Jupiter
Mes oreilles sont à l'écoute du moindre bruit, du moindre grincement. Pour la centième fois, mes yeux parcourent la salle dans laquelle je me trouve. Des murs recouverts de mousses acoustiques d'isolation, le genre qu'on peut apercevoir dans les studios d'enregistrements. Sauf que je suis dans tout, sauf dans un studio d'enregistrement.
La pièce est éclairée par une vieille ampoule suspendue qui grésille et me prive de sa lumière de temps à autre. Mais ça ne m'empêche pas d'avoir le cœur qui martèle mes tempes et me file la migraine sous la panique dès que mon regard se pose sur ces établis remplient à craquer d'objets en tout genre – marteaux de différentes tailles, sécateurs, scies, lames tranchantes, flingues...
Pas besoin d'être Einstein pour imaginer ce qu'il peut se passer ici. Surtout quand mes yeux jaugent de vieilles traces de sang séchées qui recouvrent le béton souillé par endroit. Un sentiment de nausée m'accapare, j'ai envie de vomir mes tripes. Un premier haut-le-cœur me secoue. Je relève le visage, puis inspire et expire lentement pour tenter de reprendre la main sur mon envie de rendre le smoothie que je n'ai jamais pris.
Mais l'odeur de transpiration et de renfermé qui émanent de la pièce me donne le tournis et ne fait qu'accroître ce sentiment de malaise qui me scille en deux. Sans mauvais jeu de mot...
Ma lèvre inférieur tremblote. Mon corps entier est soudain si faible que mes jambes flageolent et peine à me maintenir debout. D'autant plus que la corde qui retient mes mains attachées dans mon dos, autour de cette grosse poutre en béton au milieu de la pièce, m'entaille la peau et sert beaucoup trop fort. Mes mains sont engourdis et ma peau brûle avec le frottement de la corde qui doit certainement daté, à sa manière d'écorcher ma peau de tous ses épis. Je tente de bouger un peu les doigts pour désengourdir mes mains, sauf que je n'y parviens pas.
Enfermée dans cette pièce, seule avec mes pensées, ma gorge se noue. Je les entends arriver, c'était inévitable. Inconcevable pour eux que je garde la tête hors de l'eau dans une situation pareille. Mes petits démons, mes traumas. Ceux qui me rappellent sans cesse par quoi je suis passée, pour ne pas que j'oublie. Si la vie devient trop belle, ils reviennent pour me montrer que tout a un prix. Et ces dernières années de répits ont un prix. Celui de ma liberté. Le prix d'une vie... Celle d'Adrian et peut-être la mienne, qui sait ?
Une larme solitaire roule sur ma joue. Mes paupières s'abaissent pour en ressentir la moindre caresse. Parce que là tout de suite, c'est la seule chose à laquelle je me raccroche. Je la sens glisser au coin de mes lèvres et venir s'échouer sous ma mâchoire. Pour ne pas m'effondrer maintenant, je dois m'encrer au présent. Je dois essayer de...
Mes pensées se dissipent aussitôt que la poignée de la porte tourne. Le clic résonne dans le calme étouffant de l'endroit. Puis la porte s'ouvre, sur lui. Sept, Izano ou peu importe qui il est vraiment. Le silence est d'autant plus pesant à présent que ses yeux couleur de l'océan m'inondent de la tête aux pieds. Il pénètre dans la pièce et repousse la porte derrière lui, sans la fermer complètement. Ses yeux s'arriment aux miens. Durant quelques secondes, ni lui ni moi ne parlons. Seul le bruit de ma respiration suffocante sature l'air.
Ma peau devient moite, une fine couche de sueur la recouvre. Il détourne le regard le premier, le portant sur la pièce. Le mien descend le long de son bras pour venir s'échouer sur l'arme qui pend au bout de sa main. Je déglutis.
⸻ Je... Je sais que... Que tu mens...
En quelques enjambées, il arrive face à moi et me détaille d'abord. Il penche la tête sur le côté pour voir où mes mains sont attachées, puis de nouveau nos iris se percutent.
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RIDE OR DIE - - 2 chapitres par semaine ✨
RomancePour Jupiter, la moto et les livres sont toute sa vie. Quand un beau jour elle s'en va seule en road trip, elle croise la route d'Izano. Leur entente est immédiate, légère et le bel Izano ne va pas laisser indifférente celle qui ne veut pas entendre...