Réincarnée

Chapitre 8

Freya

La seule source de lumière provient de la faible lueur qui filtre à travers le portail derrière moi, qui se referme se dans mon dos et résonne dans la grotte, me plongeant dans une obscurité totale. Le noir est si dense que j'ai du mal à distinguer ma main devant mon visage. Le silence qui suit, est brisé uniquement par le son lointain de gouttes d'eau tombant.

Dans le noir complet, je me redresse lentement. Des douleurs lancinantes me parcourent le corps, souvenir cruel de la chute qui m'a précipité ici. Ma respiration est saccadée, hachée par l'effort et la peur qui noue mon ventre. Mes membres tremblent, épuisés et endoloris, mais je refuse de céder à la tentation de l'immobilité. Les parois de la grotte semblent vibrer à chaque pas que je fais, comme si elles répondaient à ma présence. Je prends une seconde pour m'adapter à cette nouvelle réalité, écoutant attentivement les bruits autour de moi.

Tout s'est passé tellement vite, comme un éclair dans la nuit. Le souvenir se grave dans ma mémoire tel un sceau brûlant, chaque détail comme un fragment de verre taillant mes pensées. Le dragon, sa gueule béante crachant des flammes voraces, sa chaleur dévorante brûlant mes sens jusqu'à l'engourdissement. La Montagne, Cassien, puis la douleur, cette cruelle compagne qui m'a arraché un cri de souffrance alors que je chutais, emporté par le vide béant qui s'ouvrait sous mes pieds.

Je sens sa présence avant même de le voir, une sensation lourde et pesante qui écrase l'air autour de moi, faisant frissonner ma peau. La Montagne. C'est lui, qui m'a poussée dans ce portail, me séparant ainsi brutalement de Cassien. J'ai été stupide de croire que je l'avais assommé. Et maintenant, je redoute sa compagnie, sachant que sa présence pourrait sceller mon destin de façon irréversible.

Et Cassien, que lui est-il arrivé ?

Est-il parvenu à s'échapper, à traverser le portail ? L'incertitude me ronge, la peur pour lui se mêlant à ma propre terreur alors que je tâtonne le mur humide pour avancer. Mon ouïe et mon toucher deviennent mes guides. Ma main effleure les parois rocheuses, me permettant ainsi, de m'orienter. Chaque pas est calculé, chaque mouvement est délibéré. Je fais glisser mes pieds sur le sol mes doigts serrés contre la paroi pour m'empêcher de trébucher. La peur de tomber dans une crevasse, et de me retrouver piégée sans espoir de m'échapper, me fait légèrement flipper.

Ma main glisse avec précaution le long de ma blessure à la jambe, résultat de la traversée brutale du portail. La douleur qui irradie de la plaie est insoutenable. Je sens la chaleur poisseuse du sang, la peau meurtrie sous mes doigts tremblants. Chaque toucher est comme un feu dévorant, mais je sais que je ne peux pas m'attarder sur ma blessure. L'angoisse monte, mais je m'efforce de la maîtriser, consciente que la peur peut être aussi dangereuse que n'importe quel adversaire.

Je prends une grande inspiration, tentant en vain de calmer mes nerfs frémissants. D'un pas prudent, je m'avance dans la grotte, mes sens en alerte maximale, chaque fibre de mon être tendue comme un arc prêt à se décocher. Mon esprit tourne à plein régime, une roue dentée dans une mécanique complexe, cherchant des indices pour comprendre ce qui m'entoure.

Où est passé la Montagne, ce balaise qui m'a poussée dans ce merdier ?

Le sol sous mes pieds semble soudain céder, laissant place au vide. Je pousse un cri étouffé alors que je chute, l'air sifflant autour de moi. Une fraction de seconde plus tard, je plonge dans une eau glaciale qui me prend par surprise et me fait perdre momentanément mes repères. Mes sens sont submergés par la froideur mordante de l'eau. Je lutte pour remonter à la surface, mes mouvements entravés par le froid qui engourdit mes membres.