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Chapitre trente et un : Interview, De détenus à artiste ? sérieusement ?

Aujourd'hui, je me vêtis, d'une jupe cintrée, beige à carreaux, et d'une chemise blanche, avec comme coiffure, un chignon. Je passe à la télé, alors autant être présentable non ? surtout au vu de l'annonce qu'ils comptent faire, on est où ? pourquoi j'y vais ? parce que, c'est le moment de prouver, d'agir, de faire. Je suis là, pour briller, pour exister, pour vivre, alors j'y vais, parce que je suis forte, j'y vais parce que j'ai besoin de parler. D'aider, parce que quelque part dans le monde, je me dis que ma mère n'est pas la seule à avoir subi ça, et je ne suis pas la seule à avoir commis ça. Et être tombé pour ça aussi, alors je le fais pour elles, pour qu'elles ne se sentent plus seules, parce que l'esprit féminin, c'est s'aider, se porter, et briller ensemble. Je veux aider, ce qui en ont réellement besoin, alors je pousse la porte, me laisse me faire maquiller, me laisse me mettre un micro cravate. Et je m'installe sur ce canapé en velours marron, devant cette présentatrice fine, rousse aux regards faussement aguicheur, et faux. Elle fait les présentations, son spitch, pour son journal, puis en vient aux questions :

il parait que vous êtes entré en prison pour meurtre ? mais que votre séjour a été écourté, par un bon comportement ? fait-elle.

Oui, il est vrai, j'ai tué mon ex beau-père, parce qu'il violait et levait la main, sur ma mère. Mais, j'ai eu un bon comportement, parce que cet acte de légitime défense, ne fait pas de moi une criminelle.

Avez-vous entretenu une relation sexuelle avec un détenu ou un gardien ? des rumeurs circulent, et d'autres ont fait polémique par le passé, fait-elle.

Non mentais-je,

Avez-vous rencontré votre amant en prison ? Où êtes-vous célibataire ? Où rencontrer quelqu'un autre part ? demande-elle.

C'est une question personnelle ça, je ne pourrais pas y répondre, dis-je en pouffant de rire. Je voulais préserver Aswer, je sais comment les caméras peuvent être, et je ne veux pas que cela l'affecte, alors je ne réponds pas plus que ça.

 Comment êtes-vous devenu l'artiste que vous êtes ? demande-elle,

Un beau jour en prison, je m'ennuyais, alors je me suis dit, et pourquoi pas essayer de peindre ? Et puis, je suis tombée amoureuse, de cet art. Et j'avais un talent, alors j'ai fait des formations, des écoles dans des galeries d'art, et me voilà désormais, aux ventes aux enchères, et peut-être bientôt, des clients, pour qui je pourrais peindre ?

La prison vous a aidé dans votre voix alors ? fait-elle,

Oui, on peut dire ça, elle m'a surtout appris, que la légitime défense, n'existe pas, que si on te viole, te bat, c'est ok, et je suis contre tout ça, c'est pourquoi je veux ouvrir une association, pour toutes ces personnes-là. Ces personnes qui sont victimes, et qui subissent, parce que la justice ne fait rien, parce que la justice est sexiste, parce que la justice, ne fait pas payer la bonne peine. Je veux également, que ces personnes puissent savoir se défendre, je veux créer un club de self-défense, gratuitement.

Pour vous, quelle est la bonne peine demande-elle,

Pour le viol ? la peine à vie, à défaut qu'elle soit à mort, dans d'atroces souffrances. Pour ce qui est de lever la main sur autrui ? je dirais la peine à vie,

Ouah, tant que ça ? elle demande.

Est-ce que vous savez ce que le viol, et la violence conjugale, je demande ?

Non, mais peut-être que vous, vous savez fait-elle.

Oui, en effet, je le sais, elle change une vie. Elle crée des traumatismes, des peurs, des craintes pour tout et pour rien, et vous croyez que de vivre ainsi c'est normal ? eh bien, je vais vous dire, non ça ne l'est pas. Et non, un psy, ou des anti-dépresseurs, ne feront pas le boulot, pour oublier, même pas un traumatisme crânien, qui fait perdre toute connaissance, ne serait assez puissant. être une femme, c'est dangereux, pour nous, on ne devrait pas sortir dans la rue, et avoir peur, on ne devrait pas se dire, et si je m'habille comme ça, il se passera quoi ? ça craint ? c'est osé ? c'est trop ? La vraie vie, c'est de vivre, pour ce qu'on est et veut réellement, mais la société, dans laquelle on est, nous empêche de faire cela, nous devons entrer dans le moule de force. Parce que sinon, le viol sera justifié, parce qu'elle portait une jupe, ou il a donné la main à un autre homme, oh non ça craint. Sauf, que comment casser les codes, avec cette société de merde ? vous le savez-vous, je demande.

Non... Non je ne sais pas fait-elle,

Eh bien moi non plus, moi non plus, je ne sais pas comment on peut faire pour vivre normalement et heureux, à part en invitant le monde à se faire foutre, et en cassant les codes. Alors, quand vous me parlez de peine, et que vous me dites tant que ça, j'aimerais vous répondre, que même ça, ce n'est pas assez, pour tout ce que les femmes et hommes ont subi. Et quand je parle d'homme, je parle, de ceux qui sont victimes de viol, d'homophobie, de sexisme, de violence, et j'en passe... Parce que les seuls qui ne sont pas des hommes, sont les violeurs, ceux qui blessent, moralement, psychologiquement, et physiquement. Ils ont uniquement, une paire de couilles, qui sert de décoration, et font eux des " hommes " dis-je en mimant des guillemets.