Chapitre 10

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Je ne peux m'empêcher de revivre la nuit agitée qui vient de s'écouler, me laissant frissonnante, incapable de chasser les images qui hante encore mes pensées. Cette peur, que je ressens m'enlace, serpente dans mon esprit. Elle est sombre, viscérale, implacable. Je me répète que ce ne sont que des cauchemars, mais la frontière entre le réel et l'imaginaire s'amenuise. Je sais que ce que je vois n'est pas réel, et malgré mes efforts, la terreur persiste.

Ce cauchemar était bien différent des autres.

Cette fois, je l'ai sentie.

La mort.

Elle rôdait autour de moi, comme une ombre froide et implacable, prête à m'engloutir à tout moment.

Je sentais mon essence se détacher lentement de mon corps, comme si une force invisible tirait doucement sur les liens qui me retenaient à la vie. Plus je tentais de me raccrocher à cette enveloppe charnelle, plus elle m'échappait, glissant entre mes doigts comme du sable fin. C'était une sensation étrange, presque irréelle, de voir mon propre corps là, étendu devant moi, tandis que mon esprit s'élevait lentement, flottant dans un espace sans limites.

La tentation de me laisser aller, de me laisser emporter par le courant de l'oubli, était grande. Mais quelque chose en moi résistait, s'accrochait à la vie avec une force désespérée, refusant de mourir.

C'est alors qu'une sensation inattendue a émergé, m'entourant comme un bouclier protecteur. Cette vague de chaleur, tel un bras réconfortant, m'a étreint, faisant fondre l'angoisse qui me consumait. Tel un phare dans la nuit, elle a dissipé les ombres terrifiantes, me permettant de respirer à nouveau. Une chaleur soudaine dans mon dos a envahi mon être, sans provoquer ni peur ni douleur.

C'est là que je l'ai vu.

Cassien.

Le simple fait de le voir m'apaisa.

Nos regards se croisaient tels des aimants s'attirant irrésistiblement. Les secondes s'étiraient dans un silence vibrant de promesses non formulées. Chaque détail était crucial, chaque mouvement chargé de sens. Les battements de cœur résonnaient en harmonie, comme si nous partagions un rythme commun.

À ce moment-là, je sentais une connexion, comme si nos âmes avaient attendu des siècles pour se retrouver enfin. Au fond de moi, je savais que nous étions plus que des inconnus nous rencontrant par hasard. C'était la révélation de quelque chose de beaucoup plus grand, une évidence que même le temps ne pouvait effacer. Dans ses yeux, je voyais mon reflet, et je savais, sans aucun doute, que nous étions les moitiés d'un tout.

Je restai un moment à le regarder, ses yeux bleus me transperçaient de l'intérieur. Je n'avais jamais ressenti une telle chose auparavant. Chaque parcelle de son être, je la ressentais. Je percevais ses émotions, ressentant ses joies et ses peines aussi intensément que les miennes.

Puis, j'ai pu percevoir chaque détail de son environnement, comme si mes propres yeux devenaient une extension des siens, captant chaque nuance, chaque contour. Ce qui semblait d'abord être une simple vision floue s'est peu à peu précisée – une forêt enneigée, la vapeur s'échappant de nos bouches, comme si nous partagions le même espace. J'avais l'impression de pouvoir presque toucher la réalité de son monde, ressentir la texture de chaque élément qui l'entourait.

Et, une douleur a étreint ma poitrine, serrant mon cœur avec une intensité saisissante. Notre lien s'est brusquement interrompu, comme si une barrière infranchissable s'était érigée entre nous. Ce qui me ramène à mon cauchemar et me fait me demander si j'ai réellement senti la mort, ou si ce n'est qu'une illusion, comme tout le reste.

RéincarnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant