiov" battait son plein. Le présentateur principal, Vladimir Solodiov, se promenait dans le studio, son énergie débordante contrastant avec l'atmosphère tendue qui régnait sur le plateau. Les invités, experts en politique, géopolitique, sécurité et armée, semblaient tous conscients de la gravité de la situation.
Solodiov, visage serré, s’arrêta au centre du plateau, fixant la caméra avec un regard intense.
— Mesdames et messieurs, un événement historique, que dis-je, un affront sans précédent a eu lieu dimanche dernier, commença-t-il. Les Tchèques, ces petits occupants européens, ont procédé à l'annexion de notre région de Kaliningrad, désormais rebaptisée Královiec ! Par la ruse et la tromperie, ils ont osé s'emparer de ce territoire russe sacré ! Et selon leurs propres déclarations, 99 % des participants au soi-disant référendum ont voté en faveur de cette annexion. Comment est-ce possible, dans un pays fier et puissant comme le nôtre ?
Il se tourna vers l'un des invités, un expert du Foreign Policy Institute, et lui demanda avec une agitation à peine contenue :
— Comment un petit pays européen peut-il envahir avec succès le territoire d'une puissance nucléaire ? Expliquez-nous cela !
L'expert, un homme d'âge moyen au visage sévère, ne tarda pas à répondre.
— Il ne fait aucun doute, Vladimir, que des forces hostiles, venues tout droit du Pentagone, sont derrière cette opération. Les Tchèques, seuls, n'auraient jamais pu accomplir un tel exploit. Ils ont dû être inspirés, soutenus, et probablement même commandités par les Américains. Nous ne pouvons pas exclure que ce soient les forces américaines elles-mêmes qui aient orchestré cette annexion sous couvert de soldats tchèques.
Solodiov acquiesça vigoureusement, visiblement satisfait par cette analyse, avant de se tourner vers un autre invité, un blogueur influent, connu pour ses prises de position nationalistes.
— Et vous, qu'en pensez-vous ? Comment une nation aussi pacifique que les Tchèques a-t-elle pu accepter de se lancer dans une telle aventure militaire, d'attaquer un autre pays ?
Le blogueur, un jeune homme à l'allure agressive, haussa les épaules avec mépris.
— C'est simple, Vladimir. Le gouvernement tchèque actuel est tombé entre les mains de fascistes liés à Kiev et à l'Union européenne. Ces groupes extrémistes poussent leur agenda, et il est évident que les Tchèques ordinaires ne sont pas d'accord avec cela. Ce sont les dirigeants fascistes, avec le soutien de l'UE et de l'OTAN, qui ont orchestré cette invasion. Mais je suis sûr que la majorité des citoyens tchèques sont opposés à cette action scandaleuse.
Solodiov grimaça, ses traits se durcissant. Il se tourna vers un troisième expert, un ancien militaire, qui avait participé à de nombreuses missions de renseignement.
— Et le référendum ? Comment expliquez-vous ce résultat absurde ? 99 % pour l'annexion, avec 70 % de participation. C'est clairement une manipulation !
L'expert hocha la tête avec gravité.
— C’est évident que ce référendum a été truqué par le gouvernement fasciste de Prague. Ils ont probablement reçu l'aide technique et logistique de la CIA pour fabriquer ces résultats. Il n'y a aucune chance qu'un tel chiffre soit réel. C'est une insulte à l'intelligence de la communauté internationale, mais surtout à notre fierté nationale.
Le visage de Solodiov se crispa de colère. Il leva les bras, s'adressant à l'ensemble du studio, mais aussi aux millions de téléspectateurs qui le regardaient à travers toute la Russie.
— C'est une infamie ! Ces fascistes et traîtres tchèques osent nous défier, nous, la grande Russie ?! Comment pouvons-nous tolérer que notre fierté nationale soit ainsi bafouée ? C’est la guerre, mesdames et messieurs, une guerre à mort ! Nous devons être prêts à recourir à tous les moyens, même les plus ultimes, pour défendre notre nation, notre honneur ! Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas céder face à ces chiens européens !
La fureur de Solodiov électrisa l’audience, mais au-delà des applaudissements, une inquiétude palpable régnait dans l’air. Le présentateur se tenait droit, respirant fort, son visage rouge de colère, avant de se calmer légèrement, la fin de l’émission approchant.
VOUS LISEZ
Opération Krtek
Historical FictionChloé Morel, journaliste pour Paris 24, se retrouve plongée au cœur d'un conflit géopolitique lorsque Kaliningrad, rebaptisé Královec, devient le terrain d'une lutte militaire entre l'OTAN et la Russie. Alors que la guerre s'intensifie, elle découvr...