Chapitre 3

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Retour à l'hôtel, 00h30.


Les doigts agités, les mains tremblantes, je cherche la carte qui ouvrira la porte de ma chambre. Mon souffle court, oppressé par une anxiété grandissante. Soudain, un bruit dans le couloir m'interpelle : un fracas étouffé suivi de pas incertains. Une femme, visiblement ivre, progresse laborieusement le long du mur de l'hôtel. Je détourne précipitamment le visage et le regard, ne voulant en aucun cas attirer son attention. Je n'ai pas besoin qu'elle alerte qui que ce soit.

L'odeur âcre de brûlé qui imprègne mes vêtements est suffisante pour éveiller les soupçons. Je suis consciente que je pourrais être prise pour responsable de quelque chose de bien plus grave. Je me concentre sur ma tâche, ignorant les pensées qui affluent dans mon esprit.

Je sens un bord rigide sous mes doigts. Enfin. Avec un soupir de soulagement, je récupère la carte magnétique.

J'entre précipitamment dans la chambre, mes gestes empreints d'une urgence palpable, et je referme brutalement la porte derrière moi, comme si j'essayais de me barricader contre l'extérieur. Un instant, je reste figé derrière la porte, la respiration haletante.

Face au miroir de la salle de bain, l'horreur me saisit à la vue de mon visage marqué par les coups, une teinte bleutée témoignant de la violence infligée. Sans perdre de temps, je saisis une petite serviette que j'humidifie avec de l'eau froide, espérant ainsi apaiser la douleur lancinante qui irradie ma joue meurtrie. La sensation glacée contraste avec la chaleur de ma peau, et chaque contact avec l'écorchure me fait grimacer. Mes doigts tremblent légèrement, mais je m'efforce de rester concentrée.

Je me demande ce que veulent ces hommes qui m'ont attaquée et qui les a envoyés. Pourquoi moi ? Qu'est-ce qu'ils cherchent exactement ? Il doit y avoir un lien avec la lettre qu'Aren m'a envoyée. C'est la seule explication. Si ses ennuis sont liés à ces individus, alors je suis également sur la liste des personnes que leur chef recherche. Désormais, je dois être prudente. Dans quel pétrin mon frère s'est-il fourré...

Sous les draps soyeux, je m'enfonce avec un soupir de soulagement après avoir pris une douche pour me débarrasser de l'odeur de brûlé qui collait à ma peau. Dans l'obscurité feutrée de ma chambre, je ferme les yeux et les voilà, les images figées comme les corps pétrifiés lors de l'éruption de Pompéi. Leurs silhouettes immobiles restent gravées dans ma mémoire, chaque visage, chaque geste, comme si le temps s'était suspendu pour capturer leur dernière émotion. Encore des morts qui resteront gravées dans ma mémoire.

Je suis incapable de l'expliquer, mais je sens que quelque chose en moi est en train changer, d'émerger...Mais une chose est certaine : peu importe si je suis éveillé ou endormi, je n'ai aucun contrôle.

Le lendemain matin 8h30.

Le souffle de la tempête me réveille brusquement. Je tiens fermement les draps entre mes mains, dont les jointures sont devenues blanches. Ouvrant la bouche pour aspirer l'air, je me relève d'un bond trempé de sueur. Ma respiration est saccadée et me brûle la cage thoracique, me dissuadant à plusieurs reprises de reprendre mon souffle. J'essuie les larmes de mon visage d'un revers de main tout en essayant de retrouver mon calme malgré mes mains tremblantes et ma tête qui me tourne. Je tâtonne le mur à la recherche de l'interrupteur. La lumière éclaire de sa faible intensité la chambre, ou quelques recoins sont encore plongés dans le noir. Ce n'était qu'un mauvais rêve.

Une fois de plus.

Je rassemble mes longs cheveux cuivrés en une grosse poignée et les laisse retomber sur l'une de mes épaules, libérant ainsi mon cou humide. Mon sommeil est toujours agité, mais ces derniers temps, j'ai l'impression que les cauchemars deviennent omniprésents. Je n'arrive pas à chasser de mon esprit le sentiment d'impuissance et de détresse qui me colle à la peau.

RéincarnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant