L'Assaut Final

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Le ciel gris de la Russie pesait lourdement sur les tentes et les véhicules blindés du camp de campagne français, installé à quelques kilomètres seulement de Moscou. La ville, autrefois majestueuse, n’était plus qu’un champ de bataille déchiré par la guerre. Les combats y faisaient rage, les rues et les avenues transformées en tranchées improvisées, les civils pris entre deux feux, dans un chaos indescriptible.

Chloé Morel, enveloppée dans une parka épaisse pour se protéger du froid mordant, traversait le camp en direction de la tente du colonel Lefèvre. La journaliste était désormais une figure familière parmi les soldats, ses reportages réguliers sur Paris 24 étant devenus une source essentielle d’information pour le public français. Mais derrière son apparente assurance, une inquiétude sourde la rongeait : son fiancé Frantisek, un soldat tchèque, était également sur le front, quelque part dans cette étendue dévastée.

Elle entra dans la tente du colonel, où Lefèvre était plongé dans la lecture de messages chiffrés sur une tablette militaire. Les cartes étalées devant lui, les rapports et les codes secrets jonchaient la table. Son visage, habituellement impassible, portait les marques de la fatigue accumulée et de l'anxiété croissante.

— Bonjour, Colonel, dit Chloé en s’approchant prudemment.

Lefèvre leva les yeux brièvement, acquiesçant d’un signe de tête, mais ne répondit pas immédiatement. Son regard retourna à l’écran, où des lignes de texte défilaient. Soudain, il jura, laissant échapper un juron qui fit sursauter Chloé.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle, une pointe de panique dans la voix.

Le colonel se leva brusquement, sa stature imposante accentuée par la gravité de la situation.

— Le président Vladimir Vladimirovitch vient de donner l’ordre d’une attaque nucléaire massive contre les forces de l’OTAN, répondit-il sèchement. Nous devons agir immédiatement.

Chloé sentit une vague de terreur l’envahir, mais elle la refoula, observant Lefèvre donner des ordres rapides à ses subordonnés. L’unité devait passer à l’attaque sans délai, et les troupes alliées devaient être informées de la situation critique. Les soldats se mirent en mouvement, le calme professionnel d’une armée bien entraînée prenant le dessus sur la panique potentielle.

— Montez dans l’un des transporteurs, ordonna Lefèvre à Chloé. Vous ne pouvez pas rester ici, c’est trop dangereux.

Sans un mot, Chloé suivit les soldats jusqu’à l’un des transporteurs blindés. Le moteur rugit et le convoi se mit en route, traversant les routes boueuses, criblées de cratères, en direction des frontières administratives de Moscou. La ville était un enfer de flammes et de fumée, chaque mètre gagné par les troupes de l’OTAN se payant au prix fort.

À travers les petites fenêtres blindées du transporteur, Chloé observait les combats acharnés. Les éclats d'obus illuminaient le ciel de flashes éphémères, tandis que les tirs de mitrailleuses et les explosions résonnaient autour d’eux. Les heures passèrent dans une frénésie de feu et de sang, chaque avancée se faisant mètre par mètre, rue par rue. Le bruit assourdissant des hélicoptères Apache et des chars Leclerc remplissait l’air, s’ajoutant au tumulte de la bataille.

Enfin, la silhouette imposante du Kremlin apparut à l'horizon, ses murs massifs se dressant encore, malgré l'assaut incessant. Mais avant que le convoi ne puisse avancer davantage, un impact violent secoua le transporteur où se trouvait Chloé. Le véhicule fut projeté sur le côté, et sans réfléchir, elle se précipita à l’extérieur, se jetant derrière un bâtiment pour se mettre à l’abri.

La bataille semblait s'intensifier, mais soudain, un bruit sourd et profond, suivi d'une explosion gigantesque, fit trembler le sol. Les tours du Kremlin s’écroulèrent dans un grondement terrifiant, s’effondrant sur elles-mêmes dans une nuée de poussière et de débris. Chloé, terrifiée, assista à la scène, son souffle coupé, son esprit incapable de comprendre immédiatement ce qui venait de se produire.

Un silence lourd s’abattit sur la ville, un silence presque surnaturel après le vacarme des combats. Les minutes s’égrenèrent, interminables, avant que la poussière ne retombe et que les rues ne commencent à se remplir de silhouettes humaines. Des soldats alliés, arborant des uniformes français, tchèques et polonais, émergeaient des ruines, accompagnés de civils hagards, qui semblaient à peine croire à ce qu’ils voyaient.

Chloé se redressa, toujours hébétée, et chercha des yeux le colonel Lefèvre. Elle le trouva debout parmi un groupe de ses hommes, donnant des ordres tout en scrutant les décombres du Kremlin. Rassemblant son courage, elle se fraya un chemin jusqu’à lui.

— Colonel ! Que s’est-il passé ? demanda-t-elle, sa voix tremblante.

Lefèvre la regarda, le visage sombre.

— Ce sont des missiles russes qui ont frappé le Kremlin, répondit-il avec un mélange de gravité et de soulagement. Apparemment, les soldats russes n'ont pas aimé l'idée d'une guerre nucléaire. Quelqu'un, là-dedans, a pris la décision de bombarder le président stupide à sa place, avec des roquettes conventionnelles.

Chloé, incapable de répondre, resta silencieuse, le regard fixé sur les ruines du Kremlin. Les implications de cet acte étaient immenses. La chute de Vladimir Vladimirovitch marquait peut-être la fin d'une ère, mais à quel prix ? Le silence de Moscou était brisé uniquement par les cris et les pleurs des survivants, le crépitement des radios militaires et le bourdonnement lointain des hélicoptères.

Pour Chloé, la guerre était loin d'être terminée, mais en ce moment précis, elle savait que l'histoire venait de prendre un tournant décisif.

Opération KrtekOù les histoires vivent. Découvrez maintenant