CHAPITRE 5

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Sept


J'observe une~dernière fois mon reflet dans lequel mon visage se répercute à travers la vitre d'une voiture stationnée, devant la maison de ma mère. Je pourrais dire qu'il s'agit aussi de la mienne, cependant après plus d'un an d'absences quotidiennes de jour comme de nuit, ce serait hypocrite. J'ai quitté le nid familial contre mon gré, mais c'était la meilleure décision pour elles comme pour moi. Parce que mon but aujourd'hui, est de les protéger. Les préserver de mon monde. Les maintenir en vie...

Je plonge dans mes iris bleus et passe une main dans mes cheveux pour laisser retomber quelques boucles sur mon front, afin qu'elles dissimulent un peu ma cicatrice. C'est pas que j'en ai quelque chose à foutre, mais je sais que ma mère s'est toujours questionné à son sujet et à chaque fois, j'ai caché la raison de sa présence sur mon visage. Pour l'épargner.

Pourtant elle est là. Même sans la voir, je la sens. Elle s'est encrée sur ma peau, comme pour me rappeler sans cesse ce que j'ai traversé. Pour que je n'oublie pas. Cette plaie béante, aujourd'hui refermée, qui a marquer un tournant décisif dans ma vie. Car c'est ce qui m'a fait. Celui que je suis devenu. Sept.

L'air est chaud ce matin. Une légère brise vient chatouiller mes cheveux et les dégagent de mon visage. Les oiseaux chantent et le soleil cajole ma peau de sa chaleur, contrastant, ou pas, avec ce sentiment perpétuel qui me guide chaque jour. Le seul que je ressens. La rage.

Soudain, un bruit sourd fait écho sur ma droite. Devant la porte d'entrée, je jette un œil au voisinage. Henry, le voisin infidèle, jette sa poubelle dans la grande benne verte. Quand il m'aperçoit, un sourire étire ses traits. Il lève une main pour me saluer.

⸻ Ça fait un bail !

Ce connard s'avance, sauf que le regard que je lui lance le stoppe net dans sa lancée. Quand je vois que son pied frôle la pelouse de notre jardin, je tique. Mes poings se serrent.

⸻ Fais un pas de plus et j'explose ton crâne, le prévins-je calmement.

Un rire nerveux s'échappe de ses lèvres.

⸻ Q... Quoi ?

⸻ C'est pourtant clair.

Alors que j'amorce un pas dans sa direction, la porte d'entrée s'ouvre à la volée. J'inspire brusquement.

⸻ MAMAN ! crie ma petite sœur en se jetant contre ma jambe.

Sans le quitter des yeux, mes bras l'enveloppent et je la sers tout contre moi.

⸻ T'es là ! T'es venu !

Constatant qu'il ne bouge pas et qu'il me fixe gueule ouverte, mes yeux glissent sur son pied dont le bout de sa chaussure dépasse toujours de notre côté. Mes yeux se plissent et je penche la tête sur le côté.

Quand il suit la direction qu'ont pris mes iris et qu'il pose son regard sur sa chaussure, il déglutit, puis retire son pied. Un sourire moqueur se dessine sur mes lèvres tandis que j'embarque ma petite sœur à l'intérieur.

⸻ Aller, entrons.

L'odeur familière de la meringue italienne tout juste sortie du four emplit d'emblée mon odorat et mon appétit naissant. Le bruit des chaussures à talons qui claquent sur le carrelage retentissent et se rapprochent. Quand ma mère apparaît dans le petit corridor de la maison, son regard s'illumine. Elle balaye ses longues boucles noires similaires aux miennes du revers de sa main gantée et ouvre grands les bras.

Arrivée à ma hauteur, ma petite sœur s'écarte pour laisser de la place à ma mère, et revient pour un câlin collectif.

⸻ Mi sei mancato* Izano... Mon fiston est rentré à la maison.

RIDE OR DIE  - -  2 chapitres par semaine ✨Où les histoires vivent. Découvrez maintenant