CHAPITRE 2

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Sept


Un coup de feu retentit. Un deuxième. Puis, un troisième. Très vite, je les enchaîne. Quand ma cartouche est vide et qu'un clic résonne dans le vide, je la recharge.

⸻ Du calme mec, elle va revenir.

Alors que je tiens mon arme, bras tendu vers le pompom du bonnet de père Noël accroché à la branche de l'arbre, je ferme un œil et attends que ma main se stabilise pour tirer.

⸻ De quoi tu parles ?

⸻ De Lana... murmure la voix de cet imbécile, bien plus près de mon oreille que je le croyais.

Je tique. Puis en moins d'une demi seconde, je pivote et plaque le bout métallique et froid de mon pistolet sur la tempe de Dario, le bras droit du grand patron.

⸻ J'en ai rien à foutre de Lana, énoncé-je en écrasant un peu plus l'arme contre sa face de con. Ta sœur me sert juste à me vider les couilles. Si elle est fâchée, c'est pas mon problème. Si elle pleure, c'est pas mon problème. Si elle a mal et qu'elle n'arrive plus à marcher quand elle sort de chez moi, c'est pas mon putain de problème.

Son sourire retombe aussitôt et un affrontement silencieux se joue à présent. Sauf que les gémissements et les sanglots de l'autre commencent sérieusement à me les briser.

⸻ La ferme ! crions-nous à l'unisson.

Nos têtes virent en direction du pauvre type sous le bonnet de père Noël, ligoté autour de l'arbre. J'ai peut-être un peu exagéré pour le mettre en rogne, mais c'est la vérité – sa sœur n'est qu'un passe temps. Elle le sait, je le sais et tout le monde y trouve son compte. Il n'y a que Dario qui continue de croire que sa sainte Lana et moi allons nous marier et fonder une belle famille. Au sein du cartel le plus redouté d'Amérique. Quel crétin... A part du cul, il n'y a pas l'ombre d'une relation entre nous et ce, depuis le premier jour où j'ai mis les pieds dans leur rang et qu'elle m'a sauté au cou.

⸻ S'i... S'i...S'il vous plaît... S'il...

J'inspire profondément. Sans quitter Dario des yeux, ma main braque l'arme sur le type et mon doigt appuie sur la détente. Le coup de feu résonne entre les arbres et le bras droit du patron jette un œil au lutin du père Noël. Un sourire étire la commissure de ses lèvres.

⸻ Enfoiré, crache-t-il. Tu l'as loupé.

Il fait quelques pas en arrière et s'en va. Mes yeux se posent à leur tour sur le type et je constate que j'ai tiré pile où je le voulais – à quelques centimètres de son œil gauche. Mes lèvres s'étirent.

Je plante la cible là, et retourne au café Black Wolf, cette station essence que nous avons reprit pour en faire notre repaire. L'ancien a été découvert parce qu'une taupe infiltrait nos troupes. Quand le FBI a débarquer pour tenter de démanteler notre cartel, certains des nôtres y ont laissés leur peau et le hangar a été brûlé. Après notre départ, il n'a fallu que quelques jours pour que nous trouvions la mouche à merde qui s'est posée sur nous. Le soir même, sa famille a retrouvé ses restes devant leur porte. Un généreux cadeau, signé les Black Wolf.

Quand je pousse les portes, l'air est chargé en alcool fort et transpiration. Je me dirige directement vers le comptoir du bar où Tommaso remplit généreusement les ventres assoiffés des loups.

⸻ Le grand Sept en personne nous fait l'honneur de sa présence ! lance-t-il, dès qu'il m'aperçoit.

Les hommes et quelques femmes de notre gang, affluent de toute part. Et même si le café est encore ouvert au grand public, personne ne s'aventure ici. Aucun humain normalement constitué et sain d'esprit n'a envie de se frotter à nous. Il faut dire que depuis quelques mois, les tensions montent en flèche dans la région – les épisodes de fusillades entre le FBI et nous ne cessent d'accroître. C'est déjà la deuxième taupe, en mois de neuf mois. Et j'imagine que les gens ont mieux à faire que de risquer leur vie bêtement. Sauf quelques idiotes, naïves et complètement maso, qui idolâtrent les méchants et aiment quand ça fait mal.

RIDE OR DIE  - -  2 chapitres par semaine ✨Où les histoires vivent. Découvrez maintenant