CHAPITRE 6

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Jupiter


Face au petit miroir de l'entrée, je coince ma tresse entre mes dents et saisis le petit élastique posé sur le buffet en marbre. J'ai toujours aimé ce buffet. Et j'ai toujours soumis à mes parents, l'idée de me l'offrir quand je quitterai la maison. Ce à quoi ils ont toujours répondu « non ». Mais pour Jupiter Moore, comme pour les hommes, « non » veut dire « oui » dans une autre langue, alors je ne perds pas espoir.

Je termine d'attacher le bout de ma tresse, quand la sonnerie d'entrée retentit, propulsant mon cœur dans une petite embardée. Je croyaisque je m'en fichais, mais c'était faux. Et après deux années sans aucune relation que ce soit avec un garçon, j'angoisse légèrement à l'idée de me retrouver en tête à tête avec Adrian. Même sinous ne serons pas seuls. Ce n'est pas le concept même du date qui m'inquiète, c'est tout ce qu'il y a autour – apprendre à le connaître, ne pas montrer mon ennuie, m'intéresser à lui, lui parler de moi et de ma vie...

Je ne sais pas si je suis prête à me donner à ce point. En vérité, je ne suis même pas sûr d'en avoir envie.

J'observe mon reflet et plisse mes yeux chocolat pour me convaincre que ça va le faire. Puis, j'aspire tout l'air de la maison dans mes poumons avant de tendre une main vers la porte. Alors que mes doigts se rapprochent de la poignée, la grande main de mon père l'attrape avant moi. Seigneur...

⸻ Papa...grogné-je, dents serrés.

Un sourire crispé se dessine sur mes lèvres tandis qu'il ouvre la porte. Les yeux d'Adrian vacillent entre mon père et moi.

⸻ Salut, lance-t-il en m'offrant son charmant sourire. Bonjour monsieur.

Il tend une main confiante vers mon père qui la lorgne un moment. Sa main à lui se rapproche doucement de son pantalon. Oh non, pas le coup du faux flic, par pitié !

Et mes craintes se confirment quand il remue ses doigts comme si il s'apprêtait à dégainer une arme.

Je me pince l'arrête du nez et déclare :

⸻ Aller papa, j'ai plus quinze ans. Sers sa main avant qu'il n'ait une crampe.

J'ose un regard gêné à Adrian et je constate qu'il contient son hilarité. Mais son petit sourire en coin ne trompe pas : cette situation des plus embarrassantes, l'amuse.

Après quelques secondes à le toiser les yeux plissés, il finit par serré sa main. Je soupire.

J'attrape les deux casques posés et Adrian en saisit un. Puis j'agrippe son bras et le traîne en bas des marches.

⸻ A ce soir ! lancé-je à mon père en espérant que celui-ci va se décider à retourner à l'intérieur.

⸻ Tu l'as ramène à quelle heure ? le questionne-t-il quand nous arrivons près de la porte de garage.

Mes yeux roulent sur eux-mêmes. Adrian hésite, mais je le coupe avant qu'il parle.

⸻ Papa... C'est moi qui le ramène, annoncé-je en secouant la clé de ma moto, à mon indexe.

Adrian pouffe tandis que mon père se frotte la tête.

⸻ Oui, c'est vrai... Mais tu sais de mon époque... commence-t-il.

Et je préfère le couper avant qu'il ne parte pour un monologue de quarante cinq minutes.

⸻ Ton époque est révolue. Ravie de constater que certains de ton espèce sont encore en vie. A ce soir, je t'aime !

Cette fois, le garçon qui m'accompagne éclate de rire. Je le tire à l'intérieur du garage et expire.

⸻ Désolée, mon père est... mon père.

RIDE OR DIE  - -  2 chapitres par semaine ✨Où les histoires vivent. Découvrez maintenant