La Base de Mogilev

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Le vrombissement des pales d’hélicoptère se fit de plus en plus fort à mesure que l'appareil, un Caracal H225M de l'armée de l'air française, descendait en spirale vers la base militaire de Mogilev, en Biélorussie. La neige soulevée par le souffle des rotors créait une tempête artificielle autour de l'hélicoptère alors qu’il touchait doucement le sol. Le bruit assourdissant résonnait contre les bâtiments préfabriqués et les conteneurs alignés en rangs serrés, marquant la présence française sur ce territoire étranger.

À l’intérieur de l’hélicoptère, Chloè Morel, flanquée de son équipe de télévision, ajustait son manteau avant de descendre. Dès qu'elle posa pied sur le tarmac glacé, elle fut accueillie par le colonel Édouard Lefèvre, un homme de stature imposante, le visage marqué par les campagnes militaires et l’autorité naturelle des vétérans de guerre. Derrière lui, une poignée de soldats en uniforme, fusils en bandoulière, observaient silencieusement l’arrivée de la délégation.

— Mademoiselle Morel, bienvenue à Mogilev, déclara Lefèvre, sa voix portant au-dessus du bruit des rotors. J'espère que le vol a été agréable.

— Autant que possible, colonel. Merci pour votre accueil, répondit Chloè en serrant la main de l'officier.

Sans perdre de temps, Lefèvre les invita à le suivre à travers la base. Le chemin serpentait entre des installations militaires rudimentaires mais fonctionnelles : des tentes chauffées, des véhicules blindés prêts à partir, et des soldats en pleine manœuvre. Le colonel fit un signe à ses hommes de la sécurité, leur demandant de montrer à Chloè et son équipe leurs quartiers pour la nuit.

— Nos installations sont modestes, mais vous y trouverez tout le nécessaire, assura Lefèvre en ouvrant la porte d'un conteneur aménagé en dortoir.

Chloè et ses collègues acquiescèrent en silence, appréciant les efforts faits pour leur confort. Après avoir laissé leurs affaires, ils suivirent Lefèvre jusqu’à son propre conteneur, transformé en bureau opérationnel. Le commandant les invita à s'asseoir autour d'une petite table pliante, sur des chaises de camping.

— Colonel, serait-il possible de vous interviewer pour Paris 24 ? demanda Chloè alors que son équipe préparait la caméra.

Lefèvre hocha la tête avec un sourire calme.

— C'est pour cela que je vous ai invité à rester dans notre camp. Nous avons beaucoup à dire.

L’équipe installa rapidement l’équipement. Chloè s’assit en face de Lefèvre, vérifiant une dernière fois ses notes avant de faire signe au cameraman d’enclencher l’enregistrement.

— Colonel Lefèvre, commença-t-elle, pouvez-vous expliquer à nos téléspectateurs comment votre unité, le 1er Régiment de Dragons, s'est retrouvée ici, en Biélorussie ?

Le colonel fixa un instant la caméra avant de répondre d’une voix mesurée.

— Suite à la décision de l'OTAN d'intervenir en Russie, il a été crucial de sécuriser des bases avancées. Le Belarus s’est révélé stratégique pour cela. Le dictateur biélorusse, sentant le vent tourner, a trahi le président russe en acceptant la présence des troupes de l'OTAN sur son territoire. En un temps record, l'armée biélorusse a désarmé les troupes russes stationnées ici. C’est ainsi que le Belarus est devenu la principale plateforme de notre intervention.

Chloè l’écoutait attentivement, hochant la tête de temps à autre pour l'encourager à poursuivre.

— L’OTAN progresse maintenant sur le territoire russe, continua Lefèvre. Les forces se rendent en masse, mais les principaux foyers de résistance sont concentrés autour des QG du FSB. Nous avons affaire à des fanatiques, prêts à sacrifier leur propre peuple pour échapper à la justice.

Chloè saisit l'occasion pour aborder un sujet brûlant.

— Il y a des rumeurs concernant des émeutes à Moscou. Pouvez-vous les confirmer ?

Le colonel inspira profondément avant de répondre.

— Oui, des grèves massives ont éclaté à Moscou, mais selon mes informations, les manifestants n’ont pas encore réussi à pénétrer le Kremlin. Le dirigeant russe reste barricadé, protégé par ses dernières lignes de défense.

— Et la menace nucléaire, est-elle toujours d'actualité ? demanda Chloè, ses yeux rivés sur le colonel.

Lefèvre prit un moment avant de répondre.

— Cette menace ne peut jamais être écartée. Cependant, les récents événements ont montré que l’arsenal nucléaire russe est peut-être en moins bon état que nous le pensions. Mais nous devons rester vigilants. Une seule erreur pourrait tout changer.

Chloè remercia le colonel pour cette interview franche et instructive. L’équipe se prépara à éteindre la caméra, mais avant de partir, Chloè posa une dernière question, hors champ, presque à voix basse :

— Colonel, avez-vous des nouvelles des troupes tchèques impliquées dans l’intervention ?

Lefèvre esquissa un léger sourire.

— Les forces tchèques, ainsi que les Polonais, sont actuellement les plus avancées vers l’est. Étonnamment, elles n’enregistrent pas de grandes pertes. Il semble que la situation évolue favorablement pour eux.

Chloè hocha la tête, réfléchissant à ces informations. Elle remercia une dernière fois Lefèvre avant de se lever. L'équipe suivit, prête à explorer le camp et à capturer des images de cette base, devenue un point névralgique de l'intervention militaire en Russie.

Alors qu'ils sortaient du conteneur, un vent glacial souffla sur la base, comme pour rappeler à tous que, dans cette guerre imprévisible, le danger n'était jamais bien loin.

Opération KrtekOù les histoires vivent. Découvrez maintenant