Chapitre 6

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C'est insupportable d'entendre les gouttes d'eau tomber. Ploc. Ploc. Ploc. Avec mes mains sur mes oreilles, je fais tout mon possible pour trouver le sommeil mais en vain. Il est évident que je ne dormirai pas, énervé je me redresse pour venir m'asseoir.

Depuis notre entrevue avec Campé, la souveraine de ce royaume infâme, je suis légèrement irritée. Ma peau reste douloureuse lorsque je la touche, et j'ai toujours la sensation de sentir les crochets de ce serpent dans mon corps.

À notre retour de la chapelle, qui je le confirme n'est pas du tout biblique, Cassien s'est immédiatement dirigé vers moi, inquiet de mon état. Pour quelqu'un que je ne connais pas, il semble se préoccuper un peu trop de ma personne. D'autant plus que j'ai bien retenu la leçon : ne pas compter sur lui pour obtenir des réponses. Ce type est aussi silencieux qu'une tombe.

Je ne suis pas naïve, et je comprends parfaitement qu'il a délibérément choisi de se taire pour éviter de susciter des soupçons. Des doutes qui, je le pressens, sont déjà solidement ancrés dans l'esprit de Campé. Si jamais il avait cédé lors de cet interrogatoire, qui sait ce qui se serait passé par la suite ? Au fond de moi, je suis convaincue qu'il détient probablement les réponses aux questions qui me tourmentent. Mais pour l'instant, je préfère rester dans l'ignorance. Je préfère garder la boîte de Pandore que je suis, fermée à double tour. Et puis, la somme d'argent que mon frère lui a présentée pour me sortir d'ici en toute sécurité doit être sacrément élevée.

Quoi qu'il en soit, cela n'a pas d'importance pour moi, je souhaite simplement rentrer chez moi et retrouver ma vie d'avant, si tenter que je puisse un jour la récupérer.

— Tu ne dors pas ? la voix de Cassien me surprend.

Près du feu qui s'est éteint et dont il ne reste que les braises rougeoyantes, je me décide à le rejoindre.

— Il faut croire que non.

Je tends mes mains au-dessus des braises encore chaudes. Un souvenir me revient en mémoire, celui des samedis soir d'été où nous avions l'habitude de faire griller des chamallows au feu de bois. L'odeur sucrée et caramélisée flottait dans l'air, accompagnée des rires et des jeux sans fin. Ce simple souvenir éveille un léger sourire sur mes lèvres, que Cassien doit certainement remarquer, car je sens le poids de son regard posé sur moi.

Toutes ces années de bonheur semblent maintenant lointaines. Aujourd'hui, je me retrouve sans parents, avec un frère disparu depuis des mois, enfermée dans une cellule, sans personne sur qui compter.

Après toutes les épreuves que j'ai traversées, je ne peux accorder ma confiance à personne, y compris à Cassien. Il est facile d'obtenir ce que l'on veut en mentant, mais manipuler en se montrant attendrissant est bien plus subtil. De plus, il a été assez explicite à ce sujet : la confiance n'est pas au programme. Si je veux survivre, je dois rester constamment sur mes gardes.

— Alors comme ça, tu es du genre à assassiner des Héritiers ?

— Disons simplement que je ne réserve mes « services » qu'aux Héritiers dont la moralité est aussi sombre que les abysses. Après tout, ces aristocrates ne semblent pas accorder beaucoup de valeur à la vie, alors pourquoi devrais-je me soucier de la leur ?

— Et donc, tu es un sort de tueur à gage ?

Il rit doucement et me répond tout en maintenant son regard dans le mien :

— Non, ce que je suis est bien pire, rouquine.

J'hésite un instant à lui poser la question, mais étant donné qu'il semble ouvert à la discussion, je me dis que c'est maintenant ou jamais.

RéincarnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant