Lettre n•6

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Mme Marie Dubois
7 rue des Lilas
Reims

Le 6 décembre 1914

M. Charles Duval
à la 10ème compagnie du 90 ème territorial
à Magnac laval
Haute Vienne

Mon tendre soldat,

Je n'ai point les mots pour décrire la sensation de mon cœur qui se brise en lisant cette histoire que vous m'avez écrit. C'est un récit si tragique, si poignant, si réel. Je n'arrive pas à croire que cela soit arrivé, je n'arrive pas à croire que de telles choses peuvent avoir lieu sans que nous sommes au courant. Je ne peux m'imaginer de telles horreurs, j'ai du mal à y croire mais j'ai confiance en vos paroles mon cher Charles. Je vous crois, je vous croirais toujours. Je suis terriblement désolée d'apprendre que toutes ces choses terribles vous tracassent jour comme nuit. Je ferai ce tableau pour vous aider à avancer. Je peindrai pour vous comme vous vous battez pour nous. Je donnerais vie à votre imagination. Le paysage que vous m'avez décrit avec vos phrases est tout simplement magnifique. Je n'ai qu'une envie, c'est de m'allonger dans ce champ de blé et d'apprécier la caresse des rayons du soleil sur ma peau blanche. C'est un désir d'une forte puissance, d'une envie irrésistible. Cela me fait penser à notre rendez-vous, une fois que vous m'aviez invité, j'étais tellement angoissée. Je ne savais pas comment m'y prendre, vous êtes le premier et le seul homme à m'avoir invité quelque part. C'était une première pour moi. Je ne savais ni comment me vêtir, ni comment me coiffer, ni comment me maquiller. Je suis restée de longues minutes allongé sur mon lit à contempler le plafond vide de réponse. Je ne prenais même pas le temps de trouver des solutions à mes questions, je ne réfléchissais plus. J'imaginais notre rendez-vous dans ma tête, je m'imaginais près de vous en train de rire à l'une de vos blague. C'était une image si douce et si réel, je m'étais tellement laissée échapper dans cette bulle que je n'ai pas vu le temps s'écouler. C'est une fois que j'eu arrêter de rêvasser que j'eu réalisé qu'il ne me restait plus beaucoup de temps. Je me suis alors précipité hors de ma chambre pour aller demander conseil à ma grand-mère. C'est elle qui m'a aidé à trouvé la tenue parfaite. Puis, elle m'a maquillé ainsi que coiffer. C'est grâce à elle si j'ai été si élégante et belle ce jour-là. Et c'est là que vous êtes arrivé, si bien habillé et accompagné d'un magnifique bouquet. C'était le deuxième que vous m'offriez. Vous étiez est parfait gentleman. J'ai saisi votre bras et je m'y suis accrocher pour vous laisser me guider en direction du restaurant. Nous avons discuter de tout et de rien durant notre balade. J'en ai appris plus sur vous et vous sur moi. J'aime tellement nos balades que je crois même que je les adore. Le restaurant était un endroit magnifique et délicat, les gens y étaient d'une humeur festive et chaleureuse. De magnifique chandeliers pendaient aux plafonds tandis que la lueur des bougies éclairaient le visage des amoureux. Je crois bien que je n'ai jamais aussi bien mangé qu'à cet endroit. La nourriture était un pur délice. Je me rappelle du moment où votre main s'est glissé sur la mienne durant le repas, vos doigts glissant contre le mien, s'entrelacent. Mon ventre s'est serré d'une sensation peu familière que vous seul réussissez à me faire ressentir. C'est à alors que vous m'avez invité à danser. Je crois bien que ce fut le meilleur moment de la soirée, le plus mémorable à mes yeux. Vous m'avez fait valser pendant de longues et agréables heures. Je riais à gorge déployée lorsque vous me faisiez tournoyer. Vos mains sur mes hanches me guidant à travers tous les pas. Cela faisait un long moment que je n'avais ressenti autant de joie. C'est grâce à vous que j'ai commencé à aller mieux, à affronter le deuil de mes parents. Je vous aime tellement Charles, vous m'avez sauver sans le savoir. Sans vous je serais en train de survivre alors qu'avec vous je vis. Je crois que si nous nous n'étions pas rencontrer, je serais encore en train de dessiner sur mon banc. Je serais en train de faner comme une vieille fleur. L'art me permet de m'échapper telle une bénédiction mais également une malédictions. J'ai réussi à m'enfuir de la réalité avec la peinture ou encore le dessin cependant j'ai perdu la notion de la réalité. Je ne parlais plus avec les gens, je ne regardais plus autour de moi à la recherche de personnes avec qui discuter seulement à la recherche d'un modèle. Je vous remercie d'avoir été la personne sur qui j'ai pu m'appuyer sans que vous ne le réalisiez.
Je vous envoie l'écharpe et les gants que je t'ai tricotés avec cette lettre. J'espère qu'ils vous seront utiles et que vous les aimerez. Je les ai parfumé de mon parfum pour qu'une partie de moi se trouve près de vous.

Merci encore de m'avoir sauvé,
Votre Marie qui attend votre retour.

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